Le diable en vacance [ jikook] Tome 1

17

Trois jours s'étaient écoulés depuis que Jimin avait plongé dans le coma, et autour de lui, un bruit incessant résonnait, un bip régulier provenant des machines qui surveillaient ses signes vitaux. L'odeur antiseptique de l'hôpital engourdissait ses sens, tandis que des lumières blafardes inondaient la chambre, créant une atmosphère à la fois froide et clinique.

« Peut-être que je suis finalement arrivé, » pensa-t-il, les yeux toujours fermés, un sourire fugace se dessinant sur ses lèvres. C'était une pensée réconfortante, une échappatoire à la douleur que la vie lui avait infligée.

Cependant, son sourire s'effaça brusquement lorsque, après un moment d'hésitation, il ouvrit les yeux. La lumière trop vive le fit grimacer, et il balaya la pièce du regard. Des murs blancs, un plafond haut, des appareils médicaux qui clignotaient, et une fenêtre teintée de lumière filtrée par des rideaux. Son cœur s'emballa alors qu'il réalisait où il se trouvait.

La porte s'ouvrit et Lisa entra, son visage illuminé par un sourire d'espoir.

- « Enfin, tu t'es... » commença-t-elle, mais ses mots furent interrompus par la fureur de son frère.

- « Pourquoi tu m'as fait ça ? » cria-t-il, sa voix pleine d'une douleur sourde.

Lisa, confuse, plissa les yeux, cherchant à comprendre.

- « Fais quoi ? » demanda-t-elle, son cœur se serrant d'inquiétude.

- « Tu ne pouvais pas me laisser mourir tranquille ! » s'écria-t-il à nouveau, des larmes coulant sur ses joues, mélange de rage et de désespoir.

La voix de Lisa se brisa alors qu'elle pleurait, tentant de le calmer.

- « Calme-toi, Jimin... »

- « Tu as tout gâché ! » cria-t-il, se débattant dans son lit, arrachant les perfusions qui l'entouraient, ses mouvements frénétiques lui causant une douleur aiguë.

Le bruit des pas précipités résonna dans le couloir, et Yoongi entra, suivi de plusieurs médecins, leur regard sérieux et alarmé. Ils se précipitèrent vers lui, le retenant fermement alors qu'il luttait.

- « Jimin, calme-toi ! » ordonna Yoongi d'une voix ferme, mais empreinte de compassion. L'un des médecins s'approcha avec une seringue, administrant un tranquillisant qui commença à apaiser le corps agité de Jimin.

Les larmes de Lisa coulaient librement, son cœur lourd de chagrin.

- « Qu'est-ce que je peux faire pour l'aider ? » demanda-t-elle, la voix brisée par l'angoisse.

Yoongi soupira, son regard se perdant un instant dans l'infini de la pièce.

- « La mort de votre père l'a vraiment affecté, » dit-il, son ton sérieux. « À sa sortie, il faut le surveiller 24 heures sur 24. Fais en sorte qu'il soit loin de tout ce qui pourrait le pousser à se blesser, d'accord ? »

Lisa acquiesça, même si une part d'elle était désespérée. Elle savait qu'il lui faudrait être forte pour son frère, mais l'incertitude et la peur la submergeaient.

À sa sortie, Jimin avait tenté à maintes reprises de mettre fin à ses jours, chaque tentative un cri de désespoir face à une douleur insupportable. Lisa, désespérée et ne sachant plus quoi faire, avait pris la décision difficile d'écouter les conseils de Yoongi, celui de l'interner dans un asile.

Le jour de son admission, la lumière du jour se mêlait à l'ombre des arbres qui bordaient l'établissement. Le bâtiment, imposant et austère, avait des murs de pierre froide qui semblaient absorber toute chaleur. À l'intérieur, l'atmosphère était lourde, les murs peints d'un blanc clinique, ponctués de portes fermées qui murmuraient des histoires de souffrance et de réhabilitation.

Chaque jour, Lisa venait le voir, prenant place sur une chaise en plastique dur, son cœur lourd de chagrin alors qu'elle voyait son frère, l'esprit perdu dans un océan de douleur. Il était devenu un étranger, l'ombre de l'homme qu'il avait été, ses yeux vides témoignant du combat intérieur qu'il menait.

