Tout Pour Toi w/ Jesse Lingard

18. Don't you know that {Jesse Lingard}

Je m'appuie contre un des murs du salon et je regarde Klea. Comment est-ce qu'elle peut croire un seul mot de ce qu'a dit ma tarée d'ex ? Je passe une main sur mon visage tandis qu'elle s'approche de moi.

- Jesse...

- Ouais ?

- Je suis désolée.

Je hausse les sourcils, surpris.

- Mais t'as pas à t'excuser, c'est pas à toi de t'excuser, c'est à moi. J'aurais du te faire venir sur le terrain, elle aurait pas pu te dire des mensonges comme ça. Viens là.

Je lui ouvre mes bras et elle s'y blottit.

- Tu es magnifique, laisse jamais quelqu'un te dire le contraire.

D'une main je relève son visage et je la contemple. Sa main tient mon poignet avec douceur. Mon pouce trace la ligne de sa mâchoire, une fois, deux fois, trois fois. Je me perds dans son regard et je me surprend à imaginer comment ça serait de l'embrasser.

Je me penche un peu vers elle, lentement, sans la brusquer, mais avant que je sois suffisamment près, elle se dégage de mon étreinte et s'éloigne de plusieurs pas, ses yeux sont redevenus sauvages comme le jour de notre rencontre.

- Pardonne moi, je voulais pas...

Après quelques secondes qui me semble une éternité, elle redevient elle même et s'approche de moi à nouveau. Klea se reblottit dans mes bras.

- Comment t'as pu sortir avec une personne aussi méchante, alors que toi tu es...

Sa phrase reste bloquée dans sa gorge. Je l'invite à continuer :

- Je suis...?

- Tu es la personne la plus gentille et attentionnée que j'ai rencontrée dans ma vie. T'es tout le temps là, à t'inquiéter pour moi, alors qu'au final tu sais pas qui je suis, tu sais pas si je suis vraiment une SDF qui s'appelle Klea, tu sais pas, t'en sais rien.

- Klea. J'ai pas besoin de le savoir, je le sens, c'est tout. T'es la première fille qui me fasse sentir aussi bien, sans que ce soit juste pour mon argent, ou juste pour mes abdos. Si je suis sorti avec cette meuf, c'est parce qu'à ce moment j'étais au plus bas, à cause d'énormément de choses. Et j'avais pas sur elle la vision que j'ai maintenant. Quand j'y repense, c'est comme si j'avais de la buée sur les yeux, du brouillard. Alors qu'avec toi, tout est net depuis le début. Je ressens tout, je te ressens toi. Tu penses que j'aurais pu ouvrir mon coeur comme ça à l'autre pétasse ?

Klea m'écoutais attentivement, mais en entendant l'insulte elle se met à rire. On se pose sur le canapé, toujours l'un contre l'autre. On se tait, restant silencieux un long moment. Je ne plaisantais pas quand je disais que je n'avais jamais parlé aussi franchement à une femme.

- À quoi tu penses ?

Mon cerveau me propose une "réponse par défaut" que je décide d'ignorer, c'est trop tôt pour sortir ce genre de choses. La pauvre, si je lui réponds "à toi et moi, dans un lit, tout de suite" je vais lui faire peur.

- À toi.

- Ow, et c'est intéressant ?

- Plutôt oui.

A ce moment, quelqu'un frappe à la porte. Qui vient me déranger à cette heure là sérieusement ?

Je me lève avec regrets et je vais ouvrir.

- Rebonjour sale nain, il faut qu'on parle.

Si c'était ma meuf je m'inquiéterais. Paul me bouscule pour rentrer dans ma maison. Je lui emboîte le pas sans regarder où il va, et je me cogne le nez dans son dos.

- On va aller dehors, je dois te parler seul à seul.

Klea me jette un regard inquiet, l'air perdu. Je ne comprends pas le comportement du Français, pas plus qu'elle. Haussant les épaules, je le suis jusque dans mon jardin.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Pourquoi tu voulais pas présenter Klea aux autres du club ? Sérieux, c'est pas un bébé, c'est une grande fille. Qu'est-ce que tu nous caches putain ?

- Mais je cache rien, c'est juste que je veux pas que tout le monde pose des questions sur qui elle est, comment on se connait etc.

Il croise les bras sur son torse.

- Excuse moi, mais je vois pas en quoi c'est compliqué de dire "Voici Klea, on était ensemble au lycée". À moins qu'il y ait autre chose bien sûr. Parce que je sais qu'il y a autre chose.

- Non putain, non, il n'y a rien d'autre, absolument rien, tu te fais des idées, c'est tout.

- Si tu me dis rien, on va finir par arrêter de se parler Jesse. Les menteurs, c'est pas mes amis. Tu sais que je déteste qu'on me cache des choses, que je suis capable de virer quelqu'un de ma vie parce qu'il ou elle le fait, tu sais tout ça, alors pourquoi tu me le dis pas ?

Je passe une main sur mon visage comme pour le débarrasser d'un masque.

- Paul. Je donnerais tout pour elle. Et pour la protéger je peux pas te le dire. Je suis désolé, mais je peux pas.

- Donc il y a bien quelque chose ?

Je le fixe. Je fais un geste de la main avec un soupir las.

- Oui. Oui, il y a un truc, mais tu le sauras pas, en tous cas pas pour l'instant, pas tant que tout ça sera réglé.

- Eh bah voilà. C'est tout ce que je voulais entendre moi.

Il me donne une brève accolade, et s'en va. Je retourne dans le salon, où Klea m'attend, assise sur un bout du canapé.

- Tu lui as dit ?

- Bien sûr que non. Mais je lui ai confirmé qu'il y avait un truc qu'on lui dira pas. Au moins, il cherchera pas plus loin, c'est pas son genre.

Ma protégée soupire de soulagement.

- Merci de ne pas lui avoir dit.

- Ton secret est le mien ma belle. J'ai juste une question.

Elle relève la tête.

- Dis moi ?

- Tu pourrais me raconter... Comment t'en es arrivée là, comment t'as pu survivre à tout ça ?

Klea se mordille la lèvre inférieure, semblant hésiter. Mais elle hoche finalement la tête.

- D'accord, Jesse.