Il faisait déjà nuit lorsque le professeur entra dans l'immense bâtiment aseptisé que l'on distinguait péniblement entre les différents conifères de la forêt. Il avait le pas rapide, se pressant tout en analysant minutieusement les alentours. Comme à la recherche de ce qu'il ne devrait pas arriver. Il savait, comme la totalité de ses confrères que l'expérience qu'ils avaient menée était risquée et leur serait probablement fatale. Cependant, jamais il ne leur était venu à l'esprit que cela se produirait si rapidement.
Le savant arriva aux portes du bâtiment principal et s'empressa de glisser sa carte d'accès dans le boîtier d'identification prévu à cette effet lorsqu'un bruit de pas attira son attention. Le professeur suait à grosses gouttes désormais et celles-ci ne se privaient pas de rouler avec une lenteur quasi moqueuse sur son front pour s'écraser avec violence sur les graviers et se fondre en la terre habilement dissimulée juste au-dessous. Les pas se rapprochaient à mesure que la panique s'emparait de chacun de ses membres, investissait ses nerfs se propageant inexorablement jusqu'à son esprit pour l'engourdir et le corrompre.
La porte s'ouvrit, libérant un flot de soulagement qui apaisa l'esprit embrumé de peur du professeur, lui permettant ainsi de regagner un semblant de fluidité au niveau de ses mouvements. Il entra rapidement pour pensait-il se mettre à l'abri à l'intérieur de l'enceinte stérile que représentait le laboratoire. L'homme pressa le pas afin de mettre la plus grande distance possible entre lui et ceux qu'il pensait le poursuivant. Il ne percevait plus le bruit lancinant du contact des pieds de ses poursuivants avec le sol. Il se sentait désormais en sécurité, protégé derrière cette porte qui annonçait à quiconque l'apercevait l'entrée d'un des nombreux Bunker de l'installation . En effet, les scientifiques qui l'avait accompagné et lui-même avaient été forts prévenants quant aux possibles retournements de situation pouvant résulter leurs expériences qui, il fallait l'avouer, n'étaient pas exemptes de risques. De ce fait, ils avaient tous décidés d'un commun accord de préparer les locaux pour parer à ces multiples éventualités en construisant des bunkers et des pièces aveugles un peu partout dans le bâtiment.
Une fois à l'intérieur de celui-ci, il s'empressa de verrouiller la porte tout en sachant que celle-ci ne lui serait pas d'une grande aide si jamais ses poursuivants parvenaient à pénétrer dans l'enceinte aseptisée. Le professeur attrapa à la hâte une des armes déposées là puis s'installa sur une chaise au fond de la pièce exiguë dans laquelle il se trouvait après avoir pris soin de bloquer la porte, la seule et unique porte avec une lourde penderie présente lors de son entrée dans le lieu qu'il identifiait déjà comme étant celui de sa mort.
Un bruit devant la porte... Seraient-ils déjà parvenus à entrer ? C'est possible après tout, leurs créations sont parfaites d'un point de vue scientifique. Cependant, à ce moment précis, une voix ne put s'empêcher de résonner dans sa tête lui chuchotant avec insolence que c'était bel et bien son narcissisme et son orgueil qui avait fini par le tuer...tout comme les autres, tous les autres.
La porte grince, la penderie frémit puis explose libérant de la sciure et des éclats de bois dans la totalité de la petite pièce. Il faisait chaud à présent dans le bunker et la tension y était plus que palpable.
La porte céda, ayant cependant tenu bien plus longtemps que ne l'imaginait l'homme se trouvant là. Il était resté charmant bien que s'achevait pour lui la trentaine, une mâchoire carrée, des yeux d'un brun linéaire mais pourtant fascinants, un nez droit et de fines lèvres rosées qui n'enlevaient rien à sa masculinité. Oui, le professeur était un bel homme avant qu'ils n'arrivent. Car ils arrivèrent , les jumeaux les dirigeant silencieusement : lui avec un visage impassible, un regard froid et elle...Elle était celle qu'il craignait réellement, un sourire léger arborait ses lèvres à mesure qu'elle se rapprochait de la dernière cible de leur tableau de chasse à tous. Le pas lent mais sûr, le regard droit et teinté d'amusement qu'elle avait acquis au fil de ces sorties. Tout cela, toutes ces choses qui jusque-là le fascinaient allaient être de sa perte.
Les jumeaux se rapprochaient de lui, un pas après l'autre, « lentement mais sûrement » comme beaucoup se plaisent à le dire . Son sourire à elle et son regard à lui, la douceur et la rudesse dans un même lieu, avec une concentration extrême presque irréelle qui accompagnait parfaitement la situation actuelle. Le professeur se leva, lentement pour, peut-être, mourir avec dignité. Il avait pris la décision d'affronter les iris chaleureuses et à la fois glacées des jumeaux.
Ce fut lui qui prit la parole en premier, il souffrait bien que cela ne soit que peu perceptible et ce, uniquement par sa sœur, sa jumelle. Il souffrait et il souhaitait faire souffrir l'homme qui se tenait debout devant lui en lui rendant chaque douleur au centuple.
« Tu devais te douter que ce jour arriverai professeur ! » Ses mots sont sortis de sa bouche tel le venin craché par le serpent.
« Oui ... nous t'avions déjà prévenu...mais tu n'écoutes jamais ». Le sourire de la jeune fille tomba à la fin de ses mots et elle laissa glisser sa main droite jusqu'à sa ceinture où elle ne dissimule qu'a peine son revolver. D'un léger mouvement, elle libéra son arme puis la dirigea sans sourciller sur l'homme situé devant elle. Aucune trace de compassion n'était visible sur les traits fins de son visage d'apparence angélique et paisible.
L'arme était désormais pointée entre les deux prunelles brunes du professeur, la jeune femme s'apprêtait à presser son doigt sur la détente avant que son frère ne l'arrête brusquement « Attends ! Je ne veux pas que tu te salisses les mains pour si peu, laisse-moi faire...pour cette fois ». Le regard à la fois doux et sévère que son jumeau posa sur elle acheva de la décider, elle lui confia son arme sans hésiter lui témoignant une fois de plus sa confiance.
Le jeune homme leva son bras, prit une légère inspiration et...il tira.
Un bruit, ce seul coup de feu marqua la fin d'une quête débutée il y a si longtemps. Le corps sans vie du professeur s'écroula lourdement sur le sol auparavant immaculé de la pièce le recouvrant ainsi de ce liquide si particulier qu'est le sang.
Le silence régnait en maître du moins jusqu'à ce que la phrase prononcée simultanément par les jumeaux ne le brise avec violence : « Adieu Professeur Stein, puisse la mort vous être libératrice. »
***quelques instants plus tard***
Le corps sans vie du professeur Stein fut projeté contre un des murs gris du bunker. L'un des jumeaux était revenu...sa violence était sans limites. Poussant cette mystérieuse personne à agir sans être maîtresse de sa propre volonté. Coups après coups, après chaque craquement significatif annonçant que les os du défunt professeur Stein se brisaient au fur et à mesure tant et si bien qu'il n'en restait probablement plus un seul intact. Pour donner suite à son méfait, le calme regagnait avec peine l'esprit torturé de l'individu qui était en réalité la jeune femme, celle-ci s'approchait avec légèreté du corps inerte et brisé du professeur. Elle s'agenouilla puis à l'aide d'un des couteaux qui se trouvaient à son côté, l'écorcha et le dépeça ensuite laissant ainsi une véritable œuvre d'art pour les forces de l'ordre qui seront là dès le lendemain. La jeune femme avait toujours eu un certain don pour transformer les scènes de chaque meurtre en un sublime tableau de chair et de sang. Celui-ci était sans nul doutes la plus belle de ses réalisations comme c'était la dernière, elle s'était particulièrement appliquée sur le dépeçage de sa victime.
Une fois sa tache achevée, elle se releva s'écartant légèrement du corps afin de ne pas tacher ses bottes du sang qui l'entourait. L'atmosphère était particulièrement sombre du fait de ce qu'il venait de se passer dans cette pièce si restreinte. Cependant, la jeune femme ne tremblait pas de peur, ne frissonnait pas de dégoût à la vue de la quantité considérable d'hémoglobine recouvrant le sol désormais poisseux du bunker. Non, elle releva simplement et avec légèreté son menton et enfin, elle sourit ...
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Voila pour le premier chapitre, en espérant qu'il vous plaise et qu'il ai réussi à vous donner l'envie de poursuivre votre lecture. Je vous invite maintenant dans les méandres de mon imagination et j'aimerais beaucoup avoir vos retours. N'hésitez pas à laisser un commentaire.
Bisous mes p'tits loups ;)

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La vengeance des oubliés
Mystère / ThrillerPour tous, ils n'existent plus. Certains sont morts, d'autres ont simplement disparus et d'autres encore ont vu leur vie chamboulé par ce jour qui bien que funeste les aura peut-être amené à envisager le monde sous un nouveau jour. L'heure est venue...