Jungkook fait mine de mettre un pied dehors, et le vent s'engouffre dans la pièce. J'ai soudain peur que les stratus qui somnolent autour du building ne l'avalent sans prévenir, mais au moment où je m'apprête à le rejoindre pour le retenir, il se tourne vers moi et je réalise une chose : lui aussi vient des nuages. Mais d'une autre manière. Le courant d'air qui joue avec ses cheveux et la pluie qui s'écrase dans son dos me font l'effet de vieux amis. Comme deux oiseaux moqueurs sur les épaules de leur maître. Jungkook est un garçon tempête, après tout. La houle et les bourrasques le drapent depuis la naissance, il les affronte sans cesse et les souffle également. Tous les vents du monde sont brassés dans sa poitrine et font vibrer le ciel dans ses yeux. Ce décor-ci, est celui qui lui va le mieux. La rage, la force, la nuit. L'audace infinie de la nature en vie.
Et alors, les éléments agités semblent pénétrer la chambre, invités par la porte tenue ouverte par Jungkook, dont le regard nuageux est braqué sur moi. L'air froid me gagne, m'enveloppe, je le respire à plein poumon. Il est si lourd d'humidité que l'eau qu'il transporte semble se déverser sur ma lâcheté, sur mes doutes, les emportant avec elle.
— J'ai trouvé Taehyung et Hoseok dans le même lit ce soir là, je déclare la voix claire pour couvrir le bruit de la pluie, ils gémissaient tous deux comme s'ils se consumaient de plaisir. Comme s'ils allaient exploser. Mais tu sais quoi ? C'est moi qui ait explosé. Comme ça, tout à coup. PAF. Mon corps, ma tête, ma putain de raison... Ils ont tous éclaté comme un ballon. L'univers aussi s'est dégonflé. Le mien. C'était comme si j'étais mort. Debout, les yeux ouverts, mais mort. Et ma dernière pensée avant de crever, c'était que dans chaque soupir que Tae et Hoseok poussaient à l'unisson, une grue s'envolait.
Jungkook ne bouge pas, il ne dit rien, se contentant de laisser parler le ciel à sa place. Est-ce que la pluie redouble ou bien est-ce une impression ?
Lentement, je m'approche de lui, remontant le courant du vent qui cherche à posséder la pièce. J'accroche sa chemise d'une main tremblante, cachant mon nez dans son cou humide. La terrasse à beau être partiellement couverte, les gouttes de pluie ricochent en éclats scintillants jusqu'à nous et nous inondent. J'inspire profondément, Jungkook ne bouge toujours pas. Ses mains sont encore dans ses poches arrières et son épaule gauche est appuyée contre le battant de la porte fenêtre, le dos tourné vers l'extérieur. Seule sa joue vient à la rencontre de ma pommette pour m'accueillir contre lui, l'unique geste de bienvenue qu'il m'accorde. Je n'aime pas quand il est si froid, alors je m'accroche un peu plus fort à lui, priant pour que ma chaleur couvre son aura gelée. Ainsi, j'entends que son souffle profond n'est pas fluide, il vibre et frémit sous le rouleau de l'appréhension qui paraît lui nouer la gorge.
Le garçon-tempête est mort de trouille, il se prépare aux adieux de tout son corps, tendu vers le dénouement qu'il envisage sans me demander mon avis. Le garçon tempête interprète, parce qu'ils n'a pas les outils pour comprendre, parce que je ne lui ai pas donné les bonnes armes. C'est ma faute. Mais je ne dis rien. C'est ma faute, mais c'est la dernière fois. J'ai besoin d'aller dans le bon sens pour arriver au but. Me perdre en chemin risquerait de me faire renoncer. Alors je me contente d'écouter le tam-tam de son cœur qui résonne fort contre ma poitrine, comme un signal de détresse. Et le mien, coupable, lui répond en cognant de plus belle.
— Yoon... Ose sa voix craquelée, est-ce que tu m'as amené ici pour me quitter ? Est-ce que tu es en train de m'expliquer pourquoi tu ne peux pas m'aimer comme il faut ?
— Jungkook...
— C'est à cause de lui, pas vrai ? II est encore dans ta tête. Il t'a trop fait souffrir...
À mon tour de trembler.
— Tu... Tu veux bien m'écouter jusqu'à la fin ?
Mais bien sûr qu'en l'état, il ne veut pas. Bien sûr qu'il va vouloir m'échapper. Alors je contre le mouvement qu'il fait pour se dégager en coinçant son corps entre mes bras.
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La sixième grue - [3 Shots - BTS]
Fiksi Penggemar"Il s'appelle Hoseok. C'est le mec le plus relou que je n'ai jamais rencontré. Il ne veut jamais sortir, jamais bouger son cul. Il n'est pas hyper causant, sauf quand il a bu ou qu'il s'agit de musique. Dans ces cas là, il s'anime comme un de ces jo...