Je m’asseyais dans l'herbe foisonnante, je n'avais pas la tête a travailler. Il fallait impérativement que je dorme encore un peu. Mon coussin de feuille était devenu tout a coup bien plus confortable qu'il n'y a quelques heures. Je m’allongeais donc de nouveau quand je vis une lumière blanche descendre sur moi. Elle m’enveloppa de son manteau chaud et délicat puis sortit de mon corps éreinté, engagea la conversation.
Lila : « Je suis désolé Pégase de t'avoir parlé ainsi mais je ne peux pas te laisser me défendre…. J'ai beaucoup a apprendre de lui. Et toi, tu ne pourrais le comprendre. Tant il m'apporte quelque chose dont j'ai besoin pour guérir et panser mes plaies. Tu te dois d'accepter cela même avec ta flamme dans le cœur. »
Pégase : « Je … ne comprend pas … »
Lila : « Tu n'as pas a comprendre. La vie est ainsi faite. Tu sauras me protéger le moment venu… mais aujourd'hui endors toi mon beau Pégase. »
J'ignorais quelle sorte de rêve je venais de faire, plaisant, agréable, mais incompréhensible car je ne dormais pas. En un clignement d'œil, un battement de cil cosmique, mes yeux se fermèrent m’emmenant profondément au pays des songes, dans le mélange onirique des pensées et des tourments.
Alors que je me réveillais, Omega Baltori étant déjà haut dans le ciel, je ne me rappelais pas de mes rêves mais de sa présence à mes cotés avant de m’endormir. Mais comment avait elle pu faire une telle magie ? Venir ainsi, comme une âme sans repos, me dire ô combien elle était désolée. Je ne pouvais attribuer cela qu'à l'herbe poison que j'avais vaillamment mastiquée avant de m'endormir. Oui cela n'était possiblement qu'un rêve éveillé. Une hallucination créée par mon esprit. Une divagation de mon être en rapport avec ma surcharge de travail avec l'effet psychotrope de l'Anoukian.
Je devais pourtant en avoir le cœur net et les idées claires, je devais retrouver ce Krokus pour lui poser des tas de questions afin de connaitre le fin mot de cette histoire tortueuse.
Je me levais de mon lit de fortune, ramassait ma sacoche en cuir de Kachal. Je devais le trouver, lui, cet immonde personnage rempli d'orgueil. Il allait devoir répondre a toutes mes questions sinon je le trancherais d'un coup de faux, tant pis pour les conséquences désastreuses que cela engendrerait. Je pris ma faux et mon sac, me dirigeant avec entrain vers le banquet où j'espérais avant tout prendre un bon petit déjeuner. Tomber sur lui serait une aubaine. Tant qu'à être soupçonneux, je devais en tirer avantage et le faire parler coute que coute. Elle refusait de me dire ce qu'il se passait bien que cela ait été un rêve, je devais avouer ne pas pouvoir passer outre.
Je m’installais à une table vide avec un peu de pain au miel d'Érinacées et quelques laitages de Kachals que j’affectionnais particulièrement. Le jus frais d’Orifrésia me réveillais de cette nuit noire bien qu’étoilée. Mon verre fini, Krokus vint directement se poser à ma table. Je ne l'avais même pas vu arriver. Il tapa du poing sur le mobilier en bois tout en s'égosillant.
Krokus : « Elle est a moi ! Tu ne la touche pas sinon tu es mort ! Un avertissement pas deux ! »
Je touchais ma faux et le regardais avec un air sombre et empreint de fureur avant de lui répondre.
Pégase : « Tu vois cette faux ? Je l’affute chaque jour pendant 1 heure. Elle est plus tranchante que la moindre de tes paroles vaines et vides de sens. Si toi tu touche encore ne serait ce qu'un cheveux de Lila, je te tranche la main aussi sèchement qu'une rangée d'Anoukian de 2 mètres de haut ! Maintenant tu vas me dire ce que tu lui veux, à Lila ? »
Krokus : « Ce que je lui veux ? Ah ah … » Il ricana avec un rire des plus grave. Puis il tapa de nouveau sur la table de son poing.
Krokus : « Elle m'appartient ! Nous avons signés un contrat ! Elle est ma soumise ! Donc ta faux ne me fait pas peur ! Moi c'est avec mes mains que je t’étranglerais ! »
Sur ces quelques mots accusateurs et tellement tranchants, Krokus se leva, mis un dernier coup de poing sur ce pauvre meuble et en me montrant du doigt s’éclipsa. Je ne pouvais qu'être fier de mon coup de maître même si je ne comprenais pas véritablement ce qu'il entendait par « soumise ». Je dû me faire à l'idée qu'elle était sous son emprise. Mais comment pourrais-je l’en débarrasser ? Surtout si elle ne le voulait pas elle-même…. Cela s’avèrerait risqué de tout tenter pour elle étant donné le peu de connaissances sur le sujet que je possédais. Je pris le partis d'en parler à ma sœur. Peut être comprendrait elle ?
Je la cherchait du regard dans cette atmosphère plus que plaisante du banquet a ciel ouvert. Nélia était certainement dans son champs encore et toujours. Elle ne rechignait pas à travailler et en oubliait parfois les repas ou les pauses. Quoiqu'il en soit je devais lui parler de tout cela. Je me levais de table amenant simplement mon verre ainsi que les contenants des laitages que j'avais consommé vers le comptoir de fortune. Je trouvais cela normal de débarrasser les récipients dans lesquels j'avais pu manger a ma faim pour éviter aux cuisiniers de se déplacer dans cette foule avec des verres, des objets coupants ou des contenants fragiles dans les mains. J'aurais aimé que l'on fasse de même pour moi si j'étais en cuisine.
Alors que j'étais au comptoir, en train de remercier les cuisiniers comme a mon habitude, quelqu'un me pris par le bras.
Lila : « Viens par ici toi ! »
Pégase : « Euh …. Lila ?! Encore toi ? » Je lui souriais de manière confiante mais elle ne me rendit pas mon sourire, elle semblait perplexe et quelque peu énervée.
Lila : « Je ne veux plus que tu parle à Krokus ?! Tu m'entend ?! Ah oui et puis laisse moi tranquille ! »
Pégase : « Comment ?! »
Elle se tourna et partis comme elle était venue. Sans un regard, sans un sourire. Elle m'avait relégué au rang de simple connaissance qui ne pouvait pas comprendre ce qu'elle vivait. Je me sentais nu, dépourvu de cœur car il avait cessé de battre pendant un instant. Tellement ces quelques mots m'avaient blessés profondément, je ne pouvais pas lutter contre les larmes qui coulaient sur mes joues. Je la regardais partir, ses cheveux ondulants sur ses épaules. Je me retournais vers le comptoir. Je pris alors mon visage entre mes mains tout en repensant a ce qu'elle m'avait dit. Avais je trahis sa confiance en confrontant Krokus ? Certainement…
Pégase : « Donnez moi un verre d'un de vos meilleurs vins rouge s'il vous plait …. »
J'allais noyer mon chagrin dans un verre rouge cramoisi qui ne reflétait par son goût que l’amertume que j’éprouvai en mon cœur.
Deux ou trois verres plus tard, ma tête se mettais a tourner. Je ne ressentais plus rien. Mon cœur était vide. Mes émotions avaient disparues dans le néant de verres de vins. C'est alors que je m’étendais sur le sol, n'ayant pas pour habitude de boire, j'avais fini par m’étaler par terre. Une voix scintillante me sorti de mon quasi coma. Les yeux embuées je voyais sa chevelure blonde et ses yeux bleus luisants comme des lucioles. Elle me prit par le bras et me remis debout, c'était sans doute en pensant que je tiendrais sur mes deux jambes frêles, malheureusement elle du me soutenir un peu plus que ce qu'elle avait prévue. Nélia arriva en grandes enjambées jusqu'à moi. Elles étaient maintenant deux a me soutenir. Je les entendais parler sans vraiment comprendre ce qu'elles se disaient. Un seul mot me vint à la bouche alors que toutes les deux s’évertuaient à me ramener dans ma maison de pierres rouges.
Pégase : « SOUMISE … »
Et je répétais ce mot encore et encore. Même lorsqu'elles me posèrent délicatement dans le lit, je ne pouvais m'empêcher de murmurer voir parfois crier ce mot qui m’écorchait la bouche. Malheureusement pour moi la nuit était déjà là. Je m’assoupis comme un bébé dans les bras réconfortants de sa mère. Tel un fœtus au chaud dans son ventre, je me blottissais dans le lit entre la couverture et les draps.
Je fut réveillé par le son d'une porte qui claqua violemment. Ma sœur venait de quitter la maison. En revanche je vis une chevelure blonde alors que je me levais tout en gagnant difficilement une chaise dans le salon. J’allongeais ma tête entre mes bras sur la table en bois massif. Je murmurais alors en me tournant vers Lila qui me regardais fixement, me lançant des éclairs luisants sortis tout droit de ses yeux courroucés par tant de bêtises.
Pégase : « Bonjour … Lila… j'ai mal a la tête. »
Lila me regardais mais elle ne disait aucun mot. Son air sérieux tranchait avec sa beauté. Mais qu'es ce qu'elle était belle avec ses yeux bleus, desquels on aurait cru voir une tempête du grand océan d'Eléria se déchainer devant moi sous l'effet de la colère et de son impétuosité.
Pégase : « Écoute Lila…. Je suis … »
Lila : « Ne dit pas un mot de plus… j'ai choisi cela. Cette route est la mienne et tu n'as pas a te mettre dans de tels états pour moi. Je suis en colère parce que je n'aurais pas la même vision sur mon contrat avec Krokus à partir de maintenant. Étant donné que tu es au courant et que ta sœur également, je te demande de garder le silence. Je ne veux pas que cela s’ébruite. Si tu en parle j'en parlerais a Krokus. Compris ? »
Pégase : « Je …. »
Lila : « Ne dit rien, cela vaut mieux. Je retourne travailler . Ta sœur t'as préparé un remontant pour te remettre d'aplomb. »
Elle se leva, pris un gâteau sec ( ceux que je détestais) puis partis en claquant elle aussi la porte derrière elle.
Je me demandais vraiment comment j'avais pu me mettre dans un tel état avec seulement 2 ou 3 verres. J'avais comme qui dirait « mal partout ». Un Kachal me serait passer dessus à ce moment là je ne l'aurais même pas senti avec ses 2 tonnes de muscles et de graisse. Je n'avais plus qu'à patienter que mon mal de tête disparaisse. Je bu tout de même la mixture préparé par ma sœur. Ça n'avait pas mauvais goût mais la texture onctueuse me donnais tout de même la nausée.
Je m’asseyais dans un fauteuil en cuir de Kachal, bien plus confortable que la chaise en bois. Puis tendant une main par-dessus mon épaule j’attrapais un petit carnet sur lequel je m’exerçais à la poésie. Quelques vers me ferais du bien. Saisissant ma plume à encre, je me mis a griffonner.
Dans un carnet :
« Béante est la lune, géante mon amertume.
Quand j'entend l'écume de la tempête des brumes
Je ris en silence du sort de mon innocence
Quelques brins d'herbe au soleil me montre les abeilles
Butinant sous l’oseille, je tend l'oreille
Ce bourdonnement incessant me fait penser aux milles fleurs
Celles-ci réchauffent mon cœur ou le transforme en pleurs. »
Je m’extasiais quelques peu devant ce que je trouvais sublime. Je continuais de griffonner quand une voix au dehors me rappela qu'il fallait aussi travailler.
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La Flamme de Pégase
RomancePégase vit sur Eléria et ne vit qu'à travers les livres que lui ont rapportés ses parents des autres mondes et notamment de la Terre. Il s'ouvre alors aux songes et dans ses rêves l'amour avec un grand A se trouve sur Terre. Pourtant il va faire une...