Chapitre 2

81 5 2
                                    


  La maison est juste magnifique, je n'en reviens pas, il y a des fleurs partout, des cactus aussi piquant que moi, deux hectares rien que pour mes deux sublimes chevaux que j'ai sauvé de l'abattoir. Blue est gris pommelé, un pur-sang anglais et Sunset est bai brun, pur-sang arabe. Rosalie m'attend déjà dans l'allée principale qui mène à la villa, un sourire radieux sur le son visage d'ange. J'ai décidé de l'engager pour entretenir la maison et s'occuper des animaux. Je l'ai contactée grâce à Charlotte une amie d'enfance, qui venait tous les ans en vacances à Cuba, elle connaît bien sa mère et me l'a donc recommandée. Elle dispose de sa propre chambre et d'un bon salaire, ce qui lui permet d'aider sa mère qui s'occupe seule de ses frères et sœurs mais aussi de sortir de la rue et de tous ses problèmes. Rosalie est une personne fiable et loyale mais également très efficace au vu de tout ce qu'elle a accompli pour mon arrivée. Un sourire se dessine sur mes lèvres, ça fait tellement de bien, j'avais presque oublié ce que c'était d'être à nouveau libre et soit même.

- Bonjour Madame, le voyage n'a pas été trop long ?

- Non, ça va, je me suis reposée ! je réponds dans un sourire.


Rosa m'aide à ranger mes affaires, puis nous passons quasiment toute la nuit à discuter de tout et de rien. Elle est incroyable et a vécu tellement de choses elle aussi, je pense que nous sommes faites pour nous entendre toute les deux. Elle me raconte la vie qu'elle eût, entre la rue et ses déboires mais aussi le travail de tous les jours pour rapporter de l'argent et pouvoir payer le loyer tous les mois. Ça n'a pas dû être facile pour elle.

Lorsque je m'allonge pour enfin me reposer un peu, mes cauchemars ne me laissent pas tranquille, l'accident est toujours présent en moi.

*****

J'ouvre les yeux, un soleil resplendissant envahi largement ma chambre, elle est colorée de beige, de marron et de blanc, la décoration se veut bohème, avec des accroches murales en tissu comme des attrapes rêves, pile ce qu'il me faut. Dans un coin de la pièce, se trouve un siège suspendu au plafond, à ses côtés il y a une étagère remplie de livres, de succulentes et de petites fleurs. J'espère que Rosa a la main verte autrement je ne vais pas les garder longtemps.

La chambre dispose de son propre balcon, de sa salle de bain personnelle, immense d'ailleurs, avec bain à remous et douche à l'italienne. J'ai également un dressing aussi grand que ma chambre, il y a toutes mes affaires mais aussi des nouvelles que Rosa m'a acheté, il y a beaucoup de grande marque comme Chanel, Dior ou même Yves saint Laurent, ma petite préférée. C'est le rêve de toutes les filles un endroit pareil...

Rosa prépare le petit déjeuner dans la cuisine américaine. Ça sent tellement bon, c'est également une des raisons pour laquelle je l'ai prise, c'est un véritable cordon bleu. Plus je descends les marches plus l'odeur m'emplit les narines. J'ai encore reçu dix nouvelles inscriptions ce matin pour l'école de danse mais aussi pour le club, visiblement ses jeunes ont besoin d'un endroit pour s'exprimer.

Après avoir dégusté le bon petit déjeuner de Rosa, je finis de me préparer puis je vais dans le garage et monte dans ma nouvelle voiture, une belle Audi Q7 noire, une fois mon siège réglé, mes mains se mettent à trembler sur le volant. D'habitude c'est... C'était Thomas qui conduisait. Je me mets à penser à lui tout à coup et mon visage devient pâle, ne pense pas à lui, Lise pas maintenant.

Plusieurs jours passent sans que je n'arrive à les retenir, je crois bien que j'aime ma vie ici et un sentiment très étrange s'empare alors de moi. Est-ce que j'ai enfin trouvé mon bonheur ?

J'ai placé Louza aux commandes du N'Dance et moi je m'occupe principalement du Club 29, de boxe. J'ai demandé à Louza de préparer un spectacle de danse dans six semaines, elle adore la discipline, la perfection, la rigueur et surtout elle danse comme personne. Je ne doute pas un instant de son talent, les élèves l'adorent, ils ont l'air heureux et donnent tout ce qu'ils peuvent pour la satisfaire. Ils en ont besoin, ils ont enfin une chance de briller, de sortir des sentiers battus et ça ils le savent.

Mais depuis quelques jours j'aperçois souvent la même voiture garée dans la rue en face de mes locaux, j'ai cette maudite impression d'être surveillée... Cela dure depuis une semaine je dirais, mais avec tous les jeunes qui se sont inscrits je finis par penser que c'est soit une personne de la famille de l'un deux qui s'assure de l'endroit où il se trouve ou qui l'attend. Ou bien des personnes peu recommandables qui se demandent pourquoi ces jeunes sont ici plutôt que dehors à "travailler". Enfin c'est ce que pense Louza et j'ai envie de la croire.

***

Rosalie est merveilleuse, elle prend soin de moi mais sans en faire trop, elle est comme une amie en tout cas je la considère comme telle. Depuis l'accident avec Nina, je me suis replié sur moi-même, le manque de ma petite sœur a fini par m'envahir complètement et j'ai fini par devenir sombre et sans vie. Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à elle. Depuis que maman et papa sont morts j'étais responsable de Nina, j'en avais la garde mais je ne l'ai pas protégé de moi et de mes faiblesses, j'ai échoué avec elle mais j'espère qu'avec Rosa ce sera différent, elle a besoin de moi et j'ai la possibilité de l'aider c'est comme une seconde chance, une façon de me racheter, alors je me dois de la saisir.

Grâce à Rosa, je redécouvre peu à peu ce qu'est l'amitié, la joie et les rires. Je crois qu'elle m'aide elle aussi sans le savoir, je peux compter sur elle tout en m'assurant de lui procurer une vie moins dure.

- Mademoiselle Lise, j'ai une question à vous poser !

Je me fige tout à coup, mon sang se glace, elle ne va tout de même pas de demander des choses sur mon passé ?

- Oui Rosa, je dis sans me retourner.

- Un monsieur a appelé plusieurs fois depuis 3 jours, mais en entendant ma voix il répond systématiquement "Pardon" et il raccroche aussitôt. Je n'ai pas plus d'informations à vous donner, je suis désolée. Mais c'est bizarre je trouve.

- D'accord, merci Rosa ne t'inquiète pas, je m'en occupe, je réponds sans lui faire face car mes mains se sont remisent à trembler.

- Mademoiselle, tout va bien ?

Je ne l'avais pas vue se rapprocher de moi, ses grands yeux marrons me fixent sans que je puisse détourner le regard, puis elle pose une main sur mon bras.

- Oui ne t'en fais pas Rosa, je sais de qui il s'agit, une ancienne connaissance, un fantôme de mon passé, rien de plus, je m'en occupe ne t'inquiète pas.


*****

J'ai décidé de sortir ce soir, Rosa m'accompagne, c'est elle qui est ma guide. Elle m'emmène dans un restaurant local, la cuisine est divine et aussi bonne que celle qu'elle me serre tous les jours. J'apprends à la connaître, c'est très agréable de découvrir de nouvelles choses, cette ville est vraiment incroyable. Elle m'emmène ensuite faire la tournée de quelques bars, entre musiques, chants, danses et lumières, l'ambiance est chaude et solaire. J'adore vivre ici.

Nous rions toutes les deux comme deux folles. J'ai l'impression de la connaître depuis toujours. Elle est drôle, intelligente et adorable, c'est une vraie perle, je n'arrive toujours pas à comprendre qu'elle n'ait pas de petit ami.

- Une fois, je devais avoir 11 ans, j'ai lancé un défi à mes petits cousins, on devait monter le plus vite possible dans le grand arbre du jardin de la maison de ma grand-mère. Il était immense et très imposant. Ils ont monté les premiers, ils étaient rapides mais pas aussi agiles que moi. Bien-sûr je leur ai mis la pâtée du siècle, me raconte Rosa. Une fois arrivée à son sommet, je me suis assise sur une branche. Ils m'ont tous crié de redescendre...

Elle se met à rire et je la suis dans son euphorie.

- Ils ne se doutaient pas que j'allais descendre si vite et aussi mal, continue-t-elle dans son fou rire. La branche s'est cassée, j'ai dévalé l'arbre à toute vitesse, heurtant chacunes de ses branches. Une fois sur le sol, j'étais un peu étourdie mais je me suis relevée, mes cousins se sont mis à hurler et se sont enfuis. Je suis retournée dans la maison, ils étaient cachés derrière mes oncles et tantes... Je n'avais pas vu mais j'avais le visage en sang et ici, me dit Rosa en me montrant la cicatrice à côté du son œil droit, j'avais un ÉNORME trou, une branche m'avait transpercée la peau si bien que ça me faisait un troisième œil ! C'était horrible mais tellement drôle de les voir courir partout. Ensuite ma mère m'a recousu elle-même. Le meilleur dans tout ça c'est que mes cousins en ont faits des cauchemars pendant des semaines, si ce n'est des mois....

A peine elle a fini de me raconter son anecdote qu'elle explose à nouveau de rire et sans trop tarder je ris à mon tour.

La traque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant