L'observateur

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La volonté d'atteindre les bois m'a fait me transformer en loup à mi chemin.
Cette grossière pulsion m'a sucré une énorme dose d'énergie que je vais peiner à retrouver.

Atteignant enfin l'orée de la forêt, je me détransforme et tombe à genoux.
Je m'écrase lourdement au sol et tente de reprendre mon souffle.

L'immense montagne, qui borde le territoire de notre meute, semble m'observer.
Son ombre rafraîchissante protège ma peau du soleil qu'elle subit depuis plusieurs jours.
J'apprécie cette douce fraîcheur qui semble caresser ma peau bronzée après cette torture désertique.
Même un loup du désert apprécie de ne pas avoir à la supporter sans cesse.

Entendant le faible cours d'eau qui débute près d'ici, je me traîne péniblement, guidé par ma soif.

Presque au bord du gouffre, je trouve cette fois ci,non pas le dit faible cours d'eau, mais le début de la rivière qui borde nos terres.
Oh ! Bénédiction !

Je m'y jette sans réfléchir et laisse la froideur du courant nettoyer ma brûlure.
Comme revigoré, celle ci termine de se régénérer ne laissant qu'une large cicatrice brunâtre dû à son mauvais traitement continu.

J'hausse les épaules, n'en ayant pas grand chose à faire de revenir marqué par mes épreuves.
Ce que j'ai vu en plein désert et le désespoir que j'y ai ressenti restera lui même gravé dans mon esprit.

Mon loup intérieur sait, lui, que rien ne me fera oublier ce sentiment de perdre son chemin, de solitude, d'être voué à mourir.
Et à jamais il guidera mes pas pour toujours rester fort et digne.

Sortant de l'eau, dépoussiéré et désaltéré, je cherche alors un endroit où m'abriter.

Chercher une grotte, chasser, faire un feu, manger et dormir. Demain je retrouverai les miens et nous reconstruirons la meute !

Le regard plus vif, je fouille les environs et trouvent la grotte dont j'ai besoin.
Peu profonde mais assez grande pour pouvoir y faire un petit feu, j'y installe les quelques roches et brindilles qui me seront utiles.

Du bois !

Boosté par mon appétit grandissant, l'oméga en moi se tasse, ne laissant qu'un chasseur.

Les muscles endoloris et faibles, j'essaye tant bien que mal d'en user.
Je plisse les yeux et réveille mon loup.
Mon odorat qui ne me sert plus depuis un certain temps doit se ranimer.
Sentant mon sang garou crépiter sous ma peau, je souffle et part chercher mon repas.

Mohnre Taylor, tu es un survivant.

Crowned MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant