☆ Chapitre deux ☆

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 Nuage de Primevère sursauta quand le mulot lui passa sous le nez . Il entendit Moustache de Fumée ricaner derrière lui.

- Alors gamin , toujours pas prêt a attraper quelque chose ?

- C'est pas ma faute si mon mentor et d'une telle nullité qu'il ne m'a rien appris.

- Tais toi ou je retarde ton baptême de guerrier !

- Tu a dit cette phrase tellement de fois que je serais sûrement Nuage jusqu'à la fin de mes jours.
Miaula l'apprenti avec malice.

- Oui , si je te tord le cou maintenant.

- Oh , ça serait donc toi le mystérieux meurtrier ?

Mais Moustache de Fumée ne rigolait plus. Il feula. Et quand Moustache de Fumée feulait, c'est qu'il était énervé. Alors que pourtant, il était de si bonne humeur encore au camp. Nuage de Primevère s'agaça lui même d'avoir gâché de la bonne humeur. Elle était tellement rare, la bonne humeur, qu'il fallait la préserver. Et là, il l'avait gâchée bêtement avec ses blagues à la con.

- Ta gueule, gamin. Attrape un truc avant midi. Ou tu vas passer un sale quart d'heure, crois moi.

À son ton sec, Nuage de Primevère devina qu'il ne plaisantait pas, alors il obéit. Moustache de Fumée, il lui faisait peut être un tout petit peu peur, en fin de compte. Il se risqua à travers les pins, jusqu'à atteindre la zone marécageuse et son odeur douceâtre. Il se savait seul, car son mentor n'était pas vraiment du genre a attendre sagement que son incapable d'apprenti attrape quelque chose.

C'est pas vraiment toujours facile d'avoir Moustache de Fumée comme mentor....

Sans blague. IL se demandait encore pourquoi son esprit s'étonnait de voir l'instabilité de Moustache de Fumée.

L'apprenti s'engagea alors entre les arbres, goûtant parfois à la chaleur du soleil sur son dos. Flânant dans la pinède, il n'attrapait rien. À mesure que Nuage de Primevère ratait ses proies et s'enfonçait dans la pinède, la fatigue et la faim lui torturait le ventre, alors que le soleil montait dangereusement.

Le matou sentit alors l'odeur du sang. Intrigué, il suivit son odorat, qui le mena à s'enfoncer dans des buissons, où il découvrit le corps d'une grosse souris, tournée sur le côté, commençant à se décomposer. Du sang séché traînait tout autour.

Il regarda aux alentours du petit cadavre et remarqua quelques chose non loin. Il s'en approcha et eut un bref mouvement de recul.

La souris morte avait une famille, morte, elle aussi.

Nuage de Primevère resta figé quelques instants. Ces souris n'avaient pas été tuées comme des proies. Elles étaient éventrés, pour laisser gicler tout le sang.

Éventrées. Elles étaient éventrées.

L'apprenti, sûrement sur le coup de l'adrénaline, piqua un sprint avant de se jeter dans le lac.

La froideur de l'eau le paralysa, a la frontière du supportable. Au début de la saison des feuilles mortes, le doux soleil n'était pas forcément synonyme de chaleur, et le lac avait une température glaciale. Dans l'eau, tout était silencieux. Un havre de paix comparé a ce que l'apprenti venait de voir. Seul une espèce de bruit d'eau apaisant berçait Nuage de Primevère. Il resta dans cette ambiance calmante le plus longtemps que ses poumons lui permettaient avant de remonter a la surface, reprenant son souffle pendant quelques minutes, étalé sur la rive. Il attendit que le soleil le réchauffe un peu . Bouleversé , l'adrénaline était retombée, faisant rapidement revenir Nuage de Primevère a la réalité.

Scénescence [ᶠᵃⁿᶠⁱᶜᵗⁱᵒⁿ ˡᵍᵈᶜ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant