Le Coeur Du Monde - La Cité Maudite

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“Chadar Logoth”, par Sergey Shikin

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"La cité maudite d'Anshankar, on y est. Tu es bien sûr de toi Sorgyen ?"

"Mes sources sont sûres, mon ami. Mais si tu crains les fantômes, tu peux toujours rentrer au palais la queue entre les jambes."

"C'est ça, moque-toi. J'aime juste pas cet endroit."

Anshankar, glorieuse capitale de l'empire Téléoste. Des siècles plus tôt, alors qu'il était à son apogée, le palais impérial se retrouva piégé au coeur d'un cyclone magique qui anéanti la cité et emporta l'empire dans la tourmente. Des révoltes éclatèrent dans de nombreuses provinces, tous les dirigeants avaient disparu et l'armée était éclatée, profondément affectée par le cataclysme. Il s'effondra en quelques années à peine, les fondations sapées.

Chose étrange, l'histoire avait rapporté que les quelques survivants d'Anshankar avaient trouvé le palais impérial intact, toujours aussi éclatant, rayonnant du contraste avec sa ville en ruines. L'intérieur était immaculé, sans une âme vivante. C'était comme si tous, famille impériale, gouverneurs, soldats et esclaves s'étaient volatilisés. Déclarée comme maudite, peu de gens lucides s'y aventurent encore. Peut-être Sorgyen n'avait-il plus toute sa tête, pour y chercher le coeur du monde, un artefact que la légende disait si puissant qu'il apporterait la bonne fortune à tout royaume le possédant. Personne ne savait qui l'avait dissimulé dans les entrailles d'Anshankar, ou même si l'empire Téléoste le détenait depuis le début, mais les rapports des quelques explorateurs s'aventurant dans les faubourg concordaient avec le mythe : des lignes d'énergie bleutées qui semblaient jaillir du sol, une atmosphère littéralement pesante et crépitante.

Sorgyen et Rorris constatèrent ces mêmes faits au moment où ils passèrent la lourde porte sud aux trois quarts démolie. D'un coup, il leur sembla supporter le poids d'un homme sur leurs épaules, et leurs cheveux s'agitaient sans vent, comme animés d'une volonté propre. les cheveux se tendirent. Seul leur entraînement implacable les empêcha de prendre la fuite. Par sécurité, les deux cavaliers rabattirent les œillères.

Ils ne tardèrent pas à apercevoir la première ligne d'énergie. Elle paraissait crever le sol comme une racine, et pourtant il ne s'agissait, ainsi que Sorgyen le confirma quand il s'en approcha, que de lumière. Un phénomène optique étrange, s'il en était, qu'une faille dans le pavement puisse produire l'effet d'une racine. Il tenta de déterminer la source de cette luminescence, mais fut bien vite aveuglé par l'intensité qui s'en dégageait. Rorris grogna son désagrément et lui dit de remonter en selle.

Il régnait dans les murs une atmosphère étrange. La pierre était étranglée par des arbres morts et du lierre séché. Les récits concernant la destruction de la cité avaient dus être grandement exagérés, ou bien elle était restée inchangée tout ce temps. Certes, il n'y avait là que des ruines, mais certainement pas millénaires. Ils évoluaient dans des quartiers qui avaient du être autrefois magnifiques, dont la splendeur était à présent décolorée et fanée.

Ils avaient la désagréable sensation d'être observés, tantôt de voir une ombre courir dans les murs, tantôt d'entendre des murmures portés par le vent. Une brume fine nappait les rues, s'épaississant à l'approche du palais. Approche laborieuse, les rues principales étant souvent bloquées par des montagnes de gravats et de murs effondrés, ils étaient forcés de prendre de multiples détours, jusqu'à parfois même sortir des murs pour quelques centaines de mètres.

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