Prologue

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Druella Black détestait les grossesses. Elle avait prié quatre semaines entières à l'annonce de l'arrivée de son premier enfant, pour que celui-ci soit un garçon, et que son mari ne trouve rien à redire lorsqu'elle lui avouerait que cela s'arrêterait là. Mais voilà, elle avait eu une fille. Alors elle fit contre mauvaise fortune bon cœur, et redonna un enfant à son époux : une fille, encore, et toujours...La troisième tentative fut la dernière pour Druella. Dès lors qu'elle fut remise sur pieds, elle se battit pour que cela ne se reproduise plus : elle arrêta de partager la chambre de Cygnus.

Son mari fut mécontent, et ne lui pardonna jamais pleinement cet affront. Trois filles à marier était un cadeau empoisonné pour une famille comme les Black. Qui donc porterait le nom ? Cygnus détestait le fait qu'un jour, probablement, sa sœur Walburga réussirait là où sa femme échouait, et qu'un jour l'héritage des Black ne passerait pas par sa lignée, mais la contournerait.

« Je t'en prie ma douce femme, il me faut un héritier ! Tentait-il souvent, à table, dans le salon dans la rue... »

Mais il détournait vite le regard quand les yeux de sa femme atteignaient son visage : si un regard pouvait tuer, Cygnus serait mort des centaines de fois...

Druella passa pratiquement cinq ans, depuis la naissance de sa cadette, à résister aux avances de son mari. Malgré elle, il y eut pourtant un moment d'égarement, le lendemain d'une soirée dans la grande bourgeoisie sorcière, tout ce qu'il y avait de plus banal...Une seule fois, et Druella n'aurait jamais imaginé qu'elle courrait grand risque.

Pourtant, quand le médecin lui annonça, qu'après une semaine de malaises, nausées, et humeurs, elle était enceinte. Les petites filles qui jouaient non loin de là se souviendraient toujours des hurlements de frustration de la femme qui leur avait donné la vie, ainsi que des larmes de bonheur de son mari ambitieux.

Un égarement, une bêtise de trop, et voilà qu'elle attendait un enfant non désiré. Son destin semblait déjà écrit : haït par sa mère s'il ne s'agissait pas là de l'héritier tant attendu.
Cygnus organisa une vingtaine de dînés, de famille, et de son cercle élargi, et chacun soumettait à Druella ses vœux, priant fortement pour que le prochain Black soit un garçon, vigoureux, et portant tous les attraits de sa famille : la chevelure d'ébène, les yeux gris foudroyants, et les traits aristocratiques et hautains qui faisaient chavirer les cœurs...

La compétition s'ajouta au malaise qu'éprouvait déjà les deux époux, lorsque Walburga, sa tendre belle-sœur, venait d'accoucher d'un garçon, plein de vitalité, qu'elle nomma Sirius, quelques mois auparavant. Cygnus ravala ses larmes : Sirius était son choix de prénom depuis des années, et voilà que sa sœur, lui volait de nouveau ses possessions. La naissance du prochain Black devint une querelle de famille.

Quels furent les soulagements lorsque Druella perdit les eaux, et que les sages-femmes de St-Mangouste arrivèrent sur le pallier de la maison de campagne ! Enfin le mystère serait levé !

Cependant, malgré toutes les bonnes prédictions, les courbettes, les prières, les superstitions : la malédiction ne leva pas son voile sur Druella, qui accoucha de nouveau d'une fille. Ce minuscule petit être possédait toutes les teintes des Black : la peau pâle et douce, les cheveux noirs corbeaux, et les yeux clairs comme le ciel. Et pourtant, Druella, ne put s'empêcher de frémir de dégoût. Une vingtaine d'heure de souffrance pour qu'une fille gémisse de nouveau entre ses bras. Cygnus observait la mère et la fille, appuyé contre le mur et la main plongée dans sa barbe grise, et bien que la déception jaillisse de ses yeux, il n'en dit rien, contemplant son quatrième enfant.

« Nous ne pouvons donc pas l'appeler Orion. »

Druella ricana méchamment à sa remarque. Un Orion aurait signifié tant de choses...Que pouvaient-ils attendre d'une énième fille ? Ils n'avaient même plus de constellations à lui offrir...Ce petit être arrivait à l'improviste, elle tombait des étoiles, les étourdissant tout deux. Alors pourquoi ne pas la nommer d'après une généralité ?

« Asteria, nous pouvons l'appeler Asteria, proposa-t-elle »

Ce fut le seul cadeau qu'elle fit à sa petite fille : un nom magnifique.

AsteriaWhere stories live. Discover now