Chapitre 2

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Actuellement, je suis sur le toit du magasin, accompagné d'une pizza et d'un soda. Et de quelqu'un. Steven, pour être précise. C'est le fils du patron, c'est pour ça que je suis ici en toute légalité. Et que la pizza est offerte. On a regardé le soleil se coucher et quand il a fait assez frais -ce qui a pris un moment- on s'est assis sur le rebord en métal du toit, les pieds dans le vide. Il m'a demandé si j'allais rester, je lui ai répondu que non et la discussion s'est arrêté là. Jusqu'à ce qu'il me pose LA question :

- Tu fais quoi ? T'es en vacances ?

- Non. Et tu ne vois pas que je suis en train de skier, là ?

- Haha. Très drôle. T'habite où ?

- Tu vois le van là-bas ? C'est ma maison.

- Ah. Tu vis sur les routes ? Y' sont où tes parents ?

- Morts.

- Merde. Désolé.

- Pas grave. Je ne me rappelle pas d'eux.

- Ils te manquent ?

- Dès fois. Enfin, pas eux je m'en souviens pas, plutôt l'idée d'un père et d'une mère. Surtout d'une mère, vu que j'ai Oncle Nico.

- Ça fait quoi de vivre comme ça ?

- La plupart du temps, c'est bien, tu vois des nouveaux lieux, tu changes de climat quand tu veux et en plus t'as pas d'horaires à respecter. La perfection, quoi. Sauf que t'as pas de meilleur ami, t'as pas de maison et en plus t'es toujours fauché.

- Et l'école ?

- Par correspondance. Notre conversation s'arrêta plus ou moins là, laissant un silence naturel s'installer.



Steven me raccompagna "devant chez moi" et je lui fit visiter notre van. C'en était un simple, avec un très grand coffre contenant plein d'affaires comme des couvertures et un mini frigo branché à  une batterie. Devant les sièges arrières, il y avait des casiers de rangement et comme on n'allait derrière que pour dormir, on avait rajouté une grosse caisse en métal remplie -encore une fois- d'un tas de choses. Posé contre les sièges de devant, il y avait un petit matelas qu'on posait sur la caisse, agrandissant ainsi notre "lit".

Le regard de Steven se fixa sur un point devant nous et il poussa un petit cri aigu en sautillant.

- Un appareil photo ! Avec plusieurs objectifs !!! Je peux ? Je peux ! La dernière question avait plutôt été posée sur le ton d'une affirmation. Je renonça à lui demander ce qu'il voulait faire en me posant la question "je peux ?" et répondit plutôt :

- Tu fais gaffe, hein !

- Oui !!! Steven se saisit de l'appareil et, tout en faisant très attention, il courut se placer dans le champs -qui ressemblait à un désert- . Il inclina la tête et prit une photo des étoiles. Ou plutôt trente-mille photos. Puis il se retourna et prit une photo de moi. Puis de l'arrière du mini-bus. Il partit un peu plus loin, et, toujours dans un enthousiasme assuré, à chaque pas qu'il faisait il prenait une photo. Je le suivit, bientôt entrainée dans sa joie. On réalisa ainsi sûrement plus d'images de la ville qui n'avaient jamais étés faites. Nous étions maintenant pleins de joie et de rire, celui-ci survenant à des moments touts à fait dépourvus d'humour. Je fit quelques essais de photos, et je vis que je me débrouillait plutôt bien. Cela me détendait et m'amusait. Je me promit d'en faire souvent. Comme ça je penserait à Steven. Peut-être que l'on garderait le contacte ? Ce sera peut-être mon premier vrai ami et qu'après vingts ans, on se rendra compte que l'on est faits l'un pour l'autre. Et on se mariera à quarante ans, comme dans les films. Encore une fois je pouffe. On se tiendra au début de la phrase, jusqu'à "premier vrai ami". Et encore

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