PROLOGUE

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La sensation était toujours la même. Toujours aussi forte, aussi prenante, presque aliénante. Les vibrations de la foule encore dans le noir après la première partie, leur traversaient le corps, les remplissaient d'une énergie qui leur seraient impossible à décrire. Quelque chose de si fort qu'ils avaient l'impression de détenir des facultés sur-humaine, de s'être enfilé un raille d'une drogue hallucinogène, ou de voler au milieu des étoiles.

Pourtant tout était bien réel.

Plusieurs fois par semaine, comme une drogue partagée avec des milliers de personnes, ils s'enfilaient une dose de deux bonnes heures de pur plaisir, précédé par l'exaltation pré-concert, et suivit par une béatitude absolue.

Mais les premières notes étaient toujours le meilleur moment. Une révélation suite à l'attente, l'anticipation, l'excitation, qui atteignait son paroxysme lorsque Isaac lança le riff répétitif du synthé aiguë. Les acclamations s'élevèrent, jusqu'à ce que Neil vienne contraster la mélodie avec les battements sourds de sa batterie.

L'arena se mit à vibrer sous les cris de la foule, qui enfin, se laissaient porter par les mélodies perçantes et transcendantes de SIRIUS. Le tout accompagné d'une ambiance à l'image de leur musique : pop et stellaire à la fois. Les faisceaux de lumières colorés descendirent du plafond jusqu'à la scène, tandis que de larges écrans derrières eux baignaient la large scène dans un univers céleste et sombre. Leur identité, leur musique, leur public. les trois entités d'un même tout : le leur.

Le riff répétitif et la batterie assourdissante dura une bonne minute avant que la bass de Forest ne plaque l'harmonie contre les tympans mis à rude épreuve de la foule. Pour leur plus grand bonheur. Les faisceaux lumineux s'élargirent avant de se mettre à tournoyer vers le public tout d'abord doucement puis de plus en plus rapidement. La mélodie a trois continua plusieurs secondes, s'accélérant en harmonie, puis tout s'arrêta brusquement. Musique et lumière. La foule prit le relais, criant des sons indistincts, se mélangeant pour ne faire qu'un. L'attente était insupportable, mais si grisante à la fois. Thaddeus entra enfin sur la scène, prit place entre Phil et Forest, à plusieurs mètres d'eux, sur le devant de la scène, toujours plongée dans le noir. 

De son poste à la batterie, Neil pouvait admirer les silhouettes de ses amis et coéquipiers, chacun à sa place, prêt à laisser exploser leurs instruments et enflâmer la salle. Neil s'amusa à étirer le temps, seul maître du tempo du spectacle. Il savoura les dernière secondes d'appréhension, claqua ses baguettes trois fois, puis comme il l'avait attendu, tout explosa.

Les battements de la batterie éclatèrent dans un rythme effréné, le synthé d'Isaac et le clavier de Phil s'accordèrent dans une mélodie passionnée, la bass de Forest vibrait à travers le zénith, et la voix perçante de Thaddeus coupa la mélodie d'une note longue et perçante. De fortes lumières blanches stroboscopiques donnaient des allures robotiques aux cinq membres du groupe, entouré de voiles de couleurs fluorescents aux mouvements verticaux tout du long de la scène.

Les gradins étaient debout, la foule sautaient comme si le sol devait s'ouvrir sous leurs pieds, à l'image de Thaddeus qui se mit à sauter sur lui même avant d'entamer les premiers mot de Colors, un de leur tube les plus rythmé de leurs trois albums. La foule copia ses mots dans une mélodie qu'ils connaissaient par cœur. Phil, Isaac et Forest se joignirent à lui à la seconde phrase, sans perdre le rythme sur lequel ils étaient lancés. Leurs corps subissaient l'entrainement que leur lien dans la musique créait. Le corps de Thaddeus se crispa sur chaque haute note, avant de laisser ses coéquipiers prendre le relais en cœur. Il tournait sur lui même, avançait jusqu'au bord de la scène avant de revenir auprès de chacun des membres.

Tout d'abord vers Phil et son clavier à double étages, jouant avec les touches et boutons alors que ses boucles lui retombaient déjà sur le visage. Ils échangèrent un regard bref avant que Neil ne lève le bras et la fasse retomber en même temps que la mélodie qu'il contrôlait sous ses doigts. Les lumières s'assombrirent, ralentirent, et cette fois, Thaddeus s'avança vers la batterie de Neil qui entama un solo, non pas dans la performance, mais dans la répétition pendant plusieurs longues secondes. La foule en profita pour se faire entendre, animant toujours plus le groupe comme l'aurait fait un shot d'adrénaline. Thaddeus reprit le refrain en douceur pois monta crescendo, amenant le groupe sur la dernière ligne droite de leur chanson. Le brun aux yeux bleus s'avança vers Isaac à son clavier, il attrapa son regard et tous deux s'accordèrent vocalement sur un duo de voix aux notes aiguës mais complémentaires. Deux larges sourires étirèrent leurs visages baigné d'une douce lumière orangée tirant sur le rose. Le lien était plus fort que jamais. Toujours lorsqu'ils étaient sur scène.

Ses doigts sur le clavier, Isaac commença à jouer la mélodie de fin, et Josh, l'un de leurs assistant vint apporter à Thaddeus sa guitare électrique. Il l'enfila, et lorsque la bass de Forest se fit plus présente, il gratta ses doigts contre ses cordes pour l'accompagner, appuyant chacune de ses notes, toujours soutenu à la batterie. Même si Thaddeus n'utilisait pas sa voix, ce moment était l'un de ses préférés du concert. Il s'avança vers Forest tout en restant concentré sur ses cordes, fermant les yeux de temps à autre, mais sans pouvoir s'empêcher d'échanger un regard avec le cinquième membre du groupe. Tous deux s'accordèrent parfaitement, lié par la musique, leur vecteur émotionnel, la flamme qui les faisaient se sentir plus vivant que jamais.

Le long refrain musical mené par Forest se répéta jusqu'à devenir obsédant, montant en intensité, jusqu'à ce que chaque son traverse le corps et les émotions de chaque âme vivante dans la salle. Jusqu'à leur faire voir les étoiles. 

Forest releva son regard vers Thaddeus, un large sourire sur ses fines lèvres, puis toux deux jouèrent une dernière note déchirante avant l'écho du tambour battant marquant la fin du morceau.
 
Puis le rugissement de la foule. 

Et le concert ne faisait que commencer.  


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Twitter : @lau_helder

BIRTHDAY BLACKOUTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant