Tâches de feutres et case

Chapitre 1

Je ferme les yeux un bref instant et souffle.

Je sens la vieille odeur de manuel puis je me souviens qu'avant j'avais celle des feutres à la fraise.

J'aimais tant les collectionner, c'était d'ailleurs une lubie que ma mère n'a pas trop supporté surtout quand je revenais les mains et les vêtements tâchés de feutres.

Sauf que les feutres et le coloriage ont laissé place aux équations et aux fonctions qui sont dans un sens comme le feutre qui ne veut lâcher mes vêtements car elles me suivent depuis la fin du collège.

Le problème c'est que j'ai beau les laver et essayer de les comprendre, elles ne font que se brouiller et devenir un tas de lettres perdues à mes yeux.

Je comprends les bases mais dès qu'elles sont trop, je me perds et je regrette à nouveau de ne plus être en maternelle.

Tout comme je regrette la franchise enfantine dont nous faisions preuve, des catégories qui n'existaient pas à moins que l'on aie des bonbons ou un jouet extra.

Avec le temps tout se complique, comme les tâches que le feutre laissait et qui ne partaient plus.

Je dois avouer que je me perds un peu dans la sociabilité qu'on a au lycée.

Tout simplement parce que j'ai été absente une année, je suis donc en terminale avec aucun repère et les gens me fixent.

Je n'ai aucun goût vestimentaire mais je me souviens de cette salopette rose que j'avais ou de cette fille qui me toise qui était arrivée un jour en tutu de danse à l'école primaire.

On se fichait tellement de ça.

Je regrette amèrement le temps où j'étais une enfant.

Je commence à doucement haïr le mot adolescent que les autres chérissent tant.

Je n'aime pas l'idée qu'on y associe ni ce que je vois.

Je ne suis pas une débile populaire, je ne suis pas non plus une geek super intelligente qui va aimer un populaire, je ne suis pas une associale qui hiberne, je ne suis pas une fille qui va rouler des pelles au premier venue, je ne suis pas fan de télé réalité, je ne suis pas une fan inconditionnée de rap français ou de chanteur US.

Je suis juste....moi.

Et le problème c'est que je n'ai personne à qui m'identifier.

J'ai l'impression que ma case n'est pas crée, et que je suis devant à la fixer en me demandant comment ça se fabrique.

Est-ce que quelqu'un a le mode d'emploi ?

Ou je dois le fabriquer ?

Ah non pardon...je dois penser à mon avenir alors que je ne sais même pas qui je suis dans le présent.

Génial.

- N'oubliez pas de faire l'exercice numéro 10 de la page 456 pour demain.

La sonnerie retentit, on range tout en notant.

La plupart rigolent en disant qu'ils ne feront rien et le professeur soupire car il sait que ce sera véridique mais il ne les punit plus.

Je crois qu'il est aussi lassé que moi.

Je me lève et je me plonge alors dans cette marée d'élève où je suis bêtement un élève de ma classe car je n'ai pas appris les salles.

Mais je trébuche, je me décale, je glisse car certains se pensent tout permis ou poid lourd.

Ils ne sont pourtant pas des T-Rex mais ils prennent autant de place.

Peut-être que si j'étais née dans une autre époque, j'aurais trouvé ma place ?

Quoique...je ne pense pas.

Entre survie, robe, richesse, hypocrisie, guerre, racisme, esclavage, révolution...

Notre temps est le plus sûr même si l'époque du digital reste un dangereux phénomène.

Mais alors que je marche, je lève la tête et je le vois.

C'est stupide.

Vraiment stupide.

Je ne sais même pas son prénom.

Mais croiser ce garçon me redonne un peu de baume au coeur.

Peut-être parce qu'il porte un symbole de mon manga favori.

Dans tous les cas je vous assure que ce n'est pas un "crush" ou de l'amour.

Juste une sorte de phrase qui me dit "tu n'es pas seul, regarde il est toujours là".

Alors je continue ma route en repensant à ce garçon.

Un jour quand je serais courageuse et que donc les élèves seront des T-Rexs, je lui parlerais peut-être.

Enfin je dis ça mais même si ça arrive, je ne pense pas le faire.

Ha ha là je me sens mieux.

Je n'ai pas ma place mais je partage une petite case avec ce garçon dont je n'ai jamais entendu parler.

Celle de l'univers japonais.

Je n'ai que mon petit doigt dans cette case mais savoir que quelqu'un la partage est bénéfique.

Finalement je pense que si je lave un peu plus mes vêtements, peut-être que la tâche de feutre partira et que je me sentirais heureuse d'être là.

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NDA : 

Cette histoire traîne depuis plus de 7 mois dans mes brouillons et je n'osais pas la publier, parce qu'elle sort de ce que j'écris. 

Mais....ça ne m'a jamais empêché avant, donc osef je la publie et j'espère qu'elle vous plaira car elle me tient à coeur ^^