Chapitre 1

4 1 0
                                    

Aaron...
J'ouvre les yeux et je réalise que je suis là, dans ma chambre, le front encore luisant de sueur. Mon cœur résonne jusque dans mes oreilles et ce soir encore tu m'auras volé mon sommeil. Tu hantes mes nuits, tu me fais faire des cauchemars.  Tu m'auras donc définitivement tout pris. Tu m'as volé ma vie, ma joie, mes rêves, mes envies, ma passion, tu as tout détruit en partant. Et moi je suis toujours là.
Je me redresse sur mon lit et j'attrape mon téléphone pour regarder l'heure. Il est cinq heures du matin et nous sommes le 9 janvier 2020.
Aujourd'hui ça fait un an que tu m'as abandonné, un an de chaos pour moi, de souffrance atroce que nul autre que toi ne pourrait apaiser. C'est un étrange paradoxe, que le fait que celui qui vous fait du mal puisse être le seul à vous réparer. Parce que oui je suis brisée, brisée en milliers morceaux que je n'arriverai sans doute jamais à rassembler.
Je me sent épuisée, vidée de l'intérieur. J'aimerais bien me rendormir mais je sais que c'est impossible. Mon cœur bat encore tellement fort, j'ai l'impression que ce cauchemar me suit même les yeux ouverts. Je sors de mon lit et je me dirige jusque ma penderie. J'enfile un jean et un sweat à capuche et j'attrape mes écouteurs puis sans faire de bruit je tourne la poignée de la porte de ma chambre. J'essaie d'être la plus discrète possible pour ne pas réveiller mes parents. Je n'ai pas envie de les inquiéter ou de leur faire montrer que je suis encore mal pour Aaron. Ma mère m'a réconforté et mon père, lui, s'est contenté de nettoyer son fusil. Au cas où disait-il. Ils sont très protecteurs envers moi, je suis leur seul enfant et ils tremblent toujours a l'idée qu'il m'arrive quelque chose.
Quand j'arrive devant les escaliers je redouble d'effort, ils ont la fâcheuse habitude à grincer aux moments où il ne faut pas.
Par chance j'atteins la porte d'entrée sans encombre.
J'enfile mes écouteurs à mes oreilles et je mets Out of love de Alessia Cara. Cette musique me rend vraiment nostalgique. Elle me rappelle Aaron. Je me demande toujours a quelle moment il a arrêté de m'aimer. Je sors de la maison et je rejoins la rue, c'est un quartier tranquille, Lenwood boulevard est un endroit familial, j'habite Charleston depuis toute petite et je n'ai jamais quitté cette ville. J'aimerai visiter d'autre endroit, d'autres pays.
Dehors il fait froid et l'obscurité est encore bien présente. Le sol est humide, l'air aussi. Si j'avais sue j'aurai pris mon manteau parce que mon sweat ne fait pas front face a cette température hivernale.
Au fur et à mesure que je m'enfonce dans les rues de cette ville que je connais si bien, quelque larmes ruissellent le long de mes joues, ça m'étonne qu'elles n'ont pas encore toutes gelés. C'est devenu une habitude pour moi de pleurer, je fais souvent des cauchemars et chaque fois je ne peux me rendormir alors je me lève et je vais marcher dehors, peu importe le temps. Je me rends toujours au même endroit. Je marche environ un kilomètre pour arriver a Waterfont swings. Je me rend sur le ponton qui se trouve tout a droite du parc et je m'y assois. J'attend le levé du jour. Je l'attends. Lui. Ça peut paraître ridicule mais j'ai l'impression qu'un jour il reviendra, j'ai l'impression qu'un jour, sans que je m'y attende il arrivera derrière moi, posera ses mains sur mes yeux et moi je serai que c'est lui. Mais je ne me fais pas d'idée, je sais bien que tout ça c'est impossible. Ma pauvre Swan, tu dois paraître si misérable.
Je suis maintenant à environ trente mètres de mon endroit favori et mes larmes ont cessés de couler.
Une fois là-bas je m'assois, les pieds dans le vide et je retire mes écouteurs. Je les places dans ma poche pour ne pas les perdre.
