Better future

25

Torb

Le président va s'effondrer. Je ne sais pas comment il tient.
Sa fille est dans un sale état.
Doc voudrait la faire hospitaliser mais il refuse.
Peu de monde sait qu'elle est là et il ne veut rien risquer tant qu'elle est comme ça.
Je me demande comment elle sera quand elle se réveillera.

J'ai connu un peu sa mère et elle lui ressemble.
Elle ne mérite pas tout ce qu'elle a vécu. Tout ça à cause de sa salope de soeur.
Cynthia était une vraie garce qui n'assumait rien. 
Si le gang qui lui a fait subir tout ce qu'elle a vécu n'avait pas été décimé, je crois qu'on y serait allé sur le champ.
Elle a été jugée sur son comportement mais on ne connaissait pas le quart de son supplice.

Nous nous prenons pour des Caïds mais elle est bien plus forte que nous tous.
Comment se relever après les tortures qu'elle a eu ?
Il n'y a qu'elle pour continuer à avancer comme elle a fait.
Je ne vois même pas comment elle a pu y arriver.

Son récit nous a glacé de l'intérieur et son discours nous hante et nous hantera longtemps.
Nous la regardions comme une gamine faisant un caprice mais elle cherchait juste à sauver sa peau.
Elle y est parvenu jusqu'à ce qu'on la ramène.

Si elle meurt, Président ne s'en relevera pas.
Si elle se reveille, elle sera sous étroite surveillance à vie.
Elle m'a demandé de continuer à la protéger et elle m'a dit "je t'aime"
J'ai dis que je n'avais pas compris mais j'ai très bien entendu.
Ces paroles etaient sincères. Depuis qu'elle a posé les yeux sur moi, j'ai l'impression qu'elle peut lire en moi.
C'est effrayant mais apaisant.
Notre premier regard a été puissant, j'ai  senti une décharge dans le corps. C'était puissant.

C'est mon tour de garde. Le temps est long. Nous sommes 3 à tourner dans sa chambre. Président refuse tout autre contact. Harry, lui et moi.
C'est pour sa sécurité et je le comprends.
Nous avons tellement d'ennemis.
Doc est le seul à s'occuper des soins et de son hygiène.
Il nous demande de l'aide parfois. C'est très dur. Son corps est très meurtri.
Elle a du souffrir.
Nous comprenons maintenant qu'elle se soit autant renfermée sur elle-même.

Je prends un fauteuil et je m'installe près de son lit.
Je décide de lui parler.

_Torb : hey Astrid ! C'est Torb. J'aimerai que tu m'explique pourquoi tu m'as demandé de continuer à te protéger et que tu m'aimes. Nous ne nous connaissons pas et pourtant quand tu me regarde j'ai la sensation qu'on est relié. J'y comprends rien. Ton père est devasté. Tu sais quand ta mère est morte, il a perdu pied. Il s'en veut. Il a donné à ta sœur une raclée mais ça ne lui a pas servi de leçon. Elle essayait toujours de mettre sur le dos des autres ses erreurs. Ces conneries l'ont rattrapé. Elle a fait une overdose, il y a plusieurs années. Je trouve bête que tu lâches prise maintenant. Tu t'es tellement battue pour t'en sortir et maintenant tu es prête à mourir. Ton état est de plus en plus critique. On est tous très inquiet. Si tu décide de te reveiller, je te promets que je te protégerai jusqu'à la mort. Jour et nuit, je serais présent dès que tu en auras besoin. Je t'aiderai à récupérer le maximum de tes facultés mais plus tu traineras dans le coma plus ça sera dur de récupérer.

J'allume la tv et je mets la boxe.
Président vient aux nouvelles. Je lui explique la conversation que je lui ai donné. Il sourit. Il me dit prier depuis quelques jours.

Le moniteur cardiaque s'affole, son coeur lâche. Je la pose au sol pour commencer le massage cardiaque pendant que président va chercher Doc.
J'arrive à la récupérer. J'espère que c'est la dernière fois qu'on doit le faire.

Nous restons tout les 3 dans la chambre à la regarder.
Elle est de nouveau dans son lit.
Président s'est endormie dans le fauteuil. Il tient sa main fermement.

Doc cherche des solutions pour la sortir du coma mais il dit que c'est à elle de jouer et que nous aurons de plus en plus de mal à la récupérer sans séquelles cérébrales.

Elle doit savoir tout ça. Elle est elle-même médecin.
Si j'ai bien suivi, elle est très polyvalente. Si elle se réveille, elle pourrait être une sacrée aide pour doc.

Nous nous endormons à notre tour assis au sol. Nous sommes bercés par le son rassurant du bip régulier du moniteur cardiaque.

Un hurlement irréel nous reveille. Nous avons déjà nos armes en main et cherchons l'ennemi quand nous nous rendons compte qu'il vient d'Astrid.

Elle est en sueur, les yeux toujours fermés mais je sens qu'elle est avec nous. Je m'approche d'elle et je lui parle à l'oreille.
J'essaie de lui faire reprendre pied avec la réalité lentement. Je lui sers la main de façon régulière et après un long moment, elle me répond. On ne comprend pas ce qu'elle dit mais elle combat le sommeil qui l'a envahi depuis plusieurs jours.
Ce que je lui dis à  l'oreille ne ressemble à rien. Je veux juste qu'elle sache que je suis là.
Elle ouvre enfin les yeux.

J'ai une envie soudaine de l'embrasser mais je me retiens.
Pourquoi j'ai tellement envie de prendre soin d'elle. Je veux m'éloigner mais elle s'accroche à ma main et me cherche affolée.
Je me rapproche et lui dis que je reste là.

Président est en larme. Heureux.
Il y aura encore beaucoup à faire, d'explication à dire, d'excuses à donner mais elle est en vie.

Doc l'examine. Tout est normal.
Elle demande à boire.
Doc lui donne des glaçons à sucer doucement.

Elle reste perdue pendant quelques jours. Elle ne parle pas, nous devons l'aider pour s'alimenter.
Elle n'est pas dénutrie car Doc la nourrissait artificiellement et lui donnait ce dont elle avait besoin mais elle a perdu beaucoup de masse musculaire et de poids.
Elle n'était pas épaisse mais là, elle fait anorexique.

Président continue d'être inquiet pour elle.
Elle est fuyante. Ne parle que si nous lui posons des questions.
La nuit, elle est souvent prise de cauchemars.
Son visage est méconnaissable tellement elle est prise d'angoisse et de peur.
Nous ne savons pas comment faire et nous n'osons pas la stimuler, nous avons peur de la pousser dans ses retranchements et qu'elle retombe dans le coma.

Les membres du club demandent souvent ses nouvelles. Ils sont inquiets pour elle. Ils ont entendus par où elle est passée.
Nos sentiments sont partagés entre pitié, fierté et courage.
Malgré tout elle est là.