Chasse et combat

562 76 3
                                    


Le souffle court, je me redresse face à l'immense animal qui convoite mon lièvre.
Ayant peu apprécié que je lui attrape sous le nez, le jeune ours se redresse et grogne.

Mon grognement se fait plus fort lui aussi.
Mais cette sensation sauvage en moi n'arrête pas pour autant son ascension.
Je ressens alors enfin ce qui a poussé Naïto à perdre le contrôle.
Cette faim atroce qui nous tord l'estomac, cette fatigue qui nous rend faible à cette colère et cette rage qui monte.
Cette rage de survivre.

Ignorant mes crocs et griffes qui se mettent à sortir, je me redresse face à l'ours et grogne sourdement.
Plus rien ne peut empêcher mon loup intérieur de se jeter dans le vide.
Foncer dans un mur, l'envie de déchiqueter un colosse ne serais-ce qu'un instant.
Toutes ces sensations montantes et profondes me remplissent de la tête au pied, évinçant mon être pensant.

Plus rien ne pense en moi, tout grogne et sort les crocs.

                       **************

Lorsque mon loup s'estompe quelque peu, l'ours à fait demi tour, quelques coups de griffes sur le nez.
La griffe de l'ours, elle n'a que très peu touché mon corps.
La vitesse a été de mon côté.

Tu as défié un ours Mohnre ! Tu es stupide ou quoi ! Il en avait même rien à foutre de toi il aurait juste bouffer des fruits putain!

Enfin redescendu de ma transe animal, je m'assois un peu et ouvre grand les yeux.

- Bordel... Oh Naïto où es tu maintenant ? Toi non plus tu n'as pas pu te reprendre hein ?

Ne pardonnes pas si facilement Mohnre...
Oh et puis merde le plus important c'est qu'on soit en vie bordel !

- NAÏTO ?!

À peine surpris, je n'entends aucune réponse.
Dépité mais tout de même pas bredouille, je retourne à ma grotte pour cuire ce lièvre.

                            ***********

Observant les flammes qui dansent subtilement devant moi, je pense encore et encore à ma meute.
Qu'est-ce qu'un loup sans sa meute ? Pas grand chose...

La pluie qui s'est mise à tomber sur la grande forêt bien plus dense, me berce l'esprit.
Une pluie douce donc le bruit fin réconforte les plus abîmés par la solitude.

Je replie mes genoux contre moi et les encercle de mes bras.
Mais des bruits de pas traînant s'approchent.
N'ayant entendu que mes propres pas pendant trop longtemps, je tourne brusquement la tête vers la sortie de la grotte.

Un corps épuisé, trempé et affaiblis se tient là, tenant un tissu déchiré sur ses épaules, et le visage baigné de vieilles larmes.
- Je... Je t'ai .. entendu m'appeler. Et j'ai eu si peur que ce ne soit pas réel...

Crowned MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant