Chapitre 3

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 C'est enfin l'heure du spectacle de danse organisé par Louza, elle a travaillé très dure pour que tout soit prêt. Nous sommes en place, la salle de représentation est bondée, tout le quartier c'est déplacé ainsi que les familles des élèves. Je crois qu'ils en avaient tous besoin, un peu d'animation pour les uns et pouvoir s'exprimer pleinement pour les autres.

Le premier numéro commence, il s'agit des plus jeunes élèves, le plus petit à 4 ans et la plus grande du groupe a 10 ans. Ils présentent un numéro de danse contemporaine qui parle de la violence des enfants les uns envers les autres, la musique est puissante au piano et au violon. A la fin du numéro les enfants se sont rejoints en un immense Cœur, ils sont accroupis et seul, le petit de 4 ans Noa, réside au centre les mains levées vers le "ciel" puis des milliers de confettis dorés tombent sur les élèves.

La salle s'allume sous les applaudissements, on peut lire sur certains visages la joie et la fierté. Certaines mamans pleurent, d'autres crient et sifflent. Premier pari réussi.

Le deuxième numéro arrive sur scène, cette fois il est composé des plus grands, on se retrouve plongé au moment de la seconde guerre. De faux avions sont suspendus dans les airs, des bruits de bombes se font entendre et le spectacle commence. La chorégraphie est complexe et acrobatique, il y a plusieurs portés, parfois avec une seule main, les filles sont magnifiques, élégantes et leurs pas sont précis, on sent bien la touche Louza dans leurs apprentissages : rigueur et précision. De temps en temps on entend le public réagir avec des exclamations de peur et de chocs face aux mouvements aériens des danseuses. Les garçons sont forts, on a l'impression que c'est facile alors que cela demande énormément d'entraînement et de concentration, il ne faudrait pas en faire tomber une, se serait moyen...

Vient en dernier notre tour, Louza, Maria et moi fermeront la marche. Notre numéro fait appel à la personnalité d'une seule femme mais de plusieurs manières.

La musique s'élève doucement dans la salle et j'apparais accrochée dans les airs par le rideau rouge qui me maintient. Petit à petit je déploie des mouvements doux et délicats. Je tourne, pivote et virevolte dans les airs, c'est tellement agréable de ne pas ressentir de pression. La magie opère et les spectateurs sont rivés sur moi.

Tout à coup la musique s'arrête et je chute, vite trop vite, je vois le sol se rapprocher de mon visage et ....

Je bloque mes pieds et mes mains dans le tissu rouge, j'arrête ma descente à quelques centimètres du sol, les gens dans la salle retiennent leurs souffles. L'effet est plus que réussi, je suis plongée dans le noir, je me détache rapidement et sors en courant de la scène.

La musique reprend avec Maria en danse Urbaine. C'est une musique très rythmée, les mouvements se veulent saccadés parfois violents, c'est une danse de caractère qui correspond très bien à Maria. Les poings en l'air et le visage déterminé elle laisse place, en s'écroulant au sol, à Louza qui apparaît sur un piano qui avance doucement sur la scène laissant ainsi sortir Maria en toute discrétion. Nick commence à jouer une mélodie triste et Louza descend du piano pour se mettre sur les pointes, elle aborde un maquillage radieux mais son visage reste impassible. Elle avance toujours sur les pointes et commence à danser. Elle est si légère, si parfaite on dirait une déesse qui nous envoûte avec sa grâce... c'est magnifique. Je sens les larmes me monter aux yeux et ma gorge se noue peu à peu. Cette danse, c'était celle de ma maman, elle me l'avait apprise lorsque j'avais 8 ans, elle était une ballerine accomplie, elle enchaînait les spectacles avec son groupe. Lorsqu'elle est tombée malade, elle avait tenu à continuer la danse mais en tant que professeur et chorégraphe. La danse faisait partie d'elle. Repensé à elle m'arrache quelques larmes que j'avais réussi jusqu'à présent à retenir.

La traque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant