Le Fou du Roi

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L'origine du Fou dans le jeu des échecs.
Cette histoire est inventée de toutes pièces (un jeu de mots de temps en temps, ça fait du bien !).
Joyeux Noël !

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Le menton posé sur ses bras croisés, le petit garçon observe les pièces sur le plateau aux cases bicolores. Il les a rangées de façon à pouvoir commencer une nouvelle partie quand sa grand-mère sera revenue. Pourtant, un des pions l'intrigue : sa partie haute ressemble à une tête avec un pompon au-dessus, mais cette tête est largement fendue. De plus, la fente ne semble pas être le fruit d'un accident, elle paraît même d'origine...
Des bruits se font entendre dans le hall d'entrée.

- Je suis là ! crie une voix légèrement tremblotante.

La grand-mère est revenue, le petit-fils va pouvoir lui poser sa question.

- Mamie, pourquoi ce pion est-il fendu là ? demande le petit garçon en pointant du doigt l'objet de son interrogation.

- Mon petit chéri, je te rappelle d'abord que ce n'est pas très poli de pointer quelqu'un ou quelque chose du doigt. Ensuite, ce pion s'appelle le Fou. Comme le Cavalier, la Tour, la Dame ou encore les Pions, il sert à protéger le Roi, en se déplaçant selon les diagonales, explique-t-elle tout en reproduisant les gestes avec un des pions à la tête fendue. Mais tu veux savoir d'où vient cette fente...

-Oh oui ! Elle m'intrigue un peu, tu sais.

-Bien, mais c'est une longue histoire, commence la vieille dame.

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« Il y a fort longtemps, une jeune femme mit au monde un garçon. Il était fort beau et vigoureux. Sa mère espérait tant qu'il devienne chevalier ou grand seigneur mais c'était impossible car elle était pauvre et les gens la craignait car ils la prenaient pour une sorcière du fait de ses activités pour le moins spéciales. En effet, elle fabriquait des concoctions aux vertus multiples afin d'aider les jeunes couples stériles à enfanter, rendre le bétail plus gras, les champs plus fertiles, favoriser la chance pour quelques heures... Elle était tombée amoureuse d'un comédien de passage et s'était retrouvée enceinte après qu'il fut reparti en vadrouille. Malgré cette déception, elle chérissait son fils adoré plus que tout mais souffrait de ne pas le voir s'élever plus haut, estimant qu'il méritait bien mieux qu'une vie de misère auprès de celle qu'on appelait magicienne.

Très vite, l'enfant suivit les traces de son père dont lui avait quand même parlé sa mère, toujours amoureuse. Son charme et sa prestance naturels faisait de lui un acteur-né. Il fut bientôt demandé dans tous les châteaux seigneuriaux des alentours pour donner une représentation. En grandissant, sa beauté n'en devint que plus frappante. C'est donc sans trop de difficulté qu'il parvint à séduire la fille d'un prince. Son souhait le plus cher était en fait d'accéder au statut de grand noble afin de sortir sa mère de la misère - son passe-temps de comédien ne lui rapportait en réalité guère que des broutilles - et de la venger des conteurs de ragots qui faisaient courir le bruit qu'elle était une fille de mauvaise vie, que son fils était le fils du Diable et qu'elle était à l'origine de la mort des enfants des villages pour lesquels elle proposait ses services. Le dernier fait n'était qu'un concours de circonstances : à force de vouloir la meilleure récolte du pays, les paysans avaient abusé de ses produits, malgré ses nombreuses mises en garde, et les terres agricoles étaient momentanément empoisonnées.

Le jeune et bel homme avait donc réussit son coup : une fille de prince, une princesse donc, était tombée sous son charme et il s'en était lui-même amouraché. Son but semblait donc à portée de main. Mais c'était mal connaître le vieux prince. Ce dernier, jaloux de l'amour que se portaient les deux jeunes âmes et fou de rage à l'idée que sa fille puisse s'éprendre d'un comédien aux origines quelques peu douteuses, fit amener une hache sur son trône. Il la prit, regarda sa cour avec un air terrifiant, inspira profondément et ferma les yeux en expirant. Pour les rouvrir ensuite en s'élançant à grandes enjambées vers le pauvre beau comédien qui, surpris, n'eut aucun geste de protection, aucun mouvement de recul. Bien mal lui en prit car le seigneur, d'un grand coup de hache, lui fendit le crâne. La princesse hurla, hystérique et horrifiée par ce qui arrivait à son tendre amant. Ce dernier, sous le choc, se laissa glisser au sol.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 25, 2019 ⏰

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