[ 17 Septembre 1945 ]

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Quand mes yeux s'ouvrirent, je n'étais plus dans l'asile. Tout était flou et d'un blanc immaculé. Alors, c'était ça, le paradis..?
J'étais prêt à me rendormir lorsque j'entendis des voix étrangères à proximité. Je parvins à ouvrir mes yeux et à discerner des images bien plus nets. J'étais dans une sorte de laboratoire faiblement éclairé par une fenêtre. J'étais allongé. Un froid de mort s'abattait sur moi. Pourtant, je ne ressentais pas son souffle dans mon corps... Bien au contraire, je pouvais ressentir chaque goutte de mon sang me réchauffer, me remerciant d'être en vie. Je parvins à relever légèrement la tête pour observer les personnes en face de moi.

Ils étaient deux dans la pénombre. Drapés de blouses blanches, m'observant. Lentement, mes oreilles se mirent à capter les sons environnants et je pu discerner leurs voix. "Il n'a pas été mordu, Docteur. " Fut tout ce que je réussis à entendre de leur conversation. Ils parlaient anglais, mais l'un d'eux était sans doute Allemand car son accent était assez prononcé.
L'anglo-saxon quitta la pièce peu après que j'ai fini mon analyse tandis que l'autre s'approchait de moi. Je voulu crier, mais aucun mot ne sortait... Je n'avais pas encore retrouvé l'usage de la parole. Ce fut comme si on m'avait mis sous... sous anesthésiant ?

Lorsque le visage de l'homme fut enfin éclairé par le mince faisceau de la lumière du jour, je tentai du mieux que je pûs d'imprimer ses traits dans mon esprit. Comme ça, je pourrai le retrouver et le tuer dès que je serai relâché. PERSONNE ne faisait de Tank Dempsey son prisonnier, ou du moins pas sans le regretter plus tard.
Il n'était pas d'un tout jeune âge; ses quelques rides et ses tempes blanches en disait long dessus. Ses courts cheveux lisses parfaitement peignés étaient noirs comme le plumage d'un corbeau. Ses yeux verts brillant dans la pénombre de la pièce me scrutaient dans les moindres détails. Il portait des gants de cuir noir tâchés de sang, et il avait l'air de taille... normal.

Ce n'est sûrement pas la meilleure des informations que je peux vous donner, mais j'aime bien décrire au maximum... Surtout qu'il est important dans mon histoire.

Il rejoignit ses mains entre elles tandis qu'un grand sourire se dessinait sur son visage.

- " N'usez pas de votre salive, je sais qui vous êtes. J'ai épluché votre dossier militaire dans les moindres détails... "

Je n'aimais pas sa voix. Elle sonnait trop aiguë, trop sournoise, trop... trop ennemi. Trop nazi.
Voyant que je ne réagissais pas, il prit un calepin usé et continua, le sourire aux lèvres :

- " Tank Dempsey. Caporal en marine américaine, votre réputation n'est plus à prouver n'est-ce pas ? Vous avez été choisi pour sauver l'espion américain infiltré dans nos rangs grâce au cran dont vous avez fait preuve durant la bataille de Peleliu... "

À ses mots, je m'en souvins. Il y a 1 an de cela se déroulait la bataille de Peleliu entre les Etats-Unis et le Japon. La bataille tenait lieu dans l'Archipel des Palaos; pour ça que l'on y avait envoyé les Marines. L'objectif de la mission était de reconquérir peu à peu les îles de l'Océan Pacifique, afin d'attaquer le Japon en son coeur et de gagner la guerre le plus vite possible. Peleliu étant l'île principale, et un point stratégique de ravitaillement. En ces temps, nous nous devions de l'arracher aux japonais afin de les faire abdiquer.

- " Il est d'autant plus surprenant que votre unité aie été capturée avant même l'invasion principale de l'île. On raconte que vous avez passé deux semaines dans une cage en bambou infestée de rats, qui plus est dans une eau paludée. Mh... Pas très hygiénique, tout ça. Pourtant, ça n'a pas eu l'air de vous arrêter... "

Il posa le calepin sur un bureau à proximité et releva la tête vers moi avec un regard interrogateur.

- " Vous avez donc rongé les barreaux de votre cage, puis échappé à vos ravisseurs à l'aide d'une pince à cheveux et de votre médaille d'honneur. "

Il lâcha alors un léger rire en secouant la tête, comme s'il n'y croyait pas une seule seconde. Je ne sais par quel miracle je réussis à prononcer ces quelques mots :

- " Ma médaille d'honneur... Je vous laisse deviner... où je l'a cachait. "

Il s'arrêta et perdit aussitôt son sourire, l'air de ne pas s'en amuser. Quoi, elle était pas drôle ma blague ? En plus s'en était même pas une, elle était vraiment dans mon -

- " Vous les Américains, êtes d'une grossièreté absolue. Avec votre baseball, vos tartes... vos gosses. "

J'avais du mal à comprendre où il voulait en venir. De toute façon ce n'était qu'un putain de nazi. Comment pouvait-il comprendre notre culture ? Je préfèrais avoir ça que des génocides à tous les coins de rue et un rejet pour toutes autres civilisations. Critiquer des enfants, ce fut bien là ce que j'attendais d'un type comme lui. Mais j'avais des questions, et je n'allais pas l'écouter cracher sur mes valeurs toute la journée.

- " Pourquoi avoir lu ma biographie ? J'en vois pas l'intérêt pour vous. Et je vois pas non plus ce que je fous là à vrai dire. "

Il sembla chercher quelque chose dans ses affaires. Il en sortit alors une seringue contenant un liquide bleu étrangement... Électrique.

- " Nous devons débuter sur de bonnes bases pour ce que je vous réserve... Profitez de ce simple interrogatoire. Nous nous reverrons bientôt, soyez-en certains. "

J'essayais de me lever pour échapper à ce qu'il me préparait, mais je ne pouvais pas. J'étais allongé sur cette foutu table d'opération depuis 30 minutes, et je venais seulement de me rendre compte que mes poignets et mes chevilles sanglantes étaient attachés. Je le regardais presser une main contre mon front pour plaquer ma tête sur la table. Je sentais quelque chose monter en moi. Une impuissance face à ce qu'il se passait, et une incompréhension de toute chose.

- " Wow, wow ! Attendez une seconde ! Avant de faire quoi que ce soit, on peut pas se présenter à l'amiable ? Vous savez tout de moi, et moi, rien ! Est-ce que je peux JUSTE savoir votre nom, pour pouvoir vous insulter la prochaine fois qu'on se verra ? "

Son regard verdoyant rencontra le mien alors que l'aiguille s'enfonçait dans mon bras. Un sourire distordu déforma son visage et, tandis que ma vision se troublait, l'Allemand me répondit :

- " Mon très cher Dempsey ! Appelez moi Richtofen. Votre médecin préféré et meilleur ennemi à compter de ce jour... "

Sur ses mots, je m'évanouis à nouveau.

Tank Dempsey: troisième entrée, terminée.

L'Agartha: [ TANK Dempsey ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant