☆ Chapitre vingt trois ☆

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  Nuage de Primevère prit une grande inspiration, perdant son souffle qu'il avait trop usé. Sa gorge le brûlait mais il en avait sérieusement rien à faire. Un sourire se dessina sur son visage sans qu'il puisse rien y faire. Le clan était uni, les félins se donnaient des accolades, lançaient des regards compréhensifs ça et là, Mouvant dans le même deuil commun, dans le même espoir qui renaissait. Certains pleuraient, d'autres semblaient justes profondément peinés.

- Bon courage, Nuage de Primevère.

C'était la voix rauque de Cri Nocturne, un guerrier que Nuage de Primevère connaissait à peine et qui avait accompagné la patrouille qui avait trouvé Murmure de la Houle au fond du lac.

Un guerrier, comme il y en avait pleins d'autres dans le camp. Un matou aussi lambda que Nuage de Primevère, avec sûrement ses propres problèmes, sa propre vie, et ses propres pertes.

- À toi aussi.

Lança t'il, sincèrement. Tous, dans ce camp, étaient dans la même position. Nuage de Primevère n'était sûrement pas un chat qu'on pourrait qualifier d'emphatique, mais ça, il comprenait.

- Oh, bonne chance pour toi aussi, petite. Nuage de Brindille, c'est ça ?

La petite féline calico hocha la tête. Elle avait les yeux humides et une expression étrange. Elle n'avait perdu personne dans ses proches, mais la situation semblait dure à traverser pour une chatonne de six lunes.

- Oh, ne pleure pas. C'est dur pour tout le monde, ça va aller.

Le guerrier lui sourit, se voulant réconfortant. Le jeune mâle gris clair se crispa. Non, ça n'irait pas. Le clan était perdu, il faudrait attendre au moins deux générations pour que le clan de l'Ombre redevienne que qu'il était.

- Oui.

Maugréa t'elle avant de se réfugier près de Nuage de Primevère.

- Bonne chance pour toi et ta sœur...

Miaula Cri Nocturne, soupirant. L'apprenti remarqua qu'on lui parlait différemment. IL n'était plus considéré comme un enfant. Il avait onze lunes... non, non, douze. Toute l'agitation avait réussi à effacer son âge de sa mémoire.

Nuage de Primevère ne voulait pas être un adulte.

- Merci. C'est pas ma sœur.

Il se retira, entraînant Nuage de Brindille loin de la cohue qui se dispersait peu à peu. La jeune féline était courbée, un peu tremblante et l'air franchement dépassée.

- Eh, Nuage de Brindille...

- Je veux rentrer à la maison...

Chuchota t'elle.

- Je veux revenir comme avant, quand j'étais à la pouponnière, et que tout allait bien. Je veux plus être maintenant.

Le chat aux yeux verts se rendit alors compte à quel point la situation devait être atroce pour elle. Lui, il ne faisait pas vraiment attention, constatant les dégâts sans en être profondément troublé. C'était peut être pour ça qu'on le considérait comme un adulte. Parce qu'il surmontait la situation ? Sauf que ce n'était pas vraiment le cas. Et Nuage de Brindille, cette enfant qui rêvait d'être apprentie, qui était tellement à bout qu'elle voulait fuir loin de ce monde qu'elle ne connaissait pas. Nuage de Primevère comprit alors que Nuage de Charnier avait raison. C'était déjà fini. Même si le meurtrier s'arrêtait, quand Nuage de Brindille serait adulte, elle serait toujours traumatisée. Et cela comptait pour tous ceux encore vivant dans ce camp maudit.

- Tu sais bien que ce n'est pas possible.

Les deux s'unirent dans un silence compréhensif. Des larmes coulaient encore sur les joues du jeune mâle gris pâle.

Scénescence [ᶠᵃⁿᶠⁱᶜᵗⁱᵒⁿ ˡᵍᵈᶜ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant