Étoile De Feu

6- Réveil mystérieux (G)

Mary se réveilla soudain en sueur. Elle soupira de soulagement à la pensée que tout ceci n'était qu'un rêve un peu fou de son esprit tordu. Joyeuse de la journée qui s'annonçait, elle s'étira avec plaisir. Cependant, elle prit subitement conscience d'un détail anormal. Ces draps n'étaient pas les siens, ils étaient bien plus fins. Elle portait une chemise de nuit en lin blanc, avec des laçages complexes qui ne lui correspondait pas du tout... Elle se leva en un sursaut. La chambre dans laquelle elle avait dormi ne ressemblait en rien à une quelconque pièce de son château. Et d'ailleurs, ce rêve était bien trop réel pour en être un. Derrière les grosses fenêtres à crémones, le soleil était déjà à son zénith.

-C'est quoi ce bordel...marmonna-t-elle pour se donner une contenance.

D'habitude, elle n'aimait pas trop la vulgarité, mais là elle s'en moquait éperdument. Elle observa la chambre avec attention. Le mobilier était sobre mais très soigné, les grands murs étaient couverts de teintures à motifs floraux, assortis au rideau. Mary, malgré son angoisse croissante, ne pu s'empêcher de noter le bon goût avec laquelle elle était aménagée. Elle essayait de comprendre la situation du mieux qu'elle pouvait quand soudain, une inconnue pénétra dans la chambre.

-Vous êtes debout mam'zelle ! On craignait qu'vous soyez malade, vous répondiez à rien tout c'matin. Vot'mère a été prévenue et tout ! Pour un peu plus on vous f'sais une saignée ! Oh, et pis dire a que vous viendrez quand même au thé de Mme de Roskoff...Pensez, on avait dit que vous veniez pas, avec vot'état de c'matin...On aurait dit une morte tellement que vous étiez pâle. Vous allez mieux hein ? Vos joues ont rosi !

-heu oui..oui merci, je vais beaucoup mieux.

- Tant mieux alors, je vais faire préparer vot' bain.

Et elle sortit en coup de vent, aussi rapidement qu'elle était entrée.

Mary en resta stupéfaite. À en juger par sa manière de parler et son tablier, on la croirait volontiers sortie d'un autre siècle.

Mary fit le point. Elle était dans un endroit inconnu, ou vivait une dame inconnue en costume historique, qui visiblement la confondait avec une autre. Elle ne rêvait pas, elle n'avait pas d'hallucinations...et la dame allait sans doute revenir d'un instant à l'autre. Mary ne voyait qu'une solution: jouer le jeu pour essayer de comprendre. S'enfuir alors qu'elle ne savait même pas ou elle était aurait été un désastre, et surtout, elle espérait que les autres soient aussi dans ce château, ou ce qui semblait être un château.
Elle décida donc de s'aventurer hors de la chambre. Elle fut alors happée par un courant d'air froid qui la fit frissonner. Elle ne portait en effet qu'une simple chemise de nuit blanche qu'elle n'avait même pas le souvenir d'avoir enfilé. Devant sa chambre se trouvait un couloir, plutôt petit par rapport à la chambre, mais lumineux.

L'inconnue surgit alors d'une des portes avec une où le de linge sur les bras.

-He beh ! Z'êtes étrange aujourd'houi ! Enfin, le bain est prêt, suivez moi.

Mary ne sut que dire et la suivit sans broncher. Elle venait de décider, sur un pur coup de tête, de se comporter précisément comme si elle était cette fille pour qui on la prenait, et tant pis pour les conséquences et tant pis si elle ne comprennais pas ce qui lui arrivait. Une aventure comme celle ci ne se représenterais sans doute pas deux fois, elle allait donc mordre dedans à pleine dent, et elle trouverait bien une explication rationnelle plus tard...
Elle entra donc dans une vaste pièce aux rideaux blancs. L'air humide de vapeur sentait la lavande et le savon : Mary était ravie. La dame semblait aux yeux de Mary être une sorte de femme de chambre, ou de servante. Elle s'approcha vigoureusement et commença à défaire les laçages de sa chemise de nuit. Mary recula subitement.