Méditations métaphysiques d'un cactus

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Je viens de m'éveiller dans ce monde chaud, austère et sec qu'est ce vaste désert, où l'horizon est plat, sans reliefs, sans arbres, je ne vois qu'une terre asséchée. Je suis là. Prisonnier du sol dans lequel je suis enraciné, sans jamais pouvoir m'échapper.

Je bouge mon corps, je me tords, je m'étire mais rien n'y fait. Je ne peux pas m'enfuir.

Je suis un cactus. Mais qu'est ce que ça veut dire ? Qu'est ce qui fait de moi un cactus, sans quoi je ne le serais pas ? Ne pourrais je pas être autre chose qu'un cactus ? Ne suis-je pas autre chose que cet être végétal parsemé d'épines qui font souffrir ceux qui s'approchent trop près de moi ?

Ma vie n'a donc point de sens ? J'aimerai, oui je voudrais être autre chose, un oiseau, un scorpion, ou même ce squelette d'animal quelconque que je vois au loin, leur vie doit être bien plus passionnante que la mienne ! Ils doivent êtres libérés de la prison végétale qu'est mon corps... Ils peuvent se mouvoir, et faire des rencontres, mais moi, quel est ma raison d'être si quand j'essaye d'étreindre quelque chose, il ne sent que les épines. Je suis seul, et condamné à l'être car je dois l'être. Paradoxe de l'univers. Je suis le cactus qui ne veut pas être seul.

Mon existence est alors à l'image de ce désert, vide. Mes espoirs sont vains et s'évanouissent à l'intérieur, et mes désirs, ô pauvres d'eux, ne sont que les hommes qui errent à l'intérieur jusqu'à leur mort. Je suis maudit. Je suis le cactus pensant, qui pense sa propre misère.

Carnet 4Where stories live. Discover now