Chapitre 1

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Je pose un pied sur le bitume, et je suis sûre que si j'ai  la malchance de trébucher et de tomber, je me ferais brûler vivante. Alors je traverse la route avec attention, parce que je suis championne pou ce genre de truc. Je préfère l'herbe -qui est maintenant du foin- et  la terre -qui est maintenant de la poussière- . J'entre dans le gros supermarché qui se trouve sûrement là par hasard, vu les deux-trois maisons qui l'entourent. Tout juste au pluriel. Heureusement, là il fait plus frais. J'achète quelques choses indispensables, comme du pain ou de l'eau. Puis  je vais visiter les surgelés, en prenant mon temps, profitant de la température. Je finis par prendre un gros pot de glace vanille à manger illico.  Une question de chaleur et de glace non-compatibles. Je passe payer et je retourne au van, le pot de crème glacée à la main, le reste des commissions dans l'autre. Je rentre et m'assoie côté passager en remarquant que mon oncle n'est pas là. Alors je commence à manger la glace, seule. Oncle Nico revient un peu plus tard en prononçant ces  quelques mots:

- Je suis allé m'en griller une. Il ne parle pas de cigarette, il ne fume pas. C'est une expression que nous seules utilisons pour dire "draguer une femme". C'est une expression très couramment utilisée. Je me souvient que quand j'étais petite, une fois je lui avais demandé:

-Dis Oncle Nico, tu est sorti avec combien de filles ?

- Un peu près autant que de mailles j'ai déjà tricotées, Soah.  Faut savoir que mon oncle st un tricoteur déchainé. Il y passe son temps, quand il ne conduit pas.

-Ouah, ça fait une chiée !

-Oui, ça fait une chiée, m'avait-il répondu dans un soupir triste. Alors je lui avais mis un pot de glace dans les mains, comme maintenant. A chaque fois que l'on veut rester dans une ville, on prend un pot de glace choco, quand on  veut partir, c'est vanille.

-Dépêche-toi, elle fond déjà, dis-je la bouche à moitié pleine.

- Les bonnes manières, Soah ! Ce n'est pas parce qu'on vit sur les routes que l'on est des sauvages !

- Ouais, ouais, je sais, désolée. Oncle Nico me regarde puis prend une énorme cuillerée de glace en soupirant. On finit notre pot de glace, qui s'est entre-temps transformé en une sorte de crème extrêmement sucrée. Puis il m'annonce :

- Ce soir, c'est chacun de son côté, OK ?

- Rien contre.

- Tiens, je suis généreux aujourd'hui ! Prends ça et achètes-toi une pizza, me dit-il en me tendant une petite  pile de billets froissées.

- Ne rentre pas trop tard, OK ? je lui demande.

- T'en fais pas. Bon, j'y vais. Faudrait pas manquer l'apéro, quand même ! C'est clair, ça s'rait con. Il est quatre heure et demie.

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