Un été comme un autre

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Tout commença un samedi, exactement l'avant-dernier samedi des vacances scolaires. Mon frère, Bastien, et moi terminions nos bagages en attendant l'arrivée de nos parents qui devaient nous amener voir nos grands parents.

Ces derniers, depuis 5 ans, louaient un bungalow dans un camping au bord de l'océan et ils nous invitaient, mon cousin, mon frère et moi, à passer la semaine avec eux. Les premières années nous avions changé de coins mais, depuis 3 ans, papi et mamie avait été séduit par un camping perdu dans la forêt.

Ce dernier était quand même assez grand et présentait de nombreux atouts comme son épicerie et un chemin goudronné qui nous donnait accès à la plage en moins de deux : grâce à ça pas besoin de sortir la voiture !

Montée dans la voiture et préparée avec mes écouteurs enfoncés dans les oreilles je me remémorais mon été et m'imaginais la semaine prochaine. Je commençai mon cheminement intérieur par mon début d'été et ma soirée tente avec mes amis, je continuai par mon voyage de deux semaines à Nerja en Andalousie pour finir sur mes semaines de repos. En pensant à la semaine qui m'attendait je me rappellais de mon auto promesse.

"Dans une semaine, tu es à O. pour ton nouveau lycée, ton nouveau départ. Tu viens de sortir d'une mauvaise relation qui a duré trop longtemps alors on fait un été tranquille."

Tout en pensant à ça je me disais que cette semaine n'allait rien changer à mon été : grave erreur !

Habituellement, ou du moins depuis les trois dernières années je traînais avec les potes que mon frère se faisait car j'avais peur d'aller vers les autres. Tous les ans, il ne se passait rien de spécial, rien d'extraordinaire, je m'ennuyais presque un peu.

Je regardais la route que je connaissais par cœur en attendant l'arrivée. J'étais quand même heureuse de retrouver un ami que nous nous étions fait car je savais que dans tous les cas je n'aurais pas été entièrement seule.

En arrivant à l'entrée, nous attendîmes mon petit cousin qui traversait le camping pour nous apporter les clés du portail. Monté avec nous, nous avançâmes dans le camping.

A l'entrée de ce dernier, un parc, où se trouvait un grand boulodrome, un terrain multisport, un préau qui servait de club enfant et des trampolines, nous servait de place de vie pendant une semaine, autour de ce parc nous trouvions la supérette, le "kebab" et le restaurant du camping. Nous zizaguâmes jusqu'au mobil-home où nous attendaient nos grands parents. Mon frère et moi descendîmes nos affaires et au bout d'une dizaine de minutes nous étions déjà partis en vadrouille.

Un skate sous le bras chacun et notre cousin qui nous courait après comme un dératé, nous partîmes en direction du city stade. C'est alors que Bastien me demanda :

"Tu sais si Carl revient cette année ?

- Comme je te l'ai déjà dit 15 fois : oui, je lui ai envoyé un message en arrivant mais il ne m'a pas répondu, ais-je répondu.

- Il a enfin un téléphone ?

- Oui, je crois, il m'a appelé donc j'imagine que oui. »

Une voix que je ne reconnut pas cria mon prénom. Je me tournais comme une idiote en observant les alentours à la recherche de la provenance de cette voix. Carl était assis sur une table de pique-nique avec un autre garçon, quel était son prénom déjà ? Nous l'avions déjà croisé l'année passée mais il rentrait alors que l'on arrivait. Nous nous avançâmes alors vers eux et nous asseyâmes à la table qu'ils occupaient, heureux de nous retrouver. Le garçon s'appelait Yan, il avait mon âge, 15 ans, et comme l'année dernière, il s'en allait dans la soirée.

"Je t'ai envoyé un message ! dis-je à Carl.

- J'ai pas vu, j'ai toujours pas de cell, c'était celui de mon père.

- Tu te fous de moi ! je commence, j'ai limite harceler ton père pour savoir où tu étais."

Les garçons pouffèrent de rire et je me joignis à la bonne humeur créée. Après le départ de Yan, nous bougeâmes de quelques mètre pour que les trois garçons restant jouent au Basketball ou au foot, cela dépendait de l'humeur général. Après un temps nous retournâmes manger, avec papi et mamie.

Les horaires étaient stricts : Le déjeuner était à midi pile, le dîner à 19 heure et pas question d'être en retard ! Ce soir là, mon frère et moi négociâmes notre couvre feu et à peine le sujet était sorti, la réponse était en dehors de nos attentes :

"Du coup, à quelle heure on doit rentrer le soir ? Demandai-je.

- minuit."

Je lançai un regard avec mon frère et nous répondîmes rapidement que c'était parfait.

Nous rejoignîmes rapidement le terrain, mais avant ça, comme tous les soirs il y eu un petit jeu avec notre cousin et un changement vestimentaire : la journée les températures montaient à environ 35°C mais le soir elles ne dépassaient jamais les 25°C, alors la journée c'était short pour tous le monde et le soir on préférait les jeans avec, dans un sac qui contenait déjà mon enceinte, un pull ou une veste.

Arrivé là bas j'ai repris ma place habituelle : assise sur les bordures en bois du terrain avec mes écouteurs dans les oreilles. J'étais là assise avec parfois un ou deux écouteurs, je regardais les gens, espérais pour qu'ils viennent me parler mais ça n'arrivait jamais. Je n'y allais jamais non plus, c'est vrai, j'avais trop peur. Peur des gens, de leurs regards, jugements et du reste. Mais j'avais tord.

Je regardais mon frère et Carl jouer, c'était la soirée des Lucky-Luke, le jeu de basket où l'on élimine le joueur devant soir en marquant avant lui, c'était très drôle de les regarder jouer : mon frère était très mauvais perdant et Carl n'arrêtait pas de se moquer de tout ce qui bougeait.

Carl est un garçon qui à deux ans de moins que moi donc un an de moins que mon frère. On l'a rencontré ici lors de notre première année au camping et ça a accroché. L'année d'avant, les retrouvailles s'étaient faites par pur hasard, on s'était croisé, il m'avait reconnu et hop ! Lui, venait depuis déjà 8 ans, toujours la même semaine, toujours le même camping. Il connaissait du monde et était d'une extrême gentillesse bien qu'il soit un peu idiot.

Ce soir la il y eu énormément de monde, je n'en avais jamais vu autant ! Les gens passaient rapidement, ils étaient doué, mon frère parlait à du monde tout comme Carl et moi j'étais juste spectatrice de ma vie. Tout ces gens, heureux d'être là dans des groupes qui semblent être créée depuis si longtemps. Que des sourires sur les visages... C'était si beau à voir. Une foule de belles personnes souriantes et heureuses.

Je me demandais si c'était l'esprit de l'été qui rendait toutes les personnes autour de ce terrain belles. Ce grand blond, cette petite brune aux yeux clairs, ce joli brun, ce garçon avec une décoloration qui m'aurait parut horrible. Je regardais ces êtres vivants regardant d'autres gens, jouant, vivant.

La soirée était longue mais mon frère avait ajouté une nom à notre liste de copains de passage : Damien. Un garçon de Montpellier qui venait pour la première fois. 17 ans, rugbyman, pas très grand mais avec une super bouille !

A minuit moins cinq, j'allai voir mon frère pour lui dire que je rentrais. Nous dîmes au revoir à tout le monde, et nous rentrâmes. En arrivant, sans bruit nous rangions les skates dans le coffre de la Clio de nos grands-parents et nous nous couchions après un débriefing habituel.

ÉphéméritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant