L'Ultime Armada

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“Something creeping in the fog” par alexiuss

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“Something creeping in the fog” par alexiuss

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Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Le bruit d'innombrables pattes métalliques frappant inlassablement la grève ne peut appartenir qu'à un seul être : l'Aptékorydoptrix. Le brouillard dense qui avait recouvert la région depuis plusieurs jours semble s'éclaircir au fur et à mesure que nous approchons. Un frisson parcourt tout l'équipage. Ils s'agitent, et je les comprends. Nous arrivons au terme de plus de vingt années de traque. Choleptra, ma titansecte, semble réticente à s'avancer, comme ceux du reste de l'armada. Heureusement, je l'ai élevée depuis sa naissance, elle me voue une confiance aveugle et la trentaine d'écumeurs sur son dos ne l'effarouchent pas. En revanche…

Je me tourne vers la gauche, où il est possible, malgré la purée de poix, de distinguer l'immense silhouette du Gronzéphax. Voyager près de lui, surtout avec cette tension, ne me rend que plus anxieux. Il a beau être dirigé par l'élite des pilotes, si le titansecte séculaire panique, la moitié des écumeurs sera écrasée, et l'Aptékorydoptrix nous échappera. Cela ne doit arriver sous aucun prétexte. Il est le dernier sceau qui nous retient dans ce monde de non-vie. L'abattre nous libérera de cette prison de sable noir.

Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Le brouillard est maintenant devenu suffisamment fin pour que l'aéro nous donne le ciel.

"Ciel d'obéga, capitaine, frilan !"

Ciel d'obéga, à mi-hauteur, c'est les conditions idéales. Les obégas militaires pourront décoller, et ça nous met à l'abri des plus gros prédateurs. Frilan, en revanche, c'est pas bon, ça cache souvent une tempête. De toute façon, on a plus le choix.

"Et tu vois quelque chose ? Je crie."

"Rien et... droit devant ! Oh Dieux !"

Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Au même moment, des froissements d'ailes assourdissants se font entendre de partout, de même que des exclamations des écumeurs. Une corne sonne au loin, étouffée par le brouillard. Ca doit venir d'en haut. Le Gronz s'arrête, puis dissipe brutalement le brouillard. Son souffle manque de me faire passer par dessus bord, mais j'ai eu le temps de m'accrocher. La brume opaque à présent effacée, je constate que tous n'ont pas eu ma chance, et plusieurs équipages s'activent à faire remonter les membres tombés. Tous les titansectes se sont arrêtés au son de la corne, bien dressés.

Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Il sort de la brume, poursuivant son chemin, indifférent au souffle du Gronz et à l'effervescence à quelques centaines de mètres de lui. Je suis tétanisé. Les sceaux précédents étaient terrifiants, destructeurs et impitoyables, mais tous étaient vincibles. Lui est... simplement monstrueux. Jusqu'à aujourd'hui, j'étais persuadé que le Gronzéphax était le plus gros titansecte de ce monde, mais même lui doit à peine arriver à la jointure des pattes tranchantes comme des lames. Ô Dieux, sauvez nous, jamais nous ne pourrons vaincre cet ultime obstacle.

Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Pourtant, la trompe de charge retentit, galvanisant tous les titansectes, et nous sortant de notre torpeur. Nous ne pouvons plus reculer. Quitte à mourir, autant livrer la plus grande des batailles, pour la plus noble des causes, celle de la libération de l'humanité ! Je hurle sans m'en rendre compte, rejoins par les autres. Plus que deux cents mètres, et je me demande comment un monstre à ce point démesuré peut faire aussi peu de bruit. Un signal, tous doivent armer. Une minute plus tard, l'intégralité des balistes de l'ultime armada font feu, visant le corps bien trop haut du titan. Plusieurs ratent, certaines ricochent sur ses pattes de métal, mais la plupart touchent. Poison, explosif, acide, feu, c'est un spectacle lumineux qu'offrent les alchimistes et artificiers. Chaque trait est unique ou presque, et chacun lui fait souffrir le martyre. Il s'arrête et pousse un cri si rauque qu'il semble provenir des profondeurs de la terre elle-même. Il résonne en nous, je sens mon coeur peiner à équilibrer cette nouvelle vibration plus forte que la sienne. Beaucoup d'entre nous viennent de tomber, notre charge est brisée, mais l'Aptékorydoptrix est stoppé.

Tikatikatikatikatikatikatikatikatika....

Il me faut du temps avant de réaliser que le son qui nous parvient émane du reste du corps du titansecte, toujours plongé dans la brume. Des secondes qui me paraissent être des minutes passent. Peu à peu, je reprends possession de mon corps chancelant. Choleptra se remet en marche la première, puis le reste suit. Le Gronz se relève du choc en dernier. Aujourd'hui est le dernier jour. Aujourd'hui, nous brisons le dernier sceau !

Tikatikatikatikati.


Jour 4.

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