Les Âmes Sœurs

Chapitre 4 : A cœur perdu

Depuis cet instant, Diego cessa de vouvoyer Billy, leur relation devenait de plus en plus intime si bien qu'on pouvait croire qu'ils se connaissaient depuis longtemps. Devant son père, Ana Maria et Ricardo, ils gardaient une certaine distance, mais lorsqu'ils étaient seuls, les deux jeunes gens se lâchèrent. Bien évidemment, il n'était pas question de jouer aux amants qui cachent leur amour, lorsqu'ils se voyaient c'était uniquement pour parler météo, livres, arts, musiques, natures, animaux et les voyages qu'ils avaient pu faire au cours de leurs jeunes existences. Ils n'avaient jamais reparlés de ce baiser échangé. Ils étaient devenus très proches, certes, mais cela en restaient pour l'instant là.

Mais l'œil paternel et avisé d'Alejandro remarqua bien la complicité qui naissait entre ce jeune et curieux couple. Parfois, il surprit Diego glissait quelques chuchotements discrets à Billy qui riait ensuite doucement. Il lui arrivait de voir les regards qu'ils échangeaient lors des dîners le soir ou bien juste avant de se coucher, de les retrouver assis côte à côte tandis que Diego jouait un air de piano. Alejandro n'avait jamais osé interrompre ces moments d'intimité, ni poser le moindre question à son jeune fils, car il se questionnait aussi sur la relation qu'entretenait autrefois Zorro et Ana Maria, et il se demanda bien comment Diego pourrait gérer cela.

Du coté de Bernado, qui était un peu délaissé par son jeune maître et ami, il était face à deux problèmes, l'un était le problème de Zorro, l'autre celui de Diego. Lorsqu'il le voyait avec elle, Diego semblait heureux, mais quand il revint le soir dans sa chambre, Bernado trouva un homme torturé par un dilemme.

Un jour, le jeune don se réfugia auprès de Tornado et finit par se confier à son serviteur muet . Il avait laissé Ricardo, Ana Maria et Billy allaient pique-niquer, il leur avait dit qu'il allait les rejoindre plus tard, prétextant qu'un de ses vaqueros avaient besoin de son aide. En vérité, il n'avait pas le cœur à y aller.

"- Je ne sais que faire, Bernado, gémit-il désespéré, Billy est une femme merveilleuse, plein d'entrain, ouverte d'esprit...et très douée à l'escrime, ajouta-t-il avec un sourire, mais Zorro a le coeur lourd car il vient de laisser tomber Ana Maria qui continue de l'aimer. Que dois-je faire, Bernado ?"

Le serviteur fit quelques signes.

"- Lui dire la vérité ? Traduit le jeune renard, et que va-t-elle penser de Zorro ? Pour elle, il va devenir un couard ! C'est comme si je l'avais trompé !"

Il glissa sur la paroi de la grotte et s'assit, abattu par ses sentiments qui le tourmentaient.

"- Je ne sais pas si j'ai encore des sentiments pour Ana Maria...mais j'aime Billy comme je n'ai jamais aimé une autre femme..."

Bernado ne savait pas quoi dire d'autres. Son maître était dans une impasse, même si la solution pouvait sauter aux yeux.

"- Diego, tu es là ? Résonna la voix de Don Alejandro dans la grotte.

Le renard se figea, il ne s'attendait pas à la venue de son père.

"- Diego, mon garçon, je croyais que tu étais partie avec tes amis...Quelque chose ne va pas ? S'inquiéta le vieux don en voyant son fils ainsi.

Le jeune homme ne répondit pas et baissa la tête, jouant nerveusement avec un morceau de bois qui trainait.

"- Mon fils, je vois que tu sembles tourmenté...

- J'aurai du accepter l'amnistie, lança-t-il amèrement.

Le vieux don tressaillit en se souvenant de ce jour fatidique qui aurait sans doute fait tomber la liberté de la Californie. Il avait été obligé d'intervenir pour éviter que Zorro fasse la plus grosse erreur de sa vie. Au final, Diego avait accepté cela, finissant par comprendre le geste de son père et Zorro put ainsi continuer à servir le peuple qu'il avait toujours protégé.