silence kills | jikook

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐇𝐔𝐈𝐓

☙☙☙

    « Qu'est-ce que tu lui as dit, connard ? » hurle la voix de Yoongi.

    J'entrouvre les paupières. Les deux jeunes hommes se font face, comme deux lions dans une arène. 

    Les yeux de Yoongi sont noirs, furieux. Un orage semble éclater dans ses prunelles lorsque Jimin ne lui répond pas, et il lui attrape le col pour le soulever comme s'il ne pesait rien. Je n'arrive pas à parler, je n'arrive pas à bouger. Je suis comme figé, et je regarde mon meilleur ami menacer l'homme dont je suis amoureux, impuissant. 

    « Répond ou je te jure que je te défonce. » crache le vert. « Tu trouves ça amusant de te foutre de sa gueule ? De jouer avec ses sentiments ? Je sais pas ce qui me retiens de te péter la gueule. Peut-être qu'il arriverait à passer autre chose si ton visage ne ressemble plus à rien. »

    « Arrêtez... » couiné-je.

    Des mèches de mon chignon se sont échappées, et retombent sur mon visage, cachant ma mine perdue et désespérée. 

    Ma voix est basse, frivole et cassée, mais Yoongi l'entend tout de même. Sans aucune douceur, il relâche le deuxième, qui tombe violemment au sol avec un gémissement de douleur, avant de venir s'accroupir devant moi. Il pose ses mains sur mes joues et tire ma tête vers lui pour faire toucher nos deux fronts. Son pouce vient écraser la larme solitaire qui roule sur ma joue. 

    « Tu veux qu'on rentre ? » me murmure-t-il avec tendresse. 

   Je hoche la tête, incapable de répondre autrement, et un trou béant à la place du cœur. Cette fois-ci, avec une grande douceur, il me relève et fait passer mon bras autour de ses épaules, pour mieux me soutenir. Je sais qu'il aurait préféré me porter, mais malheureusement pour lui je suis trop grand, et trop musclé pour ses petits bras. Je suis beaucoup trop fatiguer pour formuler une phrase correcte, ou même pour aligner mes pensées. Ma tête n'est plus qu'un bordel incompréhensible où des pensées contradictoires s'y battent.

    « Je suis désolé... » souffle Jimin. 

    Il semble vouloir rajouter quelque chose, mais mon meilleur ami l'interrompt :

    «  T'excuser ne sert à rien. Tu lui fais trop de mal, beaucoup trop de mal. Quand tu seras prêt à l'aimer comme lui t'aime, tu viendras me parler. Pas avant, sinon je me retiendrais pas pour te refaire le portrait, c'est clair ? »

    On s'éloigne sans plus de cérémonies. Yoongi est violent lorsqu'il s'agit de moi. À vrai dire, je suis la seule personne sur qui il peut vraiment compter. Le chemin se fait long, pas un mot ne sort de mes lèvres.  Titubant, on arrive devant chez moi, petit appartement miteux que je paie en travaillant à côté. Mon meilleur ami fouille dans ma poche et en sort mes clefs, avant d'ouvrir la porte.

    À peine arrivés, nous nous laissons tomber sur le canapé. Je suis épuisé. Cette crise m'a vidé de mon énergie, de sorte à ce que je peine à garder les paupières ouvertes.

    « Je le déteste. » crache Yoongi, les poings serrés. 

    « Je sais. » soupiré-je avec un peu de mal. 

    « Pourquoi tu n'arrives pas à passer à autre chose ? Tout serait tellement plus simple, Kook'... »

    « J'y arrive pas. »

    Il sort de son sac un joint bien chargé avant de l'allumer avec son briquet. Qu'on soit à l'intérieur ne me dérange absolument pas, au contraire ; j'en avais justement besoin pour penser à autre chose. Yoongi tire la première taffe, la tête retombant en arrière. Ses doigts habillés de nombreuses bagues me passent l'objet, que j'apporte à mes lèvres. 

    Je n'ai pas supporté le fait qu'il veuille arrêter qu'on se voit. Que suis-je censé faire, maintenant ?