Chapitre 1

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Mesdames et messieurs, le vol en partance de Tokyo à destination de Paris- Charles de Gaulle est annulé en raison d'une tempête de neige.

- Vous ne pouvez pas me transférer sur un autre vol ?

- Je suis navrée madame, tous nos vols sont complets et nous ne prévoyons pas de long-courrier supplémentaire pour le moment.

Je tapai du pied devant le grand panneau d'affichage. Je serrai la poignée de ma valise de voyage avec énervement. Autour de moi, les passagers du vol Tokyo – Paris Charles de Gaulle s'affolèrent en direction des hôtesses d'accueil débordées ou attendaient avec impatience que le problème soit rétabli.

Une grosse tempête de neige bloquait les zones aériennes. Elle accumulait le nombre de courriers annulé et au pire moment. Le 3 décembre. A trois semaines de Noël. Par évidence, tous les avions affichaient complet. Toutes les personnes se précipitaient pour en avoir un et retourner auprès de leurs familles. Pour moi, je pouvais attendre. Plus aucun avion ne volait en direction de la France. La météo me destina à rester clouée sur les terres japonaises.

J'attendis quatre heures en espérant un quelconque changement de climat. Enroulée dans ma grosse écharpe, je levai de temps en temps mes yeux sur le grand panneau d'affichage de départ et mon vol disparut des radars. Mes dents n'avaient jamais été aussi serrées de la sorte. Un pétage de plomb s'installa dans mes entrailles et n'attendit que le bon moment pour exploser. Avant la catastrophe, j'appelai ma mère en France et lui informai de ce petit détail qui allait gâcher le Noël de mes parents. La déception dans sa voix m'énerva au plus haut point. Je ne les avais pas vus depuis un an. Je lui précisai que je ferais mon possible pour en trouver quand la tempête se sera dissipée et que de son côté, elle pourra en faire autant.

Devant la sortie, le froid me paralysa le visage. J'enfilai mon bonnet, mes gants et quittai cet aéroport plus tôt que prévu avec des sentiments non pas de bien-être, d'apaisement, de soulagement, mais de frustration, d'énervement et de fatigue extrême.

J'affrontai la neige, tirai ma grosse valise derrière moi et capturai un taxi. Je lui indiquai mon adresse pour un retour à la case départ.

J'affalai mon corps sur la banquette arrière. Je ne prêtai plus attention aux décorations de Noël que pourtant, j'adorais. Je pensai plutôt à mes parents qui se faisaient une joie de me retrouver. Je n'aimais pas les faire attendre. Je détestais faire attendre les autres, tout simplement. L'heure s'était l'heure. Après l'heure, s'était plus l'heure. On te donnait une heure, tu la respectais. A quoi bon en donner une, si on la respectait pas ?

Le taxi passa dans une rue que je connaissais comme ma poche. Je déviai mon attention sur la route et aperçus ma meilleure amie qui traversait la route pour s'engouffrer dans notre bar. Aussitôt, j'interpellai le taxi. Il me déposa sur le trottoir. Je le payai, chopai ma lourde valise sous cette neige abondante et lui souhaitai de joyeuses fêtes de fin d'année.

Lorsque je passai la porte d'entrée du bar, je me secouai sous la propagation d'un immense frisson brutale de mes orteils aux racines de mes cheveux. Je retirai mon bonnet, mes gants, mon écharpe et passai une main dans ma chevelure électrique en cherchant mon ami.

Le comptoir à ma droite, je la distinguai derrière, en retrait, assise sur une table. Je roulai ma valise jusqu'à celle-ci qui ne leva pas son regard, bien trop absorber par son jeu sur le téléphone.

Je m'installai sur la banquette, face à elle.

- Salut, Georgette.

La belle aux courts cheveux noirs sursauta de peur et détruit sa frange en passant sa main sur son front. Elle souffla tout l'air retenue par ses poumons en me fixant de ses grands yeux marron bridés.

C'était en décembre // Livaï X Reader - TERMINEEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant