Je continuais mon dur labeur sans m'arrêter cette fois ci comme si je me refusais à me confronter a nouveau à son regard d'un bleu profond. Si elle serait revenue a cet instant, elle aurait vu un jeune homme rigide et fermé a tout sentiments. Mon visage ne laissait pas apparaitre une once de joie ou de bonheur, aucune émotion ne me traversais mis a part le bleu profond de ses yeux qui me faisais tressaillir de plaisir. Je ne comprenait pas cette sensation, nouvelle, et pourtant si belle. Je décidais alors de m'arrêter un moment, sondant ce plaisir qui montait en moi d'une façon tout a fait nouvelle, les frissons qui me parcouraient le corps étaient bien plus intense que lors de la préparation de mon repas. Je sentais une telle chaleur en moi, mon corps fusionnais avec la flamme du feu sacré. Un feu que je ne connaissait guère. Chaque montée de ce feu en moi me faisait revivre cette rencontre. Je finis par sourire, songeur des mots que je lui avais adressé. Sans cela, peut être je n'aurais pu croiser son regard.
Ma sœur arriva alors dans mon espace personnel. Elle me fixa un instant puis me sortant de ma torpeur .
Nélia : « Oh l'amour du travail t'as touché de plein fouet. » Elle se mis a rire a gorge déployée avant que je ne lui réponde.
Pégase : « Ce n'est nullement le travail qui me laisse songeur aujourd'hui mais je pense venir plus souvent travailler au champ. »
Elle me regarda telle une humaine ayant trouvé sa première pépite d’or et ajouta.
Nélia : « Alors là ?! Je suis abasourdie mon frère… tu veux revenir travailler ici ?! »
Pégase : « Oui ! Cela te poserait il un problème ? »
Nélia : « Oh très bien ! C’est ce que je voulais après tout…. Et puis j'aime te voir travailler on dirait que tu coupe l’air ambiant avec ta faux ! »
Elle se remise a ricaner mais cette fois ci je ne relevais pas son arrogance. Je savais simplement qu'en venant travailler régulièrement je pourrais revoir Lila et ses yeux bleus comme l'océan. Je me tournais vers ma sœur dans un élan frissonnant de compassion… Mais elle était déjà retournée au travail. J'aurais voulus lui avouer la véritable raison de mes songes, bousculant tout ordre établi en moi, pourtant ce n'était pas encore le moment opportun.
Je continuais mon travail. Coupant, rasant et arrachant les herbes folles qui me barraient le chemin. Je ne pouvais ni m'enlever son visage de la tête ni même penser a autre chose qu'elle. Elle m'avait conquis en l'espace d'une seule minute d'éternité.
La nuit était tombée et je pouvais cette fois ci, me résoudre a arrêter mon labeur. J'avais simplement besoin de m’alimenter, de me reposer et de rêver a nouveau en me plongeant dans un de ces livres terrien.
Je me dirigeais alors vers ce que l'on appelait le banquet des rois et des ouvriers. Il se tenait a quelques mètres, là, devant moi, dressé de toutes sortes de plats fabuleux. Des crustacés en sauce au vin m'attendait pour mon troisième repas de la journée. Nous avions aussi un repas copieux en pleine nuit car lorsque chacun et chacune travaillais au champ, les cuisiniers leur préparaient des mets délicieux afin qu'ils se ravitaillent en pleine nuit. Souvent nous accompagnons ces festins de danses, de musique, de quelques sortes de tabacs, de spiritueux. J'aurais beaucoup aimé être cuisinier. Cela ne dépendait pas de moi malheureusement. Chaque personne avait une assignation obligatoire et ma carrure assez svelte, ma musculature développée bien que sèche, me donnait le droit, et uniquement celui-ci, de mordre la poussière dans les champs. J’aspirais à bien plus que cela. Un de mes rêves, étant enfant, était de partir avec mes parents dans un vaisseau spatial et de découvrir la galaxie tout en œuvrant dans les cuisines de la nef. Mais les rêves de gosses étaient bien loin.
J'étais assis, mangeant mes crustacés en sauce, me débarbouillant parfois les mains et le visage. D'une main j’amenais les mollusques dans ma bouche et de l'autre je tenais ce fameux livre doré. La page 310 était une merveille d'architecture poétique. Il semblait que l'auteur avait emprunté les mots d'un poète terrestre. Quelques lignes passaient sous mes doigts quand je tombais nez a nez avec un mot intéressant.
Dans un livre :
« ….. de ses yeux bleus océans, je pouvais voir sa Flamme semblable a mon âme, qui rougeoyait dans un éclat de pureté infini…. »
Flamme… oui il avait utilisé ce mot là . Mais pourquoi dans ses yeux, voyait il cette flamme ? Comme si tout ce qu'il disait me rapportais a ma rencontre, je fermais le livre de peur qu'il ne me révèle d'autres secrets.
J’eus a peine fermer le manuscrit que j'entendis une voix douce et apaisante. Si douce qu'elle fit bondir la flamme de plaisir qui m'avait submergé il y a peu. D'un frisson incontrôlé je faillis m’étouffer quand elle s’assis en face de moi.
Lila : « Ne t’étouffe pas… je ne vaux pas cette peine que l'on meurt pour moi . »
Pégase : « Lila … »
Lila : « Oui c'est bien moi . » Elle me lança un sourire des plus sucrés. Je ne pu que répondre d'un air désintéressé tout en ravalant le crustacé qui avait presque pris le mauvais chemin.
Lila : « Tu lis encore ce livre ? »
Pégase : « Oui … j'en suis à la 310ème page. »
Lila : « Méfie toi …. La flamme dans tes yeux ne pourras pas toujours tout comprendre, ni contrôler ce que tu liras . »
C'était la deuxième fois qu'un crustacé fit de la résistance pour aller jusqu'à mon estomac. Je ne comprenais pas comment elle aurait pu savoir cela sans avoir lu un minimum ce livre. Mais elle partis comme elle était venue. Quittant la table où j'étais assis. Sans un mot mais avec un regard des plus doux et malicieux. Elle me faisait tourner la tête. Mes pensées étaient de nouveau chamboulées. Le plaisir de cette flamme invisible refaisais surface. Je n'avais plus faim. Il fallait que j'aille dormir et que je ne pense plus a celle qui avait transpercé mon cœur.
Je m’allongeais dans l'herbe poison (qui n'avait absolument rien a voir avec le nom qu'elles portaient), une brindille a la bouche, un coussin de feuille sous la tête et m’endormais paisiblement. On pouvait entendre la douce mélodie du vent se mêler a celle du banquet, emportant dans leurs sillages mes rêves les plus fou d'une douce nuit d'été.
Mes rêves me portent dans la nuit étoilée vers des mondes inconnus mais a chaque rêve une femme blonde aux yeux bleus m'apparaît. Que nous soyons sur Eléria ou sur un autre monde , nous sommes toujours voués a nous revoir, nous apprécier, nous embrasser. Et pourtant alors que je me réveillais je répugnais quelque peu cette idée. Nous embrasser ?? Vraiment ?? Un Elérian ne fait pas cela c'est jugé impropre. Même si mes parents le faisaient parfois devant ma sœur et moi, je trouvais cela étrange, voir même dégoutant. Je ne pouvais imaginer ce genre d'intimité entre une Elérianne et moi. C'était trop de contraintes que d'embrasser quelqu'un. Et puis cela ne lui conviendrait peut etre pas ? Peut être cela ne ME conviendrait pas ? Mais comment vivre cette passion dont parlait l'écrivain sans cela ? Cette flamme brulante dans mes yeux devait être attisée…. Mais comment ?
