CIEL - woosan

CHAPITRE 1

San a toujours eu un énorme soucis dans la vie : il n'a absolument aucun tact. Mais quand je dis aucun c'est vraiment aucun. Lorsqu'il pense quelque chose, il le dit, peu importe les conséquences de ses paroles. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à critiquer son directeur devant lui de vieux monsieur chauve et gros, à insulter sa voisine de garce aux goûts douteux et surtout, le plus mémorable, à dire au maire de sa ville qu'il avait décidément besoin d'arrêter les plans culs à son vieille âge.

Puisque le père de San était un politicien, certes pas très connu mais néanmoins existant, il avait pu avoir une vie assez privilégié. Mieux encore, ses conneries étaient protégées la plupart du temps. Cela avait cependant ses inconvénients, parce que du coup il se retrouvait quand même à dire du mal de toutes les personnes qui passaient près de lui.

San n'avait pas un mauvais fond. Il était chiant certes, avec un caractère de cochon, pas de tact, un humour catastrophique et une sensibilité nulle à chier, il n'avait pas un mauvais fond. En fait, ses connaissances pourraient même dire du bien de lui si il ne passait pas son temps à leur dire d'arrêter d'être crade à longueur de journée.

Mis à part ça il était un jeune homme tout à fait charmant.

Non vraiment croyez moi.

C'est ainsi qu'il avait vécu pendant seize ans. Sans soucis et en manquant de tact. 

Affalé sur son lit, le jeune homme était en train de regarder ses messages. Il était en train de répondre à des amis sur ses réseaux sociaux, se demandant pourquoi est-ce qu'il écrivait à ses amis alors qu'il allait les revoir le lendemain. Néanmoins, il garda sa pensée pour lui et continua de répondre inlassablement aux textos de ses proches.

Son père ouvrit alors la porte de sa chambre. 

Il était toujours aussi beau que lorsqu'il était plus jeune, bien que maintenant un air étrangement sérieux avait apparu sur son admirable visage de quarantenaire. D'ailleurs il allait bien avoir la cinquantaine mais tout le monde dans la maison faisait comme si ils ne savaient pas, sachant que le sujet était très tabou pour l'homme politique.

- Tu viens manger ? ordonna-t-il sans grande autorité mais avec un ton dur et ferme.

- J'ai pas très faim papa, soupira San.

Le père leva les yeux au ciel sans bouger.

Ça voulait dire " Tu te lèves toi-même de ce lit sinon ne t'inquiète pas je vais m'occuper de ton cas sale gosse ".

- Mais papa, elle cuisine super mal, se plaignit l'adolescent avec un désespoir surjoué.

Il devrait vraiment faire des études de théâtre.

- Sois gentil avec ta mère, répondit son père avec un ton plus doux. Elle n'y peut rien si elle n'est pas douée en cuisine. 

- Ne parle pas d'elle comme si elle était ma mère alors que je ne la connais que depuis quelques mois, n'abusons pas trop.

Là, l'homme lui lança un regard noir et tourna les talons, sans oublier de lui dire que si il ne venait pas manger il serait privé de sortie. C'est donc avec une mauvaise foi très peu discrète qu'il se leva et marcha jusqu'à la cuisine en trainant des pieds.

Depuis que son père s'était remarié pour la deuxième fois, parce que oui son père était un accro aux divorces et autres broutilles de ce genre, San cherchait les meilleurs moyens pour ruiner le couple des deux personnes. Non pas que cette femme - Yeonhwa, un vrai amour - était méchante avec lui, loin de là. Juste elle n'était pas honnête dans ses attentions et cela se voyait qu'elle était là juste pour le fric.