chapitre 1

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Musique: Needs- Verzache

Salut, moi c'est Prudence, Prudence Moreau.
Parisienne depuis toujours, j'ai maintenant 17 ans et je suis tout ce qu'il y a de plus banale dans cette ville: mes parents sont super riches, je vais dans un lycée réputé du 15eme arrondissement, j'adore les trucs chers genre les sacs Chanel et les Louboutin, aller en soirée avec mes copines, et voyager.

Bref, une vie de parisienne quoi.

Aujourd'hui est un mardi simple.

Il est 7h, je dois partir dans 40min et je suis encore dans mon lit, putain..
je vérifie une dernière fois le nombre de like qu'à obtenu mon dernier post instagram: 689, basique pour le genre de fille que je suis, ni trop ni trop peu, juste assez pour qu'on comprenne que je suis quelqu'un dans mon lycée, mais pas non plus la fille super connue qui a percé sur instagram.
Je cherche pas à être appréciée de tout le monde ou à ce que tous les garçons veuillent me gérer, j'aime juste ma vie comme elle est, rien ne va de travers, et j'adore ça.

Je me lève finalement et file à la douche, recouvrant mon coeur d'un gel douche à l'odeur de bonbon à la fraise, cliché. Je sèche coiffe rapidement mon carré long rendu blond par le balayage fait un mois auparavant, prends 10min pour faire un maquillage potable puis remplace mon peignoir par une tenue qui suit les tendances actuelles(média), logique.
je regarde l'heure: 7h35, merde, mon bus est à 47. Encore une fois, je n'aurais pas le temps de remplir mon ventre avec autre chose qu'un verre de jus d'orange. J'enfile mes stan smith, m'empare vite de mon sac, me munis de mes airpods et pars en vitesse, saluant rapidement ma mère.

Dans le bus, que j'ai eu de justesse, je reçois un message de Matthieu, mon petit copain parfait.

« je t'aime, passe une bonne matinée, on se voit à midi au lycée :) »

je souris devant mon écran et lui répond rapidement.
Matthieu est vraiment le copain rêvé pour moi. Physiquement il est brun aux yeux verts, fait 10 centimètres de plus que moi, est sportif, s'habille très bien, fait attention à son compte instagram, bref rien à changer.
Mentalement, il est drôle, sociable, attentionné, plutôt intelligent, ouvert d'esprit, proche de sa famille, artistique, et surtout amoureux de moi.
Ça va faire 8 mois qu'on est ensemble et tout se passe très bien, nous avons le même groupe d'amis, ce qui rend notre relation pratique car en plus d'être amoureux, nous sommes meilleurs amis.
Je l'aime très fort, vraiment, c'est mon premier petit copain et je n'aurais pu rêver mieux.

Plongée dans mes pensées, je n'entends pas le nom de l'arrêt en face de mon lycée être prononcé, et relève la tête 10 secondes trop tard, ce qui me laisse simplement le temps de voir mon lycée passer devant mes yeux.
Bordel, je ne peux pas me permettre d'être en retard, j'ai TP noté de physique.. et ma moyenne dans cette matière ne s'élève pas au dessus de 8. Je descends avec précipitation à l'arrêt suivant et jure de nouveau.
Angoissée par mon potentiel retard, je regarde mon téléphone, 7h54, et allume une cigarette. Je fume, beaucoup, je ne pourrais pas compter précisément le nombre de clopes fumées au long d'une journée de cours, mais ça peut s'élever à 10. C'est trop, mais le système scolaire français ne me permet pas de diminuer ma consommation compulsive de ce truc, le stress fait malheureusement trop partie de ma vie.

Je suis anxieuse, légèrement bipolaire, insomniaque, et d'après mon médecin, en première phase de dépression. Mais ça, personne ne le sait, ça serait inutile de s'en plaindre auprès de tout mon lycée.
Bref, la cigarette est le remède le plus efficace face aux vagues d'anxiété qui me submergent chaque jour, contrairement aux 15 pilules que je dois prendre quotidiennement.

J'inspire une dernière fois la fumée grisâtre dans les poumons puis la souffle vers le ciel clair mais terne de mars. Je regarde furtivement la façade haussmanniènne qui se dresse devant moi, mon lycée, puis rentre, avec quelques secondes de retard.
Je suis fatiguée de ma courte nuit, énervée par ma gaffe du bus ce matin, et stressée par mon TP que je vais évidemment rater. Quelle bonne journée qui commence !
Ma musique résonne fort dans ma tête, qui elle est dirigée vers le sol, que je fixe tout en marchant vers ma salle. Et, alors que je sors mon iphone pour changer le son qui passe maintenant en boucle dans mes airpods depuis 7h30, je percute quelque-chose, ou plutôt quelqu'un. Mon téléphone vole dans le couloir vide avant de finir sa chute contre le plancher dans un bruit sourd.

« Putain mais qu'est ce qui ne tourne pas rond chez les gens de ce lycée! » je murmure.

Intérieurement j'explose, mais je suis trop fatiguée pour m'énerver contre le connard où là connasse qui m'a bousculée.

« Je suis désolée, mince, je.. j'espère qu'il n'est pas cassé..? »

je ramasse rapidement mon iPhone 11 presque neuf et regarde brièvement l'écran.

« Non c'est bon. »

Bordel mais qui porterait des chaussures aussi moches? pensai-je lorsque mon regard passa sur celles ci. Je relève la tête m'apprenant à partir et réalise que j'ai en fait percuté le gars sur qui j'étais pendant 3 années de mon collège. Oh merde.

Quelle bonne grosse journée claquée.
C'était Armel, ses grands yeux marrons me regardaient attentivement, afin de déterminer mon expression. Bordel, ce qu'il avait de-glow up. Je ressentis un petit pincement au coeur. Il avait toujours ce visage lisse aux traits fins et teint bronzé, même en hiver. Malheureusement, il ne savait apparement pas que le duvet au dessus de ses lèvres devait être rasé, portait encore des bagues, et portait une tenue hideuse. Son pantalon cargo vert foncé était terriblement démodé, et à cela s'ajoutait une doudoune bleu foncé beaucoup trop longue, ainsi que son eastpack vert clair et ses chaussures en daim marron beaucoup trop grandes. C'était devenu un type qu'on jugeait d'un coup d'œil. Ceux qui ont 18 de moyenne et ne sortent jamais, ne parlent qu'à 3 personnes.
Enfin bref, un gars qui allait réussir sa vie et avait un futur brillant, mais vivait un présent claqué au sol.

Paniquée par ce que je vois, je feins de ne pas le reconnaître et me dépêche de rentrer dans ma salle. Oui, on peut dire que j'ai fuis la situation avec lâcheté, c'est vrai.

Seulement, quelque chose me tracassa par rapport à lui, je ne pouvais expliquer quoi, mais quelque chose en lui le faisait se démarquer des autres, le faisait valoir plus que ceux à qui il ressemblait. J'avais au début pensé que c'était sûrement parce que j'avais était très très en kiff sur lui pendant presque 3 ans, mais non, il y avait quelque chose d'autre, et j'y avais pensé durant les 2 heures de TP que j'avais suivies.

Prudence Où les histoires vivent. Découvrez maintenant