Je m’asseyais, je n'avais dormi qu'une petite heure, je croyait pourtant avoir dormi une nuit entière. J'avais rouvert mes yeux sur la nuit étoilée. La constellation du Kachal se déployait sous mes yeux. Notre étoile ne se lèverait que dans quelques heures et je n'arrivais déjà plus a fermer les yeux. Me rendormir serait certainement le même supplice délicieux. Retomber nez a nez avec Lila, elle qui hantait mes songes de ses yeux bleus azur. Je devais la retrouver, lui parler de ces rêves, peut être elle m’écouterais.
Alors que j'allais reprendre le travail cette pensée me traversa telle un éclair de bon sens. Je devais la retrouver. Cela s'apparenta quelques minutes à un besoin vital. Je ne cessais de penser à cela, à elle tout simplement. Cela paraissait si évident que je manquais de trébucher sur ma faux comme pour me rappeler l'importance de mon travail ici. Ses yeux m’appelaient de si loin. Là bas à l'autre bout du champ se trouvait Lila. Une chose inouïe que de tomber sur elle dans une étendue si vaste. Mais elle était là, dans le champ voisin. Alors que j’approchais à pas de loup bien qu'il n'y ait aucun danger, je m’aperçu qu'il y avait avec elle un Elérian plutôt robuste, dégageant un certain orgueil et une vanité sans égales. Il la tenait par le bras et lui demandait d'obéir promptement à ses ordres. Je n'osais m’interposer, ma voix intérieure ne fut pas de cet avis, et dans un élan de bravoure je sortis des fourrés, interpella ce grand gaillard tout en lui demandant de bien vouloir lâcher le bras de Lila.
Pégase : « Lâche la ! »
Lila : « Pégase ?! »
Krokus : « Il veut quoi la brindille ?! »
Pégase : « Laisse la tranquille ! Tu lui fait mal ! »
Lila : « Lache moi ! » éructa Lila en se débattant.
Krokus : « Ok ! On se reverra Lila ! » Il lança un regard noir a sa prisonnière passée et partit à travers les broussailles.
Pégase : « Que te voulait il ? »
Lila : « Rien d'important ! Il reviendra… tu es fier de toi ?! »
Je n’en croyait pas mes oreilles. Je venais de l’ôter d'une situation difficile, peut être même dangereuse et elle me lançait ce regard plein d’éclairs comme si elle ressentais le besoin de me faire souffrir de quelque manière que ce soit.
Pégase : « Lila … je viens de te sortir d'une mauvaise passe. Tu pourrais au moins être reconnaissante ? »
Lila : « Tu t'es mêlé d'une affaire qui ne te regarde nullement ! Je m'en serais sortie toute seule. Maintenant quand il reviendra, il risque … oh et puis pourquoi tu m’espionnais ? »
Pégase : « Je ne t’espionnais pas … j'étais venu pour te parler… »
Lila : « Eh bien dis moi ! » Ses yeux projetaient encore des éclairs dans mon cœur. Et son air accusateur ne faiblissait pas. Elle ajouta, alors que je n'arrivais plus a sortir un seul mot de ma bouche.
Lila : « Oh et bien si tu ne veux pas parler laisse moi travailler ! »
Je me retournais penaud. Ne comprenant pas ce qui venait de se produire. Elle qui m'était apparue si douce et bienveillante, possédait également un coté sombre et obscur que je ne pouvais déterminer sans le mot Amour. Tout n'était qu'Amour pour elle et je le comprendrais bien plus tard. Je décidais de retrouver mon œuvre (si tant est que cela en soit une) d’arrachage, de coupage, de balancement de ma faux de droite a gauche.
Seuls ses yeux bleus teintés d’éclairs jaillissant vers mon cœur restaient en ma mémoire cette nuit là.
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La Flamme de Pégase
RomancePégase vit sur Eléria et ne vit qu'à travers les livres que lui ont rapportés ses parents des autres mondes et notamment de la Terre. Il s'ouvre alors aux songes et dans ses rêves l'amour avec un grand A se trouve sur Terre. Pourtant il va faire une...