Mystic Hospital

Chapitre 3

Loki

Je déteste les plateaux de tournage.

Père étant réalisateur, il nous avait souvent fait venir, Thor et moi, sur les divers studios où il filmait. Enfant déjà, je détestais la tension omniprésente lors d'un tournage. Les assistants traités comme des chiens, les comédiens et leurs petits jeux de pouvoir, Père qui manquait de respect à Mère en flirtant avec la nouvelle coqueluche d'Hollywood... Et quelques années plus tard, j'assistais toujours au même spectacle. C'était lassant.

- Lolo, tu peux appeler mon coach et programmer une séance de cardio avec lui pour ce soir ?

Je hochais de la tête à la demande de mon frère confortablement installé face à une coiffeuse, se laissant pouponner par les maquilleuses professionnelles. J'envoyais sans tarder le sms à Steve pour programmer la séance de torture que Thor voulait tant. Qui étais-je pour le lui refuser ? Le bruit d'un soupire et d'une personne s'asseyant brutalement sur la chaise derrière moi. Me fait me retourner Bien entendu, ça ne pouvait être que Stephen Strange. Après tout, on avait bien dit que ma marraine la bonne fée était une chieuse. Je le regarde discrètement, et constate qu'il a l'air épuisé. Est-ce que lui aussi n'avait pas réussi à dormir ?

- Coucou, Thor. Coucou... Loki.

Comment on respire déjà ? Faut faire ce truc avec le nez... Ah ! Oui. Inspirer de l'air. Je le fais très vite avant d'oublier et virer bleu. Il se souvient de mon prénom. Et je l'ai fais rire aussi. Enfin, il s'était plutôt fichu de moi. Et il m'avait offert le paquet de bonbon que j'avais oublié pour se faire pardonner. Evidemment, je ne l'avais pas ouvert, et il trônait depuis sur ma table de chevet. J'avais passé la nuit à le regarder, jusqu'à ce que mon réveil sonne et que je me rende compte que la journée commençait. J'avais des cernes immenses, et lui aussi visiblement.

Il m'adresse un petit sourire en coin, puis reporte son attention sur mon frère.

- Tu as lu le script ? C'est d'un cliché.

Thor acquiesce puis hausse les épaules, résigné.

- C'est ce que veut le public. Tes fans le réclament et les miennes également. On ne peut pas vraiment refuser.

Les mâchoires de Stephen se contracte alors qu'il s'installe plus confortablement sur sa chaise pendant qu'un groupe de maquilleuses s'affaire sur lui. Mais regardez-moi ces lèvres. Elles appellent aux baisers. Comme, je rêverais de glisser ma langue dessus...

- ... n'est-ce pas, Loki ?

Je clignais des yeux et regardais mon frère sans comprendre. Mon dieu, je devais vraiment me ressaisir.

- Tu disais ? Pardon, j'avais l'esprit ailleurs.

Thor me tapota gentiment la joue en guise de réprimande et pointa Stephen du doigt.

- Je disais justement à Stephen combien tu étais fan de Mystic Hospital.

Il n'a pas osé ? Je tourne mon regard vers le principal acteur de mes rêves érotiques, mortifié, et le découvre en train de m'observer avec un immense sourire. Oh si, il avait osé. Je le tuerais dans son sommeil, ce soir. Non, mieux. Je vais lui péter son tapis de course.

- Pas vraiment. J'aime surtout la regarder pour me moquer. Un médecin avec des visions, hein ? Fils du président ? La prochaine étape c'est quoi ? Descendant du Christ ?

Wouah. Loki, tu n'aurais pas pu le dire de façon plus condescendante.

Le sourire de Stephen disparait très vite, mais il n'arrête pas pour autant de me regarder. Il doit surement vouloir m'étrangler. Tant mieux, je jouirais du contact de ses doigts autour de mon cou avant de rejoindre le royaume des morts au moins.

Thor rit doucement tout en me tapotant la tête, ce qui a le don de me faire grogner.

- Loki a tellement d'imagination ! Tu savais qu'il voulait être auteur quand il était enfant, Stephen ? On devrait le laisser proposer ses idées aux scénaristes. Oh, et il ronronne aussi. Il est tellement adorable.

Adorable mes fesses, il va vite déchanter quand son précieux tapis de courses sera plein d'huile. Je soupire et repousse sa main avant de me lever et rejoindre la floppée d'assistants dans un coin du studio. Stephen et Thor prennent place dans le décor d'une salle de pause, cafés en main.

- Scène une, prise une ! Silence ! Moteur ! Action !

Le silence est d'or sur le plateau et Stephen s'installe sur une chaise alors que Thor arrive derrière lui.

- Docteur Master ? Je suis le nouveau neurochirurgien. Docteur Thunder, enchanté.

Stephen. Non, le Docteur Master, serre la main du Docteur Thunder puis s'immobilise. Les deux médecins se regardent dans les yeux en silence.

- Merde... Il n'y a pas idée d'être si canon, murmure le Docteur Master.

Comment ? J'en avale de travers mon verre d'eau, manquant de m'étouffer, et me fait gratifier d'un regard noir pour le bruit indésirable par l'un des assistants caméra. La scène continue d'être tournée cependant, et c'est avec horreur que je vois Thor me voler encore une fois l'une des choses que je désire le plus au monde. Ses lèvres se pose sur celles de Stephen, et tout les deux échangent un baiser passionné.

- Coupez !

Je suis complètement tétanisé, par ce qu'il vient de se produire. C'étaient donc de ça dont ils parlaient avant. Thor me rejoint avec un immense sourire et visiblement très fier de lui.

- Quand on m'a annoncé que mon personnage allait faire virer de bord le Docteur Master, je n'ai pas pu refuser. Tu as vu, mon Lolo, je joue un personnage gay comme toi.

Je vois rouge. Littéralement. Stephen nous rejoint et je fronce les sourcils, en le regardant durement. Ce n'est qu'un jeu d'acteur. Je le sais. Je le sais vraiment. Mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de hurler. Stephen m'observe étrangement en me voyant si énervé. Il pause une main sur l'épaule de Thor et continue de me détailler.

- Le réalisateur aimerait te parler.

Mon frère hoche la tête et m'abandonne avec l'homme de ma vie, qui pose un doigt entre mes deux sourcils. Oh mon dieu, Stephen Strange me touche.

- Je ne sais pas pourquoi tu es énervé, le bisounours, mais je te conseille de te détendre.

Le bisounours. Il m'a donné un petit surnom affectueux. Je détends automatiquement mon visage et soupire doucement avant de hocher la tête.

- Désolé, j'ai passé une sale nuit, dis-je en marmonnant.

- On a tous passé une sale nuit, bisounours. Tu n'es pas le seul, chuchote-t-il à mon oreille avant de rejoindre une floppé d'autres assistants.

J'étais rouge, non plus de colère mais d'excitation. Il m'avait renvoyé ma tirade de la supérette d'une manière tellement intime, que j'en frissonnais. Ce n'est que mon deuxième jour, et je suis déjà fichu.