8-Une saison à Nautalène (G)

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Mary regardait avec tristesse le château de son amie s'éloigner alors qu'elle repartait ballottée par sa calèche. Elle avait appris entre temps que ce domaine se nommait « Les Sablonnières ». Il appartenait au tout nouveau petit frère de Natacha, qui préférait passer l'année à Nautalène, à  s'amuser sans compter avec les autres nobles de la capitale. Natacha était donc considérée comme seule maîtresse en ces lieux.

Malheureusement, Mary n'avait pas pu y rester pour dormir. Elle n'était venue avec aucun bagage, et avait appris en se renseignant discrètement auprès d'une servante que cela ne se faisait pas du tout, pour des questions d'étiquette. Elle et Natacha conclurent qu'elles avaient suffisamment marqué les esprits par leur comportements aujourd'hui. Mieux valait éviter de se faire remarquer.

Le retour et la soirée se passèrent sans anicroche. Mary dîna seule sur une immense table et alla se coucher le plus vite qu'elle pu. Allongée dans ses draps blancs immaculés, elle repensa à la journée si folle et éprouvante qu'elle venait de vivre, avec le secret espoir que tout cela n'était qu'un rêve qui s'envolerait au matin. Malheureusement, elle savait que jamais rêve n'avait été si réel, et ne se berça pas longtemps d'illusions rassurantes.

La nuit arriva à pas de velours apaiser ses tourments et la plonger dans un repos amplement mérité.

Au petit matin, Mary se réveilla de merveilleuse humeur, prête à affronter ce monde absurde.

Quelques minutes plus tard, une femme entra dans la chambre, la même que la veille. Cette fois, Mary savait ce qu'elle devait dire et faire.

-Te voilà ! Madame de Roskoff devrait bientôt arriver, je l'ai invitée pour toute la semaine.

-Vraiment mam'zelle ? Sans prévenir M. Hédin ? Qu'en dit votre père ? S'étonna la servante.

Mary se demandait qui était ce M. Hédin sorti de nulle part. Elle décida de tenter le tout pour le tout.

-Je m'arrange de mon père, assura-t-elle avec aplomb, alors même qu'elle ne le connaissait même pas.

Puis elle continua sur le ton de la confidence :

- Vois-tu, hier chez Madame de Roskoff, j'ai pris un peu trop le soleil, et il m'a tapé sur la tête. Alors je me suis sentie faible et ma mémoire me joue quelques tours...Si tu pouvais me rappeler ton nom et qui est M. Hédin tu m'aiderais beaucoup tu comprends ? C'est pour ça que Madame de Roskoff vient, c'est pour m' aider à me remettre...

Mary croisait les doigts en espérant que cette histoire d'insolation passerait auprès de sa femme de chambre...

-Oh ma chère enfant, avec votre état de santé ça m'étonne pas ! Je suis Nanon, NANON, votre femme de chambre, articula-t-elle exagérément.

Voilà qu'elle me prend pour une demeurée... pensa Mary.

-Monsieur Hédin est l'intendant de votre maison, votre majordome, acheva-t-elle. Ne vous inquiétez pas, vous allez prendre un bon bain et vous vous sentirez mieux mam'zelle !

Nanon parlait avec un ton rassurant, presque maternel.

-Merci Nanon, répondit Mary, tu es un ange ! J'irais seule, toi, enquère-toi du courrier je te prie.

-Mais, Madame... commença Nanon en fronçant les sourcils d'incompréhension.

-Vite, vite, la coupa Mary qui ne voulait surtout pas que cette femme se mêle de son bain. Décidemment c'est une manie à cette époque ! pensa-t-elle silencieusement.

Un quart de plus tard, douchée, corsettée, habillée, poudrée, Mary était fin prête. Nanon arriva haletante dans la roberie et s'exclama

-Mam'zelle, c'est...c'est...fou...une lettre du palais !
Les trois soubrettes présentes se regardaient en gloussant discrètement d'admiration...

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 17, 2020 ⏰

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