Asteria

Chapitre 3 : Le Sondeur

Quand elle fit son entrée, pour la première fois, dans le Grand Réfectoire de Beauxbatons, Asteria comprit que ce n'était finalement, pas si terrible. Le flot d'émotions qu'elle ressentit en quelques instants, lui donnèrent une image de la longueur de ses futures lettres. Comment pourrait-elle trouver les mots pour figurer des choses aussi indescriptibles que ces statuts de glace qui ne pouvaient fondre ? Peut-être avait-elle été dure avec les costumes, l'odeur de lavande, et l'accent français...

S'il y avait bien une personne plus à l'aise pour exprimer son ressentit, c'était sa connaissance du compartiment : Célia, qui souriait, ravie. Elle semblait aux anges, si elle n'était pas déjà un ange elle-même. Elle sautillait sur ses deux chaussons cirés, et essayait en vain, de dévisager chaque individu attablé.

« Savais-tu que la disposition des meubles, ainsi que la décoration de cette salle, changent à chaque repas ? lui demanda-t-elle lorsqu'elle fut lassée du paysage.

― Non, je l'ignorais. Est-ce ton frère qui te l'a dit ? »

Célia évoquait en permanence son frère, comme s'il était sa seule source de connaissance. Ce dernier n'était pas avec elle, car cette année, il avait voulu faire ses études en Russie.

« Oui c'est lui. Sais-tu comment se passe la cérémonie de Répartition ici ?

― Une entité mystérieuse que l'on appelle le Sondeur, nous pose cinq questions et choisi en fonction des réponses, notre couleur.

― Je trouve cela mieux que le choixpeau de Poudlard, affirma fièrement Célia.

― Pourquoi donc ? Au moins le choixpeau se base sur ce qu'il y a, au plus profond de notre âme. Qu'est-ce qui te semble attrayant chez cinq maudites questions ?

― Tu peux choisir ta réponse. Tu peux choisir de mentir, ou de dissimuler une part de la vérité. »

Asteria faillit en recracher son jus d'orange.

« Mais il saura si c'est un mensonge ! rétorqua-t-elle.

― Pas si tu es douée pour mentir... »

Astéria ne savait pas si elle possédait cette capacité. Jusqu'ici les mensonges qu'elle avait dû utiliser, étaient simplement des excuses pour fuir la tension familiale, et rejoindre ses cousins. Elle était une jeune fille transparente, il était facile de lire ses émotions sur son visage. Sa mère lui dirait que c'est une mauvaise chose, un défaut de plus qu'elle doit s'efforcer de faire disparaître. Célia, quant à elle, paraissait à l'aise avec l'idée du mensonge, et Asteria eut le pressentiment que c'était comme une seconde nature chez elle.

« Tu mens souvent ? Osa s'enquérir la brune après un long silence.

― Dans la vie, on n'a pas le choix. Si tu veux gravir les échelons Asteria, tu dois apprendre à manipuler tes adversaires. Sinon c'est toi qu'ils manipuleront. Les honnêtes se font toujours bouffer en premier. »

Célia relevait le menton, comme une princesse ; sûre de ce qu'elle avançait. Etait-ce aussi une leçon de son frère ? Ou bien sa famille l'avait-elle façonné ainsi ? Comme un renard qui guette les proies ?

« Pourtant...Lorsque tu m'avoues ça...Tu es certainement la personne la plus franche qui soit, contrecarra-t-elle. Un manipulateur m'aurait fait entendre ce que je souhaitais entendre. »

Un scintillement orna ses prunelles à l'entente de ces mots. Comme si, de manière inattendue, la réponse de la jeune Black l'avait prise au dépourvu. Elle mit un temps à répondre, elle chercha ses mots, ouvrant et refermant plusieurs fois la bouche. Observer une fillette avec tant de charisme, être désarmée de ses paroles, secoua profondément Asteria.