Elle s'efforçait de lui parler, de raviver la flamme qui avait autrefois illuminé son regard. Chaque mot qu'elle prononçait était comme une caresse, une tentative désespérée de le tirer hors des ténèbres qui l'engloutissaient.

- « Jimin, je suis là. Je ne te laisserai jamais tomber, » lui murmurait-elle, sa voix pleine d'émotion. Mais il restait silencieux, les yeux perdus dans le vide, comme s'il ne pouvait voir ni entendre son amour inébranlable.

Les jours se transformaienent en semaines, et Lisa continuait de se battre. Elle avait pris l'habitude de lire à voix haute des passages de leur livre préféré, espérant qu'un écho de leur enfance résonnerait dans son esprit. Chaque soir, elle lui apportait des photos d'eux, des souvenirs de moments heureux, lorsqu'ils jouaient ensemble dans le jardin, riant aux éclats sous le soleil. Mais même ces souvenirs ne semblaient pas suffire à briser le mur de désespoir qui l'entourait.

Un jour, alors qu'elle feuilletait un album, elle tomba sur une photo d'eux à la plage, ses cheveux ébouriffés par le vent, un sourire éclatant sur le visage. Elle la montra à Jimin, espérant voir une réaction, un scintillement de reconnaissance.

- « Regarde, Jimin ! C'était notre jour à la plage. On s'amusait tellement, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle, son cœur battant à tout rompre.

Mais il ne bougea pas, ne réagit pas. Le silence s'étira, lourd et oppressant, et les larmes de Lisa commencèrent à couler à nouveau. Elle se leva, frustrée par son impuissance.

- « Pourquoi ne peux-tu pas me voir ? » s'écria-t-elle, sa voix brisée par le chagrin. « Je sais que tu es encore là, quelque part en toi ! »

Un homme en blouse blanche, le psychiatre de Jimin, entra dans la pièce à ce moment-là. Il observait la scène avec une attention bienveillante, puis s'approcha doucement.

- « Lisa, il faut lui laisser du temps, » dit-il d'une voix calme. « La guérison n'est pas un processus linéaire. Chaque petite chose que vous faites pour lui compte, même si cela ne se voit pas tout de suite. »

Elle hocha la tête, mais l'angoisse lui serrait le cœur. Elle avait tant peur que son frère ne revienne jamais à la vie, qu'il ne se rappelle jamais des rires et des joies qu'ils avaient partagés.

Avec le temps, Lisa apprit à prendre soin d'elle aussi. Elle commença à participer à des groupes de soutien pour les proches des personnes souffrant de dépression. Cela lui apporta un peu de réconfort, lui permettant de rencontrer d'autres personnes qui comprenaient sa douleur. Elle partageait ses inquiétudes, ses craintes, et même ses espoirs.

Parfois, elle se demandait si Jimin pouvait l'entendre, si, dans ses rêves sombres, il ressentait sa présence. Elle s'accrochait à l'idée qu'un jour, il ouvrirait enfin les yeux et lui sourirait comme avant.

Un matin, alors qu'elle se préparait à le visiter, elle sentit une vague d'espoir l'envahir. Elle prit une nouvelle photo d'eux, la dernière qu'elle avait prise avant l'accident, et la glissa dans sa poche. Ce jour-là, elle déciderait de lui parler de leur père, de ses souvenirs, de tout ce qui leur avait été cher. Elle espérait que cela pourrait l'aider à se reconnecter à son passé, à retrouver un sens à sa vie.

Lorsqu'elle entra dans la chambre, elle prit une profonde inspiration, s'approchant lentement de lui.

- « Jimin, tu te souviens de papa ? » commença-t-elle, sa voix tremblante mais déterminée. « Je veux te parler de lui... »

Elle poursuivit, les mots coulant de son cœur, partageant des récits d'amour et de rires, des moments passés ensemble en famille. Dans cette chambre d'hôpital, remplie de machines et d'un silence pesant, elle espérait qu'un jour, Jimin entendrait son appel et reviendrait vers elle.