Surprise et course a pied.

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Ils glissaient, se coulaient dans les interstices, tâtonnaient et quittaient les poches ou les sacs comme ils étaient venus, bredouille. Les doigts gantés de l'officier Minsk étaient couverts par une couche baveuse et chaude d'un mélange de toutes les sortes de fluides corporels répugnants que les corps humains comportaient. 

C'était ce qu'on gagnait à fouiller méthodiquement chaque cadavre, se disait-elle avec ironie.

Zala portait littéralement leur sang sur les mains, mais n'en avait pas grand chose a faire. Il lui semblait qu'elle n'avais jamais fait que ça, se battre et détrousser des cadavres. Encore une habitude de son enfance dorée. La seule différence ici résidait dans le fait qu'elle agissait pour le compte d'un état, et non pour elle seule. La paye y aidait, aussi.

Il lui semblait qu'elle s'y attelait depuis une éternité, et elle bénissait mentalement le savant qui avait inventé les masque filtrants, dont la création lui évitait au moins les désagréments dus a l'odeur du charnier dans lequel elle plongeait, plus ou moins littéralement.


Ses recherches n'avaient pas vraiment étés fructueuses, en partie parce qu'il ne restait pas grand chose du convoi, et aussi parce que les rares survivants avaient pris soin d'emporter tout ce qui pouvait leur servir, avant de fuir. Le sacrifice de Maximilien Von-machintruc ne fut pas vin, semblait-il. La probabilité que quelque chose de valeur soit a bord apparaissait ridicule, mais elle existait, ce qui suffisait a Zala.

Alors, elle se remis sur ces deux jambes et leva les yeux vers Quatorze, dont la silhouette se découpait comme une statue inébranlable au milieux du désert. Le Goliath se tenait toujours aussi droit qu'un soldat en parade, et montait la garde depuis le haut d'une épave noircie par l'incendie qui l'avait dévorée. 

Son regard était plongé profondément dans la mer obscure qu'était cette nuit, avec un zèle qui frisait parfois le ridicule. Sa vue, sans surprise, perçait l'obscurité et Zala se doutait même qu'il y voyait comme en plein jour ; d'autant qu'on lui avait raconté que les Goliath de cette génération pouvaient naturellement voir les rayons infrarouges comme ultraviolets.


"— Quatorze ! Tu veut bien m'aider ?!

Oui.

— Alors descend de là, et soulève moi cet morceau d'Antigrav'.

Oui."


La femme se dirigea vers le dernier véhicule a fouiller. Il y avait quelque chose a voir, pensait-elle avec la même certitude que celle qui l'avait habitée lorsque le Goliath avait fait feu sur le drone de l'Union, il y a de cela plusieurs heures. Zala préférait vérifier par elle même, parce que, comme pour l'autre fois, c'était quelque chose instinctif et irrépressible... Puis surtout, la dernière fois, son instinct avait raison.

Alors le plastacier émis des grincements insupportables lorsqu'il plia sous la poigne de Quatorze, qui plantait ses propres doigts dans le métal. Des rivets éclatèrent comme de petits pétards, sans prévenir, face a la pression des muscles de synthèse du titan, et ils fusèrent un peu partout en rebondissant a mesure que la plaque de ferraille quittait sa position d'origine.

Puis la bête souleva complètement au dessus de sa tête l'énorme masse de métal a deux bras, contracta ses membres et la poussa de toutes ses forces en émettant un grognement face a l'effort à accomplir. Dans un fracas semblable a celui d'une casserole, mais d'une intensité équivalente a son poids, la plaque se fracassa quelques mètres plus loin.


D'un pas nonchalant, Zala enjamba les quelques débris au sol et s'engouffra dans la carcasse encore chaude et fumante, au travers de laquelle on pouvait facilement déterminer ce qui fus les sièges, les postes de commande, les caisses et même une paire de botte... fusionnée avec le sol.

Projet-714 "GOLIATH"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant