Chapitre 1 : Des vacances imprévues

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Samedi 27 Juin 2020 - 10h30

18, rue de L'enfer - Perpignan

Résidence Ortéga

Point de vue d'Elena

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Je suis réveillée ce matin par l'odeur de crêpe chaude qui monte jusque dans ma chambre. J'ouvre les yeux et vois qu'il est déjà 10 h 30 sur mon radio-réveil. Les vacances scolaires commencent déjà très bien pour moi. Ce qui m'étonne par contre, c'est que mon père est au rez-de-chaussée à me préparer un petit-déjeuner. En tant, normal, je le vois très rarement car il travaille beaucoup. Il est médecin anesthésiste à l'hôpital de la ville.

J'enfile mes grosses pantoufles à tête de gros lapin et descends le rejoindre. Il ne m'entend pas arriver, il est de dos devant la cuisinière, prêt à faire sauter la crêpe suivante. Je souris et repense à la première fois où il avait tenté de faire des crêpes. C'était peu de temps après la mort de maman, il savait que j'adorais manger ça alors il avait essayé, mais elles étaient immangeables, nous en rions encore très souvent ensemble. Il est vrai que depuis maintenant quatre ans, mon père a dû apprendre à tout gérer tout seul et honnêtement, il s'en est bien sorti.

Depuis quatre ans, c'est lui et moi contre le reste du monde. Il est mon meilleur ami, et même si le manque de ma mère ne disparaîtra jamais, il a réussi à le combler comme il le pouvait. Je m'approche doucement de lui et il se retourne pour m'embrasser, me souriant fièrement comme à son habitude.

- Coucou mon ange. Bien dormi ?

- Oui. Tu as déjà fini ta garde du week-end ?

- J'ai pris un congé jusque demain soir.

- Pourquoi ? Je lui réponds étonnée, en commençant à manger ma première crêpe.

- En fait... Il s'assoit à mes côtés et je vois qu'il tente de trouver les bons mots. Je voulais un peu profiter d'être avec toi. J'ai dû annuler mes congés d'été et... Il me regarde avec un sourire que je connais trop bien. Tu pars en colonie de vacances samedi prochain pour trois semaines, à Barcelone.

Je repose lentement ma crêpe dans mon assiette et le dévisage, m'attendant naïvement à ce qu'il m'annonce que c'est une blague, mais il ne fait rien de tel. Je me lève du tabouret qui me permettait de prendre mon petit-déjeuner sur la table-bar installée dans la cuisine.

- Papa, je peux très bien rester à la maison. Ce n'est pas grave si tu n'as pas de congé.

- Mon ange, tu as besoin de t'amuser à ton âge. Tu pourras profiter de la mer, du soleil. C'est une collègue de l'hôpital qui m'a conseillé cette colonie. Elle y envoyait souvent sa fille, et même si elle disait ne pas vouloir y aller, elle revenait toujours très satisfaite.

Je soupire un grand coup et le dévisage de nouveau. Il me sourit en haussant les épaules. Franchement, j'aurais préféré rester à la maison. Ici aussi, il fait beau et il y a la mer à côté de la maison... J'aurais préféré qu'il m'en parle avant de me réserver une place et surtout de me payer des vacances dont je ne voulais même pas.

Je sais que beaucoup d'autres adolescentes adoreraient ce cadeau mais je ne suis pas quelqu'un qui a des facilités avec les gens, à l'exception de mon père et de ma meilleure amie Inès. Toutes les deux on se connait depuis huit ans, mais elle a dû déménager l'année dernière pour la région parisienne, à cause de la mutation professionnelle de son père.

Promets-moi d'être là  - SOUS CONTRAT D'ÉDITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant