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(Mira PDV)

Je l'ai senti si près de moi, j'ai même laissé son souffle me caresser le visage, les joues et les lèvres. Alors évidemment, l'idylle ne pouvait pas durer. Il fallait que quelqu'un vienne à ce moment. Il fallait que l'on me tire de mes délires, mais pourtant, il était sûrement déjà trop tard. Mon âme, mon cœur, tout mon moi lui appartenait déjà. J'étais prisonnière d'elle. Mais ces barreaux me plaisaient, je ne voulais pas m'évader. C'était une peine de rêve. Que la sentence reste irrévocable.

J'ai tourné la tête rapidement vers cet arrivant, avant de comprendre. Cette chevelure noire ébène, mais scintillante, et ce visage tiré par l'inquiétude. Elle a accouru au chevet de sa chère fille, pour immédiatement prendre sa main dans les siennes, m'ignorant entièrement, ou presque. Elle a eu au moins le mérite de m'avoir un peu bousculée. Sans un mot, ni un regard de plus, je laissais la maternelle et la descendante ensemble. Je me dirigea vers la porte, encore grande ouverte, et sorti de la pièce. Mais au moment où j'allais fermer cette plaque blanche, j'entendis sa voix, encore une fois.

"Merci. me souffla la noiraude que j'appréciais tant. Ou bien n'était-ce peut-être que le fruit de mon imagination, qui sait ?"

Un léger sourire, bien qu'égaré par amertume, trouva sa place sur mon visage.
Et même si mon coeur se serrait, même si cette sensation qui parcourait mon esprit était incertaine, j'étais heureuse. Heureuse qu'elle soit saine et sauve. Loin de tellement de troubles qui m'ont suspendus à ma vie ces dernières heures. J'en oubliais tout ce qui nous a mené à tout ce bordel.
Le pas tranquille, pratiquement léger, je trouvais l'issue de cet hôpital, effleurant de l'index le mur coloré qui m'a mené à cette chambre.

Je faisais machine arrière.
Je remontai les pièces et les évènements.
Je remontai la pente de la journée.
Je suis sortie du bâtiment. . .

Et une fois dehors, je sorti mon téléphone. Pour appeler ma mère. Pour me ramener à la maison.

La sonnerie.
Elle retentissait.
Plusieurs fois.

Mais aucune réponse.
Étonnée, je réitéra l'action.
Une fois.
Aucune réponse.

Alors une seconde fois, j'appuyais sur le symbole du téléphone vert, pour tenter de la joindre.

Plusieurs secondes.
La sonnerie riait à mon oreille, se fracassait contre les parois de mon crâne.
Inlassablement.
Elle vibrait,
Elle martelait ma cage thoracique, soudainement.

Mais aucune réponse. . .
Ma sensation de gaité s'était enfuie.
Encore.
J'ai regardé autour de moi, pour déceler une alternative, une raison à tout cela sinon.

Pourquoi le monde s'est retourné après moi ? Pourquoi aujourd'hui, alors qu'hier était une journée si paisible, toute la merde inimaginable me tombe dessus ? Qu'ai je fais ?

Lassée de tout ça.
Fatiguée d'aujourd'hui, perdue entre l'espoir d'un demain, et le rêve d'un nouveau hier, je ferme les yeux et réfléchis.

Et je savais que mon père n'était jamais joignable.
Il gardait son téléphone dans des caisses insonorisées, et brouillant tout signal.
Parce qu'il travaillait en tant qu'hôte de l'air.
Ce métier qu'on croit favorisé aux femmes pour assouvir les pensées obscènes de leur congénères masculins.
Ce genre de métier source de multiples fantasmes, autant qu'il pourrait être dangereux.

Aucune solution.
Mais à vrai dire, je n'ai pas beaucoup réfléchi.
L'épuisement moral me gagnait.
Il avait raison de moi.
Alors je me suis assise dehors, contre le mur de l'hosto, yeux clos.
Je n'ai pas pensé à rentrer, enfin. . . Je ne voulais pas, surtout.
Je ne voulais plus rien.
Juste que ça se termine.

L'aube s'approchait.
J'étais fatiguée.
Bientôt le jour se pointera.
Il s'allongera sur la Terre à perte de vue, et les étoiles, qui me paraissaient si lointaines, semblaient me fixer, chuchotant entre elles, de multiples moqueries, pourront bientôt faire ça sans que je ne les vois.

Parce qu'il fallait l'avouer.
Je devais être drôle à voir.
J'aurai peut être rigolé, de cette personne, qui me raconterai sa vie aussi exaltante qu'un sublime mensonge.

Seule.
Perdue.
Fatiguée.
Moralement mais aussi physiquement.
Il commençait à faire froid.
Je ne savais plus où je devais aller.
Ni où je le pouvais encore.
Sans oublier cette journée.
Et tout ce qui s'est passé.
Et Jenny.
Et Théo. . .
Et cette soirée.
Qui a mal tourné, m'ejectant dans le virage de la vie. Sauf que je ne l'avais même pas distingué, dans cette obscurité environnante.

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NDA : Chapitre plutôt court.
Le prochain risque en contrepartie d'être plus long !

Ne m'oublie pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant