Brisée

3. Ne m'abandonne pas maintenant

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Ève :

Voilà une semaine que les cours ont commencé. Je commence petit à petit à prendre mes marques dans ce nouveau lycée. J'ai rencontré deux filles - Agathe et Capucine - très gentilles, en sport cette semaine qui m'ont beaucoup aidé. Depuis la rentrée, aucune fille ne m'avait adressé la parole, mis à part Pénélope, et je dois avouer que c'est un soulagement de parler à des filles.

Non pas que Charles soit ennuyeux, loin de là. Il est très attentionné avec moi, et je me sens bien avec lui. Sa présence m'apaise et il est d'une très bonne compagnie. On a parlé de beaucoup de choses cette semaine, comme par exemple sa préférence pour la peinture de Picasso, et mes films de super-héros préférés. J'adore nos conversations surtout quand il n'est pas d'accord avec moi, on débat pendant des heures ensemble.

Malheureusement Adam ne supporte pas de nous voir ensemble. Nous nous sommes disputés hier soir au téléphone à propos de ma "trop grande proximité avec Charles". Adam pense que Charles est en train de me séduire et qu'il veut que je sorte avec lui. Bien entendu, c'est absolument faux. Mais la jalousie d'Adam n'a pas de limite, et je parie qu'il l'a menacé d'arrêter de me parler.

Il a souvent eu des crises de jalousie, mais aucune ne ressemblait à celle-ci. J'ai essayé de le convaincre que Charles n'était qu'un ami qui ne voulait que mon bien mais il n'a rien voulu entendre. Il était toujours persuadé qu'il me draguait dans le seul but de vouloir sortir avec moi.

Plus j'y repense, et plus je suis énervée contre Adam de réagir comme il le fait. Charles est le seul à être venu vers moi à la rentrée, et il n'a aucune mauvaise intention envers moi. Je l'aurais déjà remarqué sinon.

Mon téléphone vibre coupant court à mes pensées. Je l'attrape et vois que j'ai reçu un message de Charles.

«Il faut qu'on parle, rejoint moi au parc municipal dans 10 min» 15:42

Je parie qu'il veut m'interroger sur notre dispute avec Adam car ce couillon a dû avoir la merveilleuse idée de lui parler après notre dispute. J'attrape mes chaussures, mon portable et mon porte feuille avant de descendre les escaliers à pas de loup.

Je ne suis pas autorisée à sortir de chez moi sans que mes parents soient au courant de mes moindres faits et gestes à l'extérieur, mon père me l'interdit depuis cette nuit. Mais je vais simplement parler avec Charles au parc, il ne m'arrivera rien j'en suis certaine. Ils n'ont pas de raison de s'inquiéter cette fois ci.

Je ferme délicatement la porte de la cuisine avant de me mettre à courir. Dès fois que mes parents m'aient vu sortir. Une fois au bout de la rue, je souffle et marche normalement.

J'arrive tranquillement au parc, le soleil brille intensément en ce dimanche après-midi et j'en profite pour flâner un peu. Je fais le tour des potagers et des jardinières garnies de fleurs en ce mois de septembre.

Puis je trouve un banc et m'y assois en attendant Charles. Je prend le temps d'écouter le chant des oiseaux, et le bruit de l'eau de la fontaine derrière moi. Je ferme les yeux pour me concentrer seulement sur ces bruits qui m'apaisent et me détendent.

Après un long moment, je sens une main se poser sur mon épaule, et je sursaute. Mon cœur s'affole à une vitesse incroyable et mon souffle devient saccadé. Des sensations me reviennent et je lutte contre elles.

Lorsque je vois le visage de Charles, le soulagement m'envahit.

-Désolé, s'excuse-t-il, je ne voulais pas t'effrayer.

-Ce n'est rien, dis-je en me forcant à sourire pour le rassurer.

Je me décale pour lui laisser de la place, et il s'assoit à côté de moi.