Parmi les volutes de la terre, les éructions de l'eau, les cumulonimbus qui se tordent et se déchirent qui constitue ce bas-monde, l'Homme vit en esclave des étoiles. Pourtant il y a une chose, une seule, qui le tire de son absurde existence, c'est la cruauté.
La générosité, la douceur, la bonté, ne sont que des affaires futiles. Ce qui permet de s'élever au rang des dieux, c'est la cruauté. Rien n'est égal à la jouissance de la souffrance de l'Autre. L'Autre ne doit être qu'un moyen, un esclave, un outil, un objet, une chose. Une poupée, un sex-toy. Il faut lui arracher sa pensée, pour qu'il nous adule et nous adore, nous, son Maître. A ses yeux nous serons Dieu.
Nous serons tout son univers, la source des désirs infinis insatisfaits, il sera uni à nous par cette haine amoureuse propre aux êtres faibles, qui se soumettent naturellement aux forts. Ceux qui s'élèvent, ceux qui deviennent les Dieux, sont des Surhommes, des êtres absolument supérieurs responsables de la beauté du monde et qui le façonnent, comme un poète forge ses vers.
La cruauté n'est pas un vice. Elle est le nom donné à la domination des forts sur les faibles. Elle n'est que le manifeste d'un soubresaut de force chez les faibles. C'est une once de courage qui se glisse en eux, et leur fait utiliser le langage comme arme, et d'exprimer leur opposition pathétique et insensée.
La cruauté n'est pourtant rien d'autre que le chemin qui permet de s'élever, et la clé de voûte qui soutient le superbe équilibre du monde.