Je parcourus à maintes reprises la missive que je tenais désormais dans mes mains pour m'assurer qu'elle était bien écrite. Cependant, je tergiversais quant à son envoi. Des idées indissociables faufilaient dans ma petite tête tel un défilé des abeilles. Mais pas question de revenir en arrière. Alors je glissai ma lettre dans les loup guerriers de Ib Melchior. J'avais tout prévu. Elle la lirait sans doute quand elle découvrira cette dernière.
Après une succession de séquences de temps passée devant l'armoire, je choisis enfin le vêtement que je pensais lui convenir. Un pantalon bleu nuit puis une chemise très blanche, col debout couture anglaise. J'enfilai alors mon mocassin noir acheté dans une foire parisienne. Ce fut à l'occasion du concours le plus bel art où je terminai troisième.
Je finissais par mettre ma montre Patek Philippe puis quelques aspersions de mon Ulric de Varans.
Je la connaissais assez. Je connaissais chacun de ses goûts. En plus de la simplicité dans mon sourire, je pris sur moi de l'élégance, de la galanterie des grands esprits et un peu de rigueur de dictateur pour être mon personnage dans ma peau loge une diablesse.
... J'étais maintenant assis devant elle dans le coin du restaurant. Elle n'avait pas arrêté de me regarder depuis une quinzaine de minutes.
Elle était très belle ce soir là. J'avais envie de me lever et de lui octroyer un baiser inopiné mais je ne voulais surtout pas être needy. Il fallait que je cache cette envie volcanique qui me brûlait au fond de moi. Il faut que ce soit elle qui demande. Quand c'était moi, le jeu consistait d'abord à gagner une série de questions et quand c'était elle, j'avais juste à lui donner quelques fessées pour avoir demandé... Bien sûr que lesdites fessées marquaient le début des cochonneries.
Ce qui me déplaisait dans les questions, c'était qu'elle refusait d'admettre aussitôt que j'avais gagné et faisait traîner mon envie voluptueuse de la cueillir précipitamment.
Alors je laissai comme par maladresse tomber le roman de son côté. En le ramassant, elle découvrit mon petit secret de polichinelle. Elle s'offrit bien sûr le luxe extravagant de le lire.
Un sourire légitime apparaissait très tôt sur son visage d'ange diabolique. Je compris du fait de sa rapidité à lire qu'elle n'avait parcouru que quelques passages ; sûrement le début et la fin. Elle remit sous plis la lettre, la déposa dans le livre puis enfouit le tout dans son gros sac à main.
Elle fît ensuite signe à une servante à qui elle glissa à l'oreille de plutôt emballer nos commandes.
... Nous arrivâmes chez moi. Une sorte de musique légère se faisait entendre déjà. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait penché pour l'idée de finir chez moi.
Entre nous, il n'était pas question de semblant ni de pudeur... mais ce soir là une sorte de rebondissement dans le passé fit apparition. Je la contemplais dans un regard évasif comme si elle était transparente. Je ne voyais plus qu'une femme, une femme à aimer passionnément. Je voyais surtout dans ce vide, une femme par qui j'apprenais à devenir un homme quelques années plus tôt. Je voyais une femme différente maintenant. Une femme que je voulais par surcroît aimer de toutes mes forces. Une femme que je voyais autrement.
Toutes mes sensations désirées et émises dans ma note se mirent à se dissiper. Je ne voulais plus du coup la même chose.
Cette captivité n'avait pas duré plus qu'un feu de pagne. La créature devant moi se précipita sur moi puis m'octroya une gifle assez préparée. Je me réveillai précipitamment de ma rêvasserie...
Avant même de réagir, je me retrouvai acculé dans le canapé dominé par le poids de mon agresseur.
Mais quel agresseur faisait-elle ?
Je le savais, la seule manière d'échapper à son charme possessif était de demeurer en marge de son existence. Mais le comble y était déjà. Il était d'ailleurs davantage dans ma culotte quand elle saisît mon soldat déjà très brave. Mais où était passé mon désintéressement naguère ?
Sûrement emporté par le miracle de la magie féminine.
J'avais à peine conscience de nos vêtements qui parachutaient. Je ne pouvais voir qu'une femme mourante. Une femme sans vergogne. Une femme me déchirant le dos.
- Bon Dieu ! Merde Sam ! Ne me laisse plus. Me jeta-t-elle dans un cri étouffé par sa voix trémulante et frêle enfermée dans sa gorge gonflante.
Je n'avais maintenant d'oreille que par mes reins qui se creusaient incessamment. Même toute la fatigue qui m'assiégeait ne pouvait arrêter le plaisir que je prenais.
Ses yeux n'avaient jamais autant brillé. Elle n'avait jamais été si tendre et aimante. C'était la première fois.
Son voile tombait en quelque sorte. J'avais l'impression de vivre dans un roman d'amour.[...]
Jambe deçà, jambe delà, elle s'était mise à califourchon sur moi, mon totem disparaissant.
J'aimais cette façon peu commode qu'elle avait de me manger. Je n'avais jamais été dégusté avec autant d'expertise. C'était un art tout court.
Je me mis à cueillir avec délicatesse les deux raisins qui pendaient à sa poitrine. Quelle belle balade faisait-elle dans la musique de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg. Elle rendait non seulement plus sensuelle ce fameux chef-d'œuvre mais aussi nettement sexuelle. Quel gémissement mon Dieu ! ...
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Dans ma peau loge une diablesse.
Storie d'amoreJe ne me rappelle pas avoir aimé. Je me rappelle seulement l'avoir connu par des baisers, mes premiers et des moments où le bonheur ressenti n'est ni corrompu ni orchestré. Et dire que j'ouvrais incognito la porte de mes sentiments à une diablesse a...