Chapitre 3

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Je rentre tard, à passé une heure, et après que mon oncle m'ait passé un savon il m'avoue être rentré il y a une dizaine de minute.

- Pff, super ! Et moi, j'ai le droit de t'engueuler ? Je t'avais demandé de rentrer tôt !

- Mouais. Match nul, alors. On s'installe dehors ?

- Yep. Dans le champs ?  On sort juste une couverture, pour ne pas trop se salir, étant donné que l'on ne peut pas souvent se laver. On s'installe au milieu du champs et on s'étend sous les étoiles.  Je suis soudainement prise d'envie de photographier ce ciel.

- C'est magnifique. On ne voit pas souvent les étoiles autant bien. J'ai envie de prendre une photo.

- Je me disais la même chose. Mais je ne pensais pas que tu me ferais la remarque. Tu ne fais pas vraiment attention à ce genre de choses, d'habitude.

- Ah bon ?  Pourtant il me semble que si ! Peut-être que je ne le dis juste pas ?

- Tu aimes la photo ?

- Ben... en fait j'ai juste essayé aujourd'hui, et j'aime bien.

- Ah. Avec le gars, là ?

- Ouais, Steven. C'est lui qui voulait faire des photos, et après j'ai essayé. J'aime bien. Je m'interrompit quelques secondes avant de reprendre :

- Comment tu sais que j'étais avec Steven, au fait ?

- Je vous ai vus courir et rire comme deux larrons en foire. Vous avez l'air de bien vous entendre, non ? Je compris exactement ce que cette question sous-entendait.

- Oncle Nico ! Je ne vais PAS sortir avec Steven, pour la simple raison que je ne le connais pas ! Si ça se trouve, c'est un psychopathe !

- Tu vois toujours en noir, de toute façons ! Et si c'était l'amour de ta vie ?

- Ben on pars demain, non ? Je vais pas me mettre avec quelqu'un que je ne vois jamais ! Je ne sais même pas si on gardera contacte !

- Tu as intérêt à prendre son numéro de téléphone ! Sinon c'est moi qui le prendrait, et ça risque d'être bien plus gênant !

- D'accord, marmonnai-je dans ma barbe. ( Est-ce que l'expression correspondante pour les femmes c'est " marmonner dans ses cheveux" ? ) D'ailleurs, on pars demain, ou pas ?

- Ben c'est ce que j'ai cru comprendre. Tu veux rester ?

- Pas spécialement. Et toi ? Au fait, et ta conquête ?

- Bah... Une comme les autres, quoi ! Il paraissait légèrement déçu. La routine, quoi, ajouta-il dans un murmure. Je m'esclaffai.

- Je pense que l'on est les personnes les moins qualifiées pour dire ça.

- Ah bon ? Il y a pourtant une routine ! On arrive dans un endroit, on y reste une semaine, un  mois, on commence à s'habituer et on pars. Et ça se répète à chaque fois !

- Oui, mais chaque lieu, c'est différent. On rencontre des personnes différentes, des caractères différents.

- Ben en attendant, cette diversité forme une routine !

- Ouais, c'est vrai... mais contradictoire.

- J'en ai un peu marre de cette routine, moi.

- Ah. Peut-être que l'on pourrai trouver un endroit où on resterait un moment ?

- Peut-être... Bonne nuit. A son ton,  je sens que la discussion n'est finie.

- Bonne nuit.



Je me réveille le lendemain avant l'aube, et je prends l'appareil photo pour m'entrainer sur le lever du soleil. Je m'éloigne un peu en m'enfonçant dans un monde plat : je suis au milieu de champs desséchés.  Il n'y a aucune montagne à l'horizon, aucun lac, et chaque pas que je fais soulève un petit nuage de poussière rouge. J'ai l'impression que mon cœur s'ouvre de plus en plus et que si quelqu'un venait et me parlerait, troublant ce moment, il exploserait. J'avance lentement, émerveillée. Le soleil commence à se lever, teintant tout de rose. Je souris. Je n'entend que mon cœur qui bat et le sang qui coule dans mes veines. Je ne crois pas avoir déjà ressentit un moment si paisible. Je prends quelques photos, et sans même les regarder je sais qu'elles sont réussies.  Je m'assoie et j'ai l'impression de ne plus sentir mon corps. Je reste comme ça, comme dans un état de méditation, jusqu'à ce que le soleil se soit complètement levé. Je me lève alors moi aussi, et je me rends compte que mes yeux sont mouillés. J'ai pleuré.



On pars quelques minutes après midi, à l'heure la plus chaude de la journée, et on cuit, littéralement.  Bien qu'il fait moins chaud que hier, on transpire énormément. Ce matin, après être retournée au van, je suis allée acheter une dizaine de bouteilles d'eau, parce qu'il n'y a pas beaucoup de villes par ici et qu'il nous arrive de rouler plus de deux jours sans croiser une seule maison. Et comme il fait chaud, mieux vaut avoir trop d'eau que pas assez. J'ai donc pu dire au revoir à Steven, et il m'a donné le numéro de téléphone de sa maison, en plus de son adresse. Vers le milieu de l'après midi, on fait une pause, pour qu'Oncle Nico puisse se reposer un peu. On discute tout en mangeant quelque chose et il revient sur le sujet de discussion de hier  soir :

- Est-ce que tu voudrais avoir un lieu fixe ? Comme un appartement ? On pourrai se poser et partir où l'on veut, quand on veut, non ?

- Je croyais que dès que l'on possède quelque chose, on n'est plus libre ? Et qu tu veux le rester ?

- Bah...On possède déjà un van. Et ce n'est pas le fait de posséder quelque chose le problème, c'est de ne pas savoir s'en séparer. Et puis, je commence à en avoir assez de voyager. Pas toi ?

- Ouais, un peu. Disons que je suis plutôt seule.

- Bon, en route ! On remonta dans notre van, et Oncle Nico démarra. Mais au lieu de continuer tout droit, il fit demi-tour et alla à fond.

- Qu'est-ce que tu fais ?!?

- Il y a une petite cabane abandonnée, son propriétaire est mort il y a deux mois, et un des gars avec qui j'ai passé la soirée m'as dit qu'elle était à donner. J'y ai réfléchit toute la nuit, et comme toi aussi tu en a marre,  on n'as qu'a s'installer là. Au moins provisoirement. Si ça ne va pas, on n'aura qu'as partir. Oncle Nico avait dit tout ça sans me regarder, dans un souffle. Pourtant quand il se tourna vers moi, je vis qu'il était déterminé.

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