Il ne reste plus que moi et le bruit de l'eau des vagues qui viennent lentement s'écrouler sur le bois. L'eau est calme parce qu'il n'y a aucun bateau pour venir la perturber a cette heure là.
Sur l'eau je peux voir le reflet de la lune, elle est encore bien présente dans le ciel, le soleil ne se lèvera que vers sept heures du matin. Ce qui est cool avec l'hiver c'est qu'il fait nuit la plupart du temps.
Voici mon rituel qui dure depuis un an, pas une fois je ne l'ai manqué. Avant j'y allais avec toi, Aaron. Depuis j'y vais seule, depuis ce jour là. Ou plutôt ce soir là. Si seulement je pouvais remonter le temps, revenir a ce soir ou tu es parti, revenir a ce soir ou j'aurai pu te retenir, comprendre pourquoi. Savoir pourquoi. Du jour au lendemain plus rien. Tu m'as abandonné. Et on avait l'air tellement bien tous les deux que je ne sais pas à quel moment tout a changé a tes yeux. Tu m'avais donné rendez-vous ici même à vingt-deux heure, je t'ai attendu longtemps et tu n'es jamais venu. J'ai attendu jusqu'à 5h du matin. Je suis allé chez toi dans la matinée et il n'y avait plus aucune trace de toi, ni de ton existence. Ta maison était vide, plus de voiture dans le garage et un grand panneau avec écrit « à vendre » était juste devant ton allée.
La maison est restée vide depuis. Aucun nouveau propriétaire ne s'est installé. Je passe souvent devant tu sais, dans l'espoir de t'apercevoir encore à travers la fenêtre de ta chambre comme avant où tu me souriais.
Mais rien. Aucune lumière ne brille a l'intérieur, il fait tout noir dans ta maison. Et tu n'es jamais revenu..
Mes yeux se perdent dans les minuscules vagues que la mer vient abattre pas loin de mes pieds. Si elle le voulait elle pourrait se déchaîner d'un coup et m'inonder de la tête au pieds mais je suis sûr qu'elle a ne serait-ce qu'un peu de pitié pour moi. Pas comme toi.
Le ciel commence a s'illuminer.
Je jette un coup d'oeil a mon portable, ça fait déjà une heure et demi que je suis là et le soleil commence son ascension quotidienne. Ça m'épatera toujours autant de le voir, peut importe ce qui se passe, qu'il pleut ou qu'il neige, le soleil trouvera toujours assez de force pour se lever, pas comme moi. Je ressemble bien plus a la lune, qui chaque sois apparaît sous différents forme, parfois entière, parfois par moitié. Et il y a même certains soir où elle ne prend même pas la peine de se pointer. C'est la preuve vivante qu'elle fait ce qu'il lui plait.
L'eau se met à scintiller, tout ce qui m'entoure prend une forme bien différente à la lumière du jour et le monde commence a s'éveiller.
Je devrais peut-être rentrer chez moi pour me préparer. Il y a sept mois j'ai voulu faire plaisir a mes parents alors j'ai décroché un travail a la bibliothèque, la Charleston library society est a seulement 900 mètres de chez moi alors je peux y aller à pied. Ça me permet aussi de sortir de ma chambre. Ça ne donne pas une bonne image de moi si je passe mon temps a me lamenter et je n'ai pas envie d'embarrasser mes parents avec des ragots de quartier.
Je ne suis pas allé a l'université ce qui leur a déjà causer beaucoup de tort, les voisins ne sont pas toujours bienveillants et mes parents ont eu droit a quelques réflexion sur leur éducation. Pour le voisinage et quelques membre de ma famille, le role d'une fille de dix-huit ans est d'aller à l'université. Mais moi je sais qu'ils sont géniaux, ils m'ont laissé suivre ma propre voix.
Je souffle un grand coup et je me lève, mes fesses sont gelés. Je crois qu'être resté assise ici pendant une heure et demi m'a complètement congelé. L'été au moins je n'ai pas ce genre de problème.

Le jour où je suis devenue toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant