Chapitre 8

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- Et il ne t’as envoyé aucun message ? s’étonne Jessica.

- Zéro, lui dis-je.

- Bizarre…

Ma meilleure amie était assise sur l’une des chaises de ma cuisine, tandis que je m’affairais à faire la vaisselle, tout en lui racontant ma soirée de la veille.

- C’est fou ce qu’il t’arrives quand même…

Je ne réponds rien, bien trop d’accord avec elle.

Les jours suivants furent tous les mêmes. J’allai en cours, je ne parlai pas à grand-monde, et je m’enfermai chez moi le reste du temps.
J’avais une audition de prévue le jeudi après-midi. J’avais prévenu Jessica, qui finissait les cours à 19h ce jour-là, et qui ne pouvait donc malheureusement pas venir.
J’étais en train de réviser mon morceau dans une salle quand ma professeure vint me dire que c’était mon tour. Je me rendis donc dans la salle, me concentrant sur les premières notes du concerto n°2 de Wieniawski, et rentra sur scène. La salle était pleine aujourd’hui, cela ne fit qu’augmenter mon stress, qui était déjà bien trop présent. Je me mis en place, et l’introduction au piano démarra. Durant les premières mesures, mes mains tremblaient beaucoup, je n’étais donc pas à l’aise. Mais au fur et à mesure que je rentrai dans le fond du morceau, mon cerveau se libéra, et je pus enfin donner le maximum de moi-même, tout en profitant à 100% du moment. Mes doigts virvoltaient au-dessus de la touche de mon violon, je fis saturer les cordes dans les passages passionnés et chauds, et j’oubliai tout: ma routine, mon travail, mes problèmes…
Puis d’un coup, le morceau s’arrêta. Un silence de quelques secondes s’installa, et les auditeurs se mirent à m’applaudir. Les rares amis que je m’étais fait au pôle supérieur m’acclamèrent et sifflèrent. Je savoura ce moment, me sentant alors puissante et mise en valeur.
Mais en descendant de scène, tout s’envola. Je redevins Roxane, jeune fille banale et ordinaire.
C’est dans ses moments là que je réalise à quel point mes études sont passionnantes. Les moments les plus ennuyeux et les moins intéressants sont certes plus présents que ce que je viens de vivre, mais cela en vaut la peine… Cette sensation de prestige, sentir tous ces regards remplis d’admiration posés sur toi… C’est indescriptible.

Tout en réfléchissant à cela, je sortis du pôle sup. Mais quand je voulus tirer la porte, quelqu’un la poussa en même temps. J’eus donc à peine le temps de me pousser avant que cette personne ne rentre. Je leva les yeux vers cet individu bien trop grand et musclé à mon goût. Mais quand je reconnus cette personne, mes yeux s’agrandirent.

Il s’agissait de Romain, le garde du corps de Bigflo et Oli.

Avant même que je puisse me remettre de cette arrivée si soudaine, deux personnes rentrèrent à leur tour dans le pôle sup. Et même si cela me sembla logique quelques heures après, c’est avec surprise que je reconnu en premier Olivio, puis Florian.
Mes yeux s’agrandirent trois fois plus à la vue d’Oli, que je n’avais encore jamais vu d’aussi près. Mon cœur se mit à battre anormalement vite (sans grande surprise cette fois-ci), et mes jambes voulurent soudain se dérober sous moi. Je résista tant bien que mal.
Tout en me jetant un léger coup d’oeil, Romain me dit:
- Pardon mademoiselle…

Olivio passa devant moi en me souriant gentillement, ce qui me fis atrocement rougir. Mais Florian ne me regarda pas une seule seconde, bien trop occupé à pianoter sur son téléphone.
Je ne réussis pas à articuler un seul mot:
- Je…

Tous trois continuèrent leur chemin sans un regard en arrière.

«C’est trop bête» songeais-je.

Je pris alors mon courage à deux mains, m’imaginant sur scène avec mon violon, essayant de ressentir à nouveau ce sentiment de maîtrise et d’assurance, respira un grand coup, et appela:
- Florian !

Secret musical - Bigflo et OliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant