Chapitre 9

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     Sur cette information qui sème le chaos dans mon esprit, je quitte le Bataclan pour regagner mon nid féérique, autrement dit ma piaule fripée

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     Sur cette information qui sème le chaos dans mon esprit, je quitte le Bataclan pour regagner mon nid féérique, autrement dit ma piaule fripée. La porte sitôt fermée, j'arpente le salon à la recherche d'un quelconque indice me prouvant qu'Antonio a rechuté. Je ne souhaite pas revivre ces moments de crise, mais à force d'être longtemps resté au fond d'un tunnel, la lumière qu'on croyait ne jamais apercevoir nous paraît comme une chimère. Je suis atteint d'une sinistrose, et aucun traitement ne peut garantir ma guérison.

     Un plat de steak avec frites attend sagement sur la table de cuisine. Les miracles existent sûrement parce que mon bide crie justement famine. Je flanque mon sac sur le fauteuil élimé, prends le soin de me laver les mains avant d'engloutir ce frichti. Après m'être correctement empiffré, je nettoie la vaisselle sale, puis vais m'enfermer dans ma chambre. Je me déchausse, saisie ensuite mon cahier que je feuillette prestement pour me mettre à la page d'aujourd'hui. Ce cours ne m'a particulièrement pas intéressé, d'ailleurs c'est le cas la plupart du temps. Je préfère de loin fantasmer sur les courbes de ma bombe de professeure. Imaginant de quelle manière je pourrais la tringler. Mes pensées se tournent ensuite vers la fouineuse. Elle est pas mal, non plus. J'ai bien envie de me la faire aussi. Certaines femmes sont assez faciles à embobiner.

     J'avais sombré dans un léger sommeil. Je m'éveille doucement et découvre que mon cahier trône sous mon corps, les pages de celui-ci sont chifonnées. Je le dépose sur ma table de chevet. J'ouvre ensuite le tiroir de celle-ci pour en extirper un carton de cigarettes. Ce sont des clopes en apparence, mais j'y ai déposé des joints à la place. J'en déniche un, et le dépose sur mes lèvres. Je fourrage alors la poche de mon jean à la recherche de mon briquet. Il n'y est pas. Merde. Je vais être obligé d'aller en acheter un autre. Je l'ai sûrement fait tomber quelque part. Je fouille alors sous mon lit. Heureusement que le catalyseur de ma destruction s'y trouve. Je m'empresse de le récupérer et de donner vie à mon spliff. La fumée me râpe la gorge, s'insinue dans mes poumons, puis s'échappe d'entre mes lèvres. Mes paupières se closent, afin de ressentir ces impressions plus intensément, à mesure qu'il se consume. La fine sensation de brûlure sur mes doigts m'informe que mon joint se termine. J'en allume un autre afin de faire perdurer ce sentiment de total abandon que j'éprouve. C'est alors que les paroles d'Enrique font écho dans mon esprit. J'ignore si c'est une bonne idée de m'embarquer là-dedans. De toute façon, je n'ai rien à perdre étant donné que j'ai déjà vendu mon âme au diable. Je pourrais me faire assez de fric pour pouvoir me barrer de Sunstorm. J'irai vivre dans les beaux quartiers comme Tinder, Blitz, ou encore Génésis. Soit je quitterai Riverside histoire de découvrir d'autres horizons. J'aiderai Antonio à aller mieux, parce qu'il est malade, même si j'ignore les maux dont il souffre. Si seulement il pouvait me parler, mettre son âme à nu, on trouverait une solution ensemble.

     Un vacarme provenant du salon m'indique que ce dernier vient de faire son entrée. J'appréhende l'état dans lequel je vais le trouver. Une trêve d'une semaine et demi ne me garantit pas le moins du monde qu'il ne replongera pas dans son addiction. Je déboule dans le salon et le découvre affalé sur le sol. Un étrange sentiment m'étreint le cœur. Je ne saurais mettre un mot dessus. Je me presse de m'agenouiller à ses côtés.

     — Papa... soufflé-je.

     Ce mot s'évadant de ma bouche suscite en moi un ineffable désordre. Mes mains sont prises d'un spasme que je tente de dissiper. Son corps se meut faiblement, il s'allonge sur le dos. Ses pupilles injectées de sang plongent alors dans les miennes. J'y décèle une sourde rancoeur. L'air se raréfie dans mes poumons. Que va-t-il se passer ?




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