La journée, nous avions nos habitudes : le matin vers neuf heures et demi, dix heures, nous allions à la plage, la plus part du temps,Carl se joignait à nous. Nous prenions nos bodyboards et nous partions à pied avec le strict minimum jusqu'à la plage. On devait passer environ une heure et demi voir deux heures dans l'eau, jouant dans les vagues, avec ou sans planche. Quand on en avait marre on remontait sur le sable où ma grand-mère nous attendait et nous nous reposions.
Cette été là, l'eau était encore extrêmement bonne alors un simple lycra suffisait pour aller dans l'eau. J'ai sorti le mien du sac et Carl m'a fait de gros yeux :
« J'ai pas de lycra... »
- Fais pas ça, fais pas ça... avais-je pensé, Tu veux le mien ? Je pense pas rester trop longtemps dans l'eau, j'ai finalement dit.
Je l'avais fait... J'avais perdu mon lycra pour la semaine.
Nous rentrions toujours pour environ onze heure et demi comme ça nous avions le temps de nous doucher car la douche était une blague de plus : celle du bungalow était réservé aux planches de bodyboard cherchez l'erreur. Nous devions alors aller nous doucher dans les douches publiques. Alors que nous avions une douche ! Lorsque c'était fait, le repas se faisait dans la bonne humeur.
L'après-midi, nous avons rejoint Carl et Damien et nous sommes resté au city, les trois se trouvaient des amis, discutaient avec moi. J'étais de garde de téléphone et gérais la musique qui sortait de mon imposante enceinte.
Le monde changeait au fil des heures, les gens, les jeux, les musiques. Tout changeait sauf notre bonne humeur et celles de tous les autres. A un moment, un petit enfant arriva sur le terrain accompagné de son père, ce dernier portait un ballon de Basketball. Ils se sont mis à jouer sous nos quatre regards : les garçons s'étant arrêté un moment pour récupérer de leur effort. Le petit était exceptionnel : il rentrait tous ses paniers, défendait en passant à côté de son père qui lui aussi jouait extrêmement bien.
Carl, Damien et mon frère les avait rejoint et avait débuté un match en trois versus deux avec Carl du côté du père et du fils. Ce n'était pas un réel match : ils jouaient sur demi terrain et devait simplement marquer des paniers. J'ai tant rigolé en les regardant, Bastien et Damien poussaient des hurlements de rage lorsque la balle ou le point leur échappait. J'ai aussi failli me prendre des ballons dans la tête plusieurs fois mais merci ils sont toujours passé à côté.
Lasse de les regarder, je prenais parfois mon skate et faisais de petit tours, c'est ce jour là où j'ai initié mon cousin. Bien que pas très à l'aise je l'ai fait monté sur la planche et il a réussi à avancer. Au final il s'en sortait presque mieux que moi. En revenant vers le stade, le monde avait augmenté un match concret avait débuté. Nos deux amis ainsi que mon frère étaient dans la même équipe avec en plus un jeune homme contre le père, son fils et deux adolescents.
Le soir après le dîner, nous nous sommes retrouvés tout seuls avec mon frère : mon cousin ne sortait jamais le soir. En vérité ce dernier ne se faisait jamais d'amis lorsque nous étions en camping. Il était très solitaire toujours avec nous, c'était particulier mais il ne voulait pas d'aide à ce niveau.
Nous étions installés sous le club enfant, une grande salle avec deux pans de murs ouverts, l'un sur le terrain de beach volley, l'autre sur des tables de pique nique. C'était un dimanche soir et à côté de nous, derrière le terrain, un cinéma en plein air avait été créer. Les dialogues incessant du remake de Disney qui était diffusé emplissaient l'atmosphère.
Je faisais des tours sur ma planche, mon enceinte dégageait des musiques que mon frère choisissait. Ce dernier était assis sous le préau du club enfant sur le banc d'une table de pique- nique en bois pliable bancale. Le passage était régulier mais jamais personne ne s'arrêtait. Sauf lui.
Un grand garçon qui devait être à peine plus vieux que moi a passé un pan de mur. Il nous a salué d'un "bonjour" auquel nous avons répondu sans sortir de nos activités, pensant qu'il allait traverser mais non, il s'est assis en face de mon frère. Intriguée, je suis alors descendu de mon skate pour venir prendre place à côté de ce dernier.
Le garçon était grand, il devait atteindre les mètres quatre-vingt cinq voir quatre-vingt dix. Je l'ai rapidement reconnu, il était hier au stade : c'est le garçon qui porte une décoloration sur ses cheveux du devant. Il avait un charme particulier et un visage atypique.
Les questions de présentations basiques commencèrent donc :
"Comment tu t'appelles ? commença mon frère.
- Liam, et vous ?"
J'ai fondu à l'énonciation de son prénom tout droit tiré d'une série américaine : je rêvais !
"T'as quel âge ? ais-je demandé.
- 16 ans, et toi ? 18."
J'ai fondu une seconde fois en entendant son âge : 1 ans de plus que moi. Mais je me suis aussi étouffée toute seule en entendant la suite de sa question : 18 ans sérieusement ?
"J'ai 15 ans", je rigolais mais intérieurement je bouillonnais.
Le bel inconnu venait de Rennes, il attendait son demi-frère et était venu nous voir car il aime créer des groupes. J'étais enchantée bien que intimidée. Au bout d'un moment, il se connecta à mon enceinte et me fis écouter quelques musiques bien qu'en fond, le son du film diffusé au cinéma en plein air gâchait légèrement mon écoute.
Lorsque toutes les attentes arrivèrent, Liam et son demi-frère, Quentin, restèrent avec nous bien que de temps en temps il firent des allés-retours jusqu'au point de vue qu'ils avaient trouvé pour regarder le film sans payer leur place.
La nuit tombée vraiment et il commençait à faire frais, même en jean. J'ai alors proposé que l'on aille se poser au bar. C'était une grande salle entourée de canapé où nous pouvions simplement s'asseoir et discuter. En repartant du club, mon frère chantait joyeusement le refrain d'une vieille chanson d'un rappeur tout sauf sérieux qui avait comme par hasard ressorti un album récemment.
Liam a fait un commentaire à mon frère à ce sujet et mon cerveau était en ébullition. Si Liam avait eu le courage de juste venir nous voir avec un "bonjour" alors je pouvais essayer d'engager la conversation avec un album. J'ai saisi mon mince courage à deux mains et je lui ai simplement demandé :
"Dis tu as écouté son nouvel album ?"
Il arborait un sourire et m'a répondu positivement. Avant d'étaler mon adoration pour la musique et ma critique semi poussée pour cet album je lui ai demandé ce qu'il en avait pensé mais il m'a alors avoué qu'il ne l'avait pas encore écouté en entier. Notre discussion étant lancée nous nous sommes assis à côté par automatisme sur un canapé autre que celui de mon frère et ses amis.
Et nous avons parlé. Pendant bien une heure et demi voir deux, nous avons parlé de musique. Surtout de musique urbaine mais tous les genres, tous les albums, tout ce qui était sorti cette année y est passé. Quentin est parti à un moment mais Liam ne s'est pas arrêté pour autant de parler. Je buvais ses paroles, lisais sur ses lèvres, mémorisais ses yeux et j'étais déjà éblouie.
VOUS LISEZ
Éphémérité
Fiksi RemajaNous connaissons tous des histoires d'amour d'été totalement tirée par les cheveux. C'est ce qui fait l'imaginaire commun, la vision de l'amour parfait que tout le monde a. Et si je vous disais que j'ai vécu ça ? Que j'ai vécu un rêve éveillé penda...