Chapitre VI

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Le plaisir de lui tenir compagnie ne fut que de courte durée pour le laird MacKay. En chemin pour lui indiquer ses appartements, son cousin Gavin était venu l'intercepter pour lui parler d'un problème : Saundra avait eu vent de la venue de sa sœur sur ses terres et s'apprêtait à venir jusqu'à lui pour plaider sa cause.

D'après ce que James MacGregor leur avait raconté, Saundra et Ilysa n'avaient jamais réussi à être proche depuis leur tendre enfance au vu de leur caractère diamétralement opposable. Et leur demi-sœur avait nourri une aversion pour Ilysa en grandissant sans pour autant la dissimuler aux yeux du clan.

Pour Alasdair, cela avait été une information des plus surprenantes. La femme qu'il aurait dû épouser ne paraissait nullement comme les personnes la décrivaient. Évidemment, il se devait d'en informer la principale concernée afin qu'Ilysa ne soit pas surprise de la voir en ces lieux. Cependant, il ne savait pas quel était le meilleur moment pour le lui dire. Pour l'instant, le laird avait préféré commander à l'une des domestiques du domaine d'aider la jeune femme dans sa toilette avant qu'elle puisse se coucher.

— Que penses-tu d'elle ? lui demanda brusquement Gavin, assis sur un tabouret en bois à contempler le feu qui crépitait dans l'âtre.

Les soirées devenaient de plus en plus froides, annonçant l'arrivée d'un hiver rude et glacial. En croisant ses bras, ce dernier frotta ses épaules et réagit au frisson qui lui parcourut l'échine. Tandis qu'Alasdair ne cessait de l'observer, son cousin finit par le regarder en lui demandant visiblement de répondre à sa question.

— C'est une femme...

Il ne s'empêcha pas de lui rire au nez.

— Oh que oui c'en est une ! Je n'en ai jamais vu des comme ça Al.

Il était le seul à l'appeler ainsi et il le resterait. Gavin déplaça ensuite son regard bleuté sur la cheminée.

— Tu n'es pas très bavard, je le conçois mais j'aimerais savoir si tu penses pouvoir faire ta vie avec la MacGregor, reprit son cousin.

Il comprenait bien la raison pour laquelle il insistait pour connaître son impression. Mais il n'arrivait pas à expliquer ce qu'Ilysa MacGregor lui faisait ressentir. Ce n'était pas le genre d'affection qu'il avait éprouvé pour Saundra, il n'y avait pas le même désir non plus.

— Je pense, mon cher cousin, qu'elle sera une bonne maitresse pour notre clan.

Il y eut un silence, accueillant ses propos.

— C'est tout ? s'insurgea Gavin, presque choqué.

— Que veux-tu que je te dise de plus ?

— N'est-elle pas remarquable ? Charmante ? Séduisante ?

Alasdair se mit à rire à son tour.

— Tu te moques de moi, Al ! Elle t'a tenu tête devant tous nos hommes, a viré de chez elle Caelen, a réussi à se libérer des imbéciles qui l'ont enlevé...Et tout ce que tu as à me dire, c'est ça.

Le laird comprit qu'il avait eu vent par Caelen de la tournure des événements lorsque son cousin les avait quittés. Soudain, ce dernier se leva de son siège alors qu'Alasdair avait pris place sur un fauteuil en cuir marron et n'y avait plus bougé d'un pouce depuis qu'il s'y était installé, et se dirigea jusqu'à la sortie. Son cousin marmonnait des incompréhensibilités jusqu'à ce qu'il s'arrête devant la porte en bois et ne lui lance :

— Ilysa vaut dix fois ton ancienne amante, Alasdair. J'espère que tu t'en rendras compte.

Il finit par disparaître dans le sombre couloir de l'aile Ouest, allant sûrement rejoindre l'une de ses innombrables amies intimes au village.

Le Clan MacKay, Tome I - La BruteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant