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( Mira pdv )

Un doux rayon lumineux, s'immisçant de mes volets à peu près fermés, venait chatouiller mes paupières, jusqu'ici closes. Elles se remuèrent alors légèrement puis s'ouvrirent lentement.

J'avais toujours mon coussin, illustré d'un magnifique chaton gris et tacheté de brun, entre mes bras, serré contre ma poitrine. J'étais en boule dans mon lit, et en concluai rapidement que je m'étais réveillée. Je détachais un bras de mon doux oreiller pour atteindre mon téléphone, le rapprocher de mon visage, pour ensuite le déverrouiller.

5h34.

Je me suis réveillée alors que j'étais sencée l'être à 6h00. Je voulais me rendormir, mais me dit finalement que cela n'en vaudrait plus la peine, pour une demi-heure... Je posa mon téléphone sur ma table de chevet, puis, je me redressai, alors assise, en tailleur, sur le matelas de mon lit, qui, je vais pas me mentir, est plutôt confortable. Un deux place, couvert de peluches de toutes sortes, contre un mur de ma chambre. Ma chambre, elle, restait plutôt simple. Quatres murs bruns très clairs, une petite fenêtre donnant sur le parc d'en face, et le petit jardin. Enfin...je ne sais pas si on peut appeler ça un jardin. C'était juste un petit extérieur avec un peu de verdure au sol. C'est tout.

Sans oublier ma fameuse table de chevet, avec un cadre photo plutôt fièrement dressé en plein milieu de celle ci. Parfois, je me demandai pourquoi je l'ai conservé. Ça devait ne pas être réciproque de son côté.

Sur cette photo, encore étrangement intacte, on était toutes les deux. Je me souvenais encore de ce moment. On était sur une balançoire, dans le même parc qui bordait ma ruelle, qu'on voyait depuis ma fenêtre.
On était toutes deux enlacées, sous le doux coucher du soleil et vent frais de soirée, qui à ce moment là, nous servait d'excuse l'une pour l'autre pour rester dans les bras de l'autre, éternellement si possible. Ce jour là, on refusait de rentrer, au plus grand agacement de nos parents qui nous voulaient pour dîner. Donc on est restées encore bien deux heures, dans ce parc, à jouer toutes les deux, et se faire des câlins.
On avait...je crois 6 ans. Et je me souvenais encore qu'à cet âge là, on se prétendait en couple, juste pour jouer.
Étrange jeu, n'est ce pas ? Après tout... Nous sommes des filles.
Et puis, ce n'est plus comme avant.
Ça ne le sera plus jamais.

Je sortis alors de mes pensées en constatant que je souriais. Je m'empressai alors d'effacer ce niais sourire et secoua la tête.
Je quitta mon lit, ma chambre, et longeais le couloir jusqu'à atteindre mon salon, puis la cuisine ouverte sur lequel il donnait.
Sous une étagère accrochée au mur, je me mis sur la pointe des pieds, pour tenter d'atteindre sa poignée pour pouvoir l'ouvrir.
J'avais faim.
Mais j'étais petite.
Trop petite.
Après quelques secondes, je me résigna à arrêter. La honte. Je choisis alors le second placard, plus bas, et donc atteignable. J'en attrapa une boîte, la posa sur la table du salon et l'ouvrit. Je pris un biscuit et le mangea relativement vite.
Après avoir un peu mangé, je me hâta d'aller dans ma salle de bain, celle reliée à ma chambre, puisque je la préférai à celle de famille. Pourtant, elle n'était pas bien différente. Une douche, un lavabo, et une étagère en bois, peinte en blanc. Le sol était un carrelage.
Et je m'en rappelais soudainement en sentant le sol glacé sous mes pieds nus.
J'avais oublié de mettre mes pantoufles...
Désespérée, je retourna à ma chambre et mit mes chaussons licornes. J'étais une véritable gamine en réalité, même si je ne le montrai qu'à moi même et ma famille de temps à autre.
Les autres me voyaient comme une élève sérieuse, avec du caractère malgré ma maladresse que je n'arrivais pas toujours à cacher.
Mais pour une autre, j'étais dure, glaciale, arrogante. "Quelqu'un d'encore moins agréable qu'avec les autres" dirait-elle sûrement.
J'étais simplement comme elle, désormais.
J'étais maintenant dans la salle de bain, à nouveau. Je planta mes yeux dans le miroir, et m'observais. Mes longs cheveux châtains clairs, d'habitude lisses, étaient en bataille. Un vrai bordel là dedans, fallait l'avouer.
J'attrapai alors la brosse dans l'étagère du meuble puis démêla tout cet amas clair et brunâtre, non pas sans douleur. Mais bon... Il fallait souffrir pour être belle, non ? Enfin..."belle" était un bien grand mot, pour moi.

Après avoir accompli cette tâche, je m'habilla, me brossais soigneusement les dents, me maquilla rapidement, puis m'observa à nouveau dans le reflet du miroir. C'était nettement différent, comme rendu. J'avais opté pour une queue de cheval haute, un simple tee-shirt noir, un sweat gris à capuche, et un bas noir et assez large au niveau des jambes. Plutôt simpliste, mais efficace et pas inconfortable. Pour le maquillage, aussi simple que la tenue, juste un peu de mascara noir et un rouge à lèvre rose pâle, que, d'ailleurs, j'allais ensuite ranger dans mes affaires de cours, au cas où.

Bref, j'étais ENFIN prête. Mon regard se déposa sur les aiguilles du cadran de l'horloge de mon portable, que j'avais posé près du lavabo. On m'avait déjà dit que c'était pas une bonne idée, mais bon... C'était une habitude. Je déchiffrai l'heure. À mon plus grand soulagement, il était, 6h13. J'avais donc bien du temps avant d'aller prendre mon bus. Je retourna dans la salle de bain récupérer mon portable puis en sortis. A ma plus grande surprise, celui ci vibra dans ma main alors que j'étais dans le couloir. Qui voulait me parler à une telle heure ? J'attendis d'arriver dans mon salon et de m'installer sur le canapé gris et blanc pour le rallumer et lire la notification.

Instagram : Jenny_Storm a ajouté du contenu à sa story depuis un moment.

J'arrêtais aussitôt de lire la suite. Jenny. Cette fille. Elle était revenue sur Instagram ? Et...elle m'avait ajoutée ? Je ne comprenais pas trop. Je pensais pourtant que ni elle, ni moi, n'avions été suivre l'autre sur ce réseau social.
Surtout, qu'on ne s'aimait pas. Non, on se détestait, c'était évident !
Même si j'avais cette drôle d'impression en lisant son nom.Mon cœur qui battait ne serait ce qu'un peu plus vite, ce devait être parce que c'était une amie proche avant.
Ça me faisait bizarre, voilà tout.
Enfin... j'espérais.

Pour me retirer toutes ces pensées insensées du crâne, je mis mon téléphone en mode veille et le reposa sur la table en face du canapé, avant d'allumer la télévision et de faire le vide dans mon esprit. Au moins quelques minutes.

6h32.

Je me levais du canapé, ayant vu l'heure après l'avoir vérifiée - pile à temps - sur mon portable. J'allais me préparer, puis sortis avant de verrouiller la porte à double tour.

Je marchais dans la rue, suivant mon trajet habituel jusqu'à mon arrêt de bus. Je passais devant ce parc. Vide. En même temps, vu l'heure qu'il était, cela était relativement normal. Je dénouai mes écouteurs, puis, après acharnement, mis finalement ceux ci à mes oreilles, lançai une playlist sur mon téléphone, et continuai mon chemin.

Je regardais alors le ciel, sombre mais parsemé de petites "lucioles" brillantes. C'est comme ça qu'on appelait les étoiles, avant. Aujourd'hui, c'était une journée d'automne. Il faisait plutôt froid, mais c'était supportable.
Mon attention fut alors reportée vers le passage piéton. Je devais traverser, pour pouvoir atteindre mon arrêt.

Mais... c'était alors à mon plus grand étonnement, qu'une longue et légèrement ondulée chevelure noire ébène, aux pointes violacées, m'arrêta dans tous mouvements, toutes réflexions.

Impossible.

Elle était là.

À côté de moi.

À à peine quelques centimètres, mais elle semblait ne pas me remarquer, focalisée sur l'écran éblouissant de son téléphone. Je pensais alors qu'elle écrivait un message, puisque ses doigts pianotaient sur l'écran, toujours bien trop lumineux à mon goût. Ça en faisait mal aux yeux. C'était sûrement pour ça, que mon attention n'était désormais que sur elle. Après tout, son téléphone tapait à l'oeil, rien de plus... Non, rien d'autre d'elle ne pouvait obnubiler autant mon esprit, c'était... insensé.

Je ne pouvais pas l'oublier.

Alors...

Je devais la détester. Tout comme elle.

Ne m'oublie pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant