Chapitre 4

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23h00

Avec précaution, Raph embrassa les lèvres qu'il avait si longtemps désirées sans oser les prendre. Il avait peur que Dari disparaisse, qu'il ne se réveille soudain d'un rêve qui serait bien trop douloureux. Mais c'étaient bien les boucles douces de son meilleur ami sous sa main, la peau chaude et frémissante de sa nuque. C'était bien sa bouche pulpeuse qu'il appréciait avec de plus en plus d'avidité. Le corps de Dari se pressait contre le sien, ses bras qui le retenaient contre son torse. Il l'avait si souvent fait, le garder tout contre son cœur mais jamais avec un tel enjeu entre eux.

Ils n'étaient pas partis « au fond du couloir ». Raph n'avait pas pu s'y restreindre, il ne voulait pas l'embrasser, le découvrir et l'aimer dans la chambre d'un inconnu comme deux adolescents bourrés. Il voulait prendre son temps, se sentir en confiance, il voulait se réveiller demain en tenant contre lui celui qu'il pouvait enfin faire sien. Il pouvait briser cette barrière ridicule qu'ils s'étaient si longtemps imposée par peur de leur entourage, de leur famille et du regard des autres. Il se sentait stupide de s'être restreint autant d'années alors qu'autour d'eux personne n'avait jamais rien dit malgré leur proximité criante.

Il l'embrassa, savoura la langue tiède qui caressait la sienne. Il se délectait des mains qui traçaient des cercles imparfaits sur son abdomen. Il avait rêvé, dans des nuits de solitude honteuses à ce contact bien plus qu'amical.

« Raphaëlo... »

Raph rouvrit les yeux pour plonger dans le regard de celui qui le fixait avec cette étincelle de désir qui y flamboyait. Il sentit cette boule brûlante au creux de son estomac qui faisait s'emballer ses pensées dans un chaos d'images obscènes. Dari l'appelait rarement par son prénom entier. Lui seul avait le droit, mais souvent il en faisait usage lors de leurs rares disputes. Il posa sa main sur le visage en-dessous du sien, effleura la joue.

« Dis-moi que tu es sérieux. Tu es tout ce que j'ai. Je ne veux pas te perdre demain matin.

- Nous serons ensemble pour toujours Darius. »

L'interpellé fronça son nez. Lui non plus n'appréciait pas son nom. Mais il sourit finalement et laissa son ainé de quelques jours voler à nouveau ses lèvres.

23h42

« Raph... Raphaëlo.... »

Il n'avait jamais trouvé son nom aussi érotique que prononcé par celui qu'il aimait, les jambes écartées, tenu en haleine par la seule puissance de ses doigts. Il n'avait jamais senti son cœur battre si vite qu'à l'approche de faire l'amour à quelqu'un. Il ne s'était jamais senti si gauche et en même temps, si sûr de lui. Il ne doutait pas que Dari avait eu des relations avant lui, mais ce sujet avait toujours été étrange, tabou entre eux. L'idée que quelqu'un d'autre que lui avait eu le droit à cette proximité avec lui. Il refusait d'en entendre parler. Il ne voulait pas savoir qui avait eu ce privilège, ça lui faisait mal juste d'y penser.

23h52

« Raphaëlo ! »

Il sourit. Le dos courbé, les yeux fermés, mordant sa lèvre entre ses dents, Dari était magnifique. Raph ne pouvait que l'observer, sous tous les angles, sous toutes ses coutures. Les veines de ses biceps qui tranchaient sur la pâleur de sa peau, les poils éparses sous son nombril, ses tétons de la même couleur que ses lèvres qui se rétractaient quand il les mordait, son sexe qui tressaillait alors qu'il bougeait ses doigts en lui. Il rêvait. Il ne pouvait être en lui, travaillant son intimité avec lenteur, Dari ne pouvait pas être en train de le laisser faire ça en lui, le laisser l'ouvrir, le préparer à lui faire l'amour.

Et pourtant, Dari lui saisit le poignet, le souffle court et les joues joliment colorées de rouge. Il n'eut besoin que d'un regard pour se faire comprendre par son amant qui le regardait avec une dévotion d'artiste pour sa muse. Raph se pencha, du se résoudre à se lever pour aller farfouiller dans le basard du tiroir de son bureau pour trouver un préservatif, un seul.

00h00

« Je t'aime Darius. »

Le concerné ne pouvait répondre, trop occupé à chercher sa voix entre deux soupirs de plaisir. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, se sentant comblé pour la première fois de sa vie. Raph lui avait peut-être fait sa déclaration quatre ou cinq fois depuis qu'il l'avait pénétré, avec de lents mouvements qui lui avaient arrachés des gémissements qui l'avaient fait rougir. Ses jambes repliées accueillaient Raph, le laissant aller et venir en lui, le retenant entre ses cuisses que Raph tenaient fermement. D'une main timide, Raph caressa la verge de son amant puis se senti empli d'une force nouvelle en le voyant fermer les yeux, s'agripper à ses draps. Faire l'amour n'avait jamais eu un sens si fort, les mots n'avaient jamais eu autant d'importance. Ils auraient voulu rester là pour toujours, à s'aimer tendrement sans retenue eux qui s'étaient si longtemps contenu. Désormais, ils seraient toujours ensemble.

Always together [OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant