Dans un livre :
« Un jour. Une heure. Un temps indéfini avant l'aurore. Le brasier de mes sentiments s'enflamme au clair de lune. Ce sentiment profond d'amour gagne mon être en chaque instant. La vie que je souhaite s’étend devant moi telle un horizon sans fin, sans limites. Perdu dans l'univers infini de ces flammes brulantes, je songe au futur. Le rêve de ma vie passée relate mes fautes et mes plaies. D'un coup de stylo j’arrache la fleur épineuse et onirique de ce que je ressens. La profondeur de son être, la caresse de sa peau, l'illusion de sa voix, tout me ramène a ce que je vois d'elle. Oui. Elle cette fleur sauvage, indomptable et impitoyable qui coure devant moi en appelant mon âme. Ce sentiment de cristal doré me fait frémir d'un frisson éthéré. Ce qu'elle me dit est si semblable a une mélodie. Une symphonie qui gagne mes oreilles dans un murmure si pur. Je ne peux me passer de son texte, de ses envies, de ses prétextes. De ce qu'elle n’avouera jamais sauf dans une perle de rosée coulant depuis ses yeux bleus océan. Un terme qui signifie énormément c'est le présent, loin de tout ce qu'elle m'apprend et proche de tout ce qu'elle attend. Une femme délicate, pure, sensible ne peut être prise dans ce monde intangible. J'espère qu'elle n'aura plus peur un jour de décrire son amour. Je souhaite que, dans ce monde, elle me trouve. J'aurais tant d'espérance à combler sa présence qu'elle trouverait la force de partager ma chance. Autant de rêves dans l'illusion de l'amitié pousse le rêveur a vaciller. Un jour un homme sur un voilier viendra pour t’épouser, de l'océan lointain il aura trouvé le vin de l'ivresse dans tes bras et ta foi. En lui tu verras peut être celui qui t’aimeras pour la vie…. »
Pégase : « J'adore ce livre ! Vraiment ! Qu'en pense tu Nalia ? »
Nalia : « Ouais c'est encore un livre à l'eau de rose …. Tu devrais penser au travail au lieu de lire des livres a longueur de journée ! »
Pégase : « Oh je t'en prie grande sœur ! Tu ne peux pas m'empêcher de tomber amoureux de ces lignes si poétiques ? »
Nalia : « Si ! Tombe amoureux de ton travail au lieu de tes livres qui te bercent d'illusions ! Moi je retourne travailler dans une heure et tu n'as toujours pas préparé le repas ! Sérieusement pourquoi j'ai accepté de venir vivre chez toi ? »
Pégase : « Je me le demande effectivement … »
Nalia : « Qu'à tu dis ?! Arrête de marmonner quand je te parle ! »
Pégase : « C'est pas parce que tu vis ici le temps de te trouver une maison que tu dois me critiquer sans cesse sur ma façon de vivre ! »
Elle partit en claquant la porte de la chambre. Je n'avais plus qu'à préparer un repas digne de ce nom pour me faire pardonner. Ma sœur était tout ce qui me restais de la Grande évasion. Nos parents avaient quitté Eléria dans un élan de frayeur qui n'avait aucunement lieu d'être . La planète ne comptait que quelques couples ou personnes seules ayant décidé de rebâtir et de ne plus se soucier de ceux qui nous avaient abandonnés. Ma sœur était une personne forte et a la fois admirable. Elle avait les cheveux d'un noir ébène que l'on ne trouvait pas ailleurs, ses yeux marrons dégageaient une telle noirceur qu'il m’étais parfois indispensable de lui demander si elle était en colère ou non. Sa forte carrure m’obligeait aussi a rester sur mes gardes quant a nos disputes fréquentes. Mais je l'appréciais sincèrement. Je n'avais pas le besoin d'être souvent en sa présence bien que notre lien fraternel sois grand. Cependant parfois elle me glissait tout de même certaines petites attentions qui ne manquaient pas de me faire sourire.
Je me mis a rêver tout en cuisinant. L'amour était il réellement comme le décrivait l'auteur ? Pouvait il y avoir un tel instant de douceur dans la vie d'un Elérian ? Visiblement la Terre avait des trésors inestimables . Et nous sur Eléria nous n'étions pas à la hauteur de ce Paradis céleste. Je me posais toute sortes de questions et me perdais, petit a petit, dans l’entrelacs des pensées les plus folles. Un jour j'irais voir de moi-même ce que cette Terre a, à nous offrir. Tellement de merveilles « d'Amour » comme ils l'appellent.
Nous connaissions peu l'amour sur Eléria. Il faut dire que cela ne nous était pas enseigné dans les écoles ou dans les institutions comme décrites dans ce livre. L'auteur ne me parlait guère d'aventures qui n'aient pas un lien direct avec cet Amour. Pour nous l'amour était quelque chose qui n'avait pas toujours une raison d'être. Nous ne nous reproduisions qu'avec l'aide de nos intelligences artificielles. Du fait qu'elles aient été mises hors d'états, nous avait beaucoup affectés car la population d'Eléria ne pouvait plus croître. Bien entendu nous avions rétablis quelques entités technologiques mais dans l'ensemble elles ne pouvaient plus procréer pour nous.
Le repas était prêt. Il ne manquait plus qu'à épicer la sauce. Un régal. Voilà ce que j’appelais l'amour. Cet amour du travail bien fait comme décrit par l'auteur dans son livre. Il disait même que les Terriens ou « Humains » quittaient leurs travails respectifs lorsqu'ils ne le pratiquaient pas avec amour. Je m'étais tellement inspiré de cela que j'avais décidé d'arrêter de travailler dans les champs. Ma sœur ne comprenait pas cette ingérence de ma part. Elle pensait que je devais travailler quoiqu'il arrive même si je mourrais en travaillant. Mais comment j'aurais pu ?! Mourir en travaillant ? Rendez vous compte ! Je détestais cette vision que je considérait comme archaïque. Ma sœur ne se rendait pas compte de cela car elle n'avait pas lu tout ces ouvrages sur les passions humaines, sur l'amour, sur l'amitié. Peu de personnes ici comprenaient véritablement ces concepts. On ne savait pas a quoi cela pouvait servir d'aimer réellement quelqu'un et pourtant cela paraissait tellement sublime a mes yeux. Cette ivresse décrite par l'auteur, ce brasier brulant en lui, ce cristal qui le faisait frémir d'amour. Comment pourrions nous passer a coté de cela ??
Ma sœur sortis de sa chambre. Elle vint alors vers moi et commença a me parler.
Nélia : « C'est prêt ?! J'ai vraiment faim…. »
Pégase : « Oui un peu de patience, c'est pas tout a fait chaud. »
Nélia : « Pourquoi prend tu autant de temps pour cuisiner ??! »
Pégase : « Eh bien je fait ça avec Amour, vois tu ? »
Nélia : « Bah …. Sois amoureux de ton travail obligatoire ! C'est tout ce qui compte ! »
Pégase : « Travail …. Obligatoire …. Ça me répugne de dire que je peux être amoureux sans liberté. Dans mon livre ils disent que l'amour c'est la liberté et … »
Nélia : « Blablabla …. Ton livre c'est un gros mensonge. Bref je pensais a un truc. Tu ne veux pas venir travailler au champ aujourd'hui ? Ils disent qu'on gagne double ration. »
Pégase : « Eh bien …. J'ai encore un livre a lire … »
Nélia : « Oh mais on s'en fou de tes livres !! Viens avec moi on pourra manger pour deux ce soir . »
Pégase : « Bon … eh bien je n'ai pas le choix visiblement… »
Nélia : « Non !! »
Je mangeais plus lentement que Nélia. Elle était si pressée de retourner travailler que cela frisait la folie. Mais je prenais la décision, non sans rancœur, de l'accompagner en ce jour d'été. La récolte était bientôt là. Nous devions simplement arracher sans cesses les herbes poisons. Ces herbes qui ne faisaient que ralentir la croissance de nos cultures n'étaient pourtant pas empoisonnées. Le seul désavantage de ces plantes était certainement leur coté hallucinatoire a fortes doses. Quand je lisais les livres des humains, je me rendais compte de leurs possibles utilité dans le traitement de certaines affections. Eux, n’utilisaient pas toutes les plantes mais certaines avaient des avantages considérables sur la santé. Nous, mis a part cuisiner, manger ou utiliser les récoltes dans le but de nourrir les Kachals, nous détruisions tout ce qui n'avait pas de lien avec l'alimentation. Comment pourrions nous découvrir les vertus des plantes sans en consommer à minima. « Des pionniers de l'agriculture. » C'est ce que disait notre roi. Je ne le voyais pas de cet œil. Pour moi nous étions juste des esclaves servant un intérêt commun ne tournant qu'autour de l'alimentation.
J’enfilais mes chaussures. Nélia était déjà sur le point de partir. Habillée légèrement, dans un enthousiasme sans faille, la faux à la main, elle ne s'était pas aperçut qu'au lieu de ma faux j'avais pris un livre. Un beau livre. Celui dont je vous ai parlé il y a peu. Sa couverture dorée, gravée de symboles inconnus pour nous, me paraissait si agréable que je ne pouvais m'en passer.
Une fois sorti de la maison en pierre rouge de nos parents, car oui moi seul avait hérité de cette demeure, ce qui irritait souvent ma sœur, ne comprenant pas un tel revirement de situation. Souvent mes parents acceptaient et toléraient le travail mais ils n'en faisaient jamais une histoire idéale contrairement à ma sœur. Peut être était ce pour cela qu'elle avait fuit dans un moment sombre de sa vie. Refusant l'attachement de nos parents pour la Terre et ses mystères. Nous étions tout de même sortis de cette maison rougeâtre, nous dirigeant vers le champ. Quelques minutes a pieds à travers la forêt suffisaient.
Le champ était vaste. Il s'étendait a perte de vue, par delà les montagnes bleues, le lac rose et la forêt impériale délimitait, au loin, sa frontière. Là dans la chaleur propice à la pousse des légumes, j’empruntais une faux. Le travail commença. Je faisais valser cet outil de gauche à droite entre les pieds de légumes espacés de plusieurs mètres. Cette étendue herbeuse était composée d'Anoukian. Une plante très haute, de plusieurs mètres. Elle me rappelait un peu les blés dorés racontés dans le livre de la Terre. Mais je pensais qu'ils étaient bien plus petits que l’Anoukian. Cette plante me surprenait par sa rapidité a pousser et atteindre des hauteurs impressionnantes, vertigineuses. Le travail était pénible. Ce mouvement constant ébranlait mes muscles. Des raideurs insoupçonnées se manifestaient déjà au bout de quelques heures.
L'avantage c'est que nous pouvions prendre autant de pauses que nous le souhaitions. L'inconvénient c'est que ce travail au champ était constant. Certains travaillaient la nuit, d'autres la journée. Parfois quelques uns travaillaient jours et nuits, prenant quelques pauses mais accomplissant un travail gargantuesque. Il est vrai que je ne m’acharnais pas vraiment sur ce travail. Cela ne m'intéressait pas vraiment et bien qu'il soit obligatoire, personne ne nous contrôlait. Je prenais donc un temps pour moi en m’asseyant sur les herbes abattues par ma faux. Je sortais ce livre épais. La page 309 me parlait de légèreté dans l'amour terrestre.
Dans un livre :
« Tel un oiseau volant au gré des vents, ma plume s'interroge sur l'amour. Elle qui est si libre de tout mouvement ne peut instaurer qu'un grand changement. Liberté et légèreté vont pairs dans ce monde si amer. Les choix que l'ont fait doivent êtres motivés par cette envie de voler, de se détacher, de se libérer de la cage dorée qui emprisonne nos rêves. Si je dois rêver, je veux que cela se fasse avec liberté. Non ne prenez pas le coté de mon âme qui ne peut pas penser avec légèreté. Apprenez que la vie se créé grâce à l'envol d'une plume dorée. »
La grâce de son texte me rendit songeur. Pouvions nous êtres libres ? Je fermais le livre quand je vis devant moi une femme aux cheveux blonds dorées, aux yeux bleus océan, au teint parfait et à la voix surprenante de beauté.
Lila : « Bonjour … que lis tu ? »
Je ne pouvais lui parler d'un livre prohibé.
Pégase : « Rien … c'est une aventure…. »
Elle me regarda d'un air espiègle puis ajouta.
Lila : « Une aventure dis tu ? Il vient de la Terre… ce livre. Au fait je m'appelle Lila. Et toi ? »
Pégase : « Euh non il ne vient pas de la Terre …. »
J'essayais de cacher le titre tout en feignant de recommencer à travailler.
Lila : « Ne me ment pas je vois bien que tu as peur. Je ne dirais rien sois en sur. »
Pégase : « Je n'ai pas peur … je … c'est un livre personnel…. »
J’esquivais tant que possible son regard pénétrant, transperçant même. Ses yeux d'un bleu profond cherchait une réponse tangible en mon âme. Mon cœur battait la chamade. Je ne pouvais lui avouer que mon livre traitais de l'amour. Pour qui m'aurait elle pris ?
Lila : « Je te repose la question, quel est ton nom ? »
Pégase : « Je m'appelle Pégase. Veux tu bien me laisser travailler ? Merci. »
Lila : « Je sais bien que tu es en train de lire un livre sur l'amour. C'est pas grave. Nous nous reverrons peut être. Bon labeur … »
Elle s'en alla. Pressée de me laisser seul avec ma faux. Sur laquelle je m’appuyais en l’observant s’éloigner peu a peu de moi. Je ne manquais pas de tomber songeur dans les bras de cette Elérianne vertueuse.
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La Flamme de Pégase
RomancePégase vit sur Eléria et ne vit qu'à travers les livres que lui ont rapportés ses parents des autres mondes et notamment de la Terre. Il s'ouvre alors aux songes et dans ses rêves l'amour avec un grand A se trouve sur Terre. Pourtant il va faire une...