Chapitre 1

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35° à l'ombre. Je m'éventais comme je pouvais avec une revue, une bouteille d'eau à portée de main, allongée dans le transat sous le plus gros chêne du jardin. Rien à faire, je dégoulinais toujours autant de sueur et ma peau ne faisait plus qu'une avec le tissu de ma robe, collée à la chaise. Je tournai la tête vers la droite et aperçus la piscine au loin, dont les reflets bleutés de l'eau m'appelaient irrésistiblement depuis une heure. Personne dans les environs, mon oncle et ma tante ne devant pas revenir avant un bout de temps, je décidai d'aller me rafraîchir, même sans maillot de bain. Je laissai tomber ma robe et m'immergeai avec délectation. L'eau était certes à 25°, mais comparée à la chaleur suffocante de l'atmosphère, elle m'apparut d'une bienheureuse fraîcheur. Je me rappelai que mon oncle, James, l'avait remplie dans la semaine, en prévision de la fête organisée de ce soir. Je fis quelques brasses, goûtant à chaque fois le bonheur procuré par l'eau sur ma peau. Je restai une vingtaine de minutes à me prélasser et sortis de la piscine. Le soleil dardait ses rayons sur mon corps nu, le séchant petit à petit des myriades de gouttes qui le parsemaient. Je m'allongeai sur l'herbe, laissant l'air chaud continuer son œuvre.

On n'entendait pas un bruit si ce n'était le bruissement de l'herbe et des feuilles, quelques cris d'oiseaux et le clapotis de l'eau. Une sensation agréable et familière m'envahit : l'excitation, qui fit se dresser la pointe de mes seins et troubla mon bas-ventre. Je jetai un œil alentours, toujours personne en vue. Respirant un peu plus fort, je glissai ma main sur mon entrejambe et caressai doucement mon pubis, que je n'épilais jamais, préférant la douceur et l'érotisme des poils, puis descendis vers ma vulve. J'écartais délicatement les petites lèvres et, l'excitation ayant fait son œuvre, me découvris toute humide. Avec deux doigts, je me massai l'intimité, mouillée jusqu'au clitoris. J'entrepris alors de faire monter le plaisir, d'abord doucement, puis me pressant les tétons de mon autre main, j'augmentais le rythme de mes caresses, m'arrachant au passage des petits cris de jouissance. L'orgasme me laissa haletante. Une ombre entra dans mon champ de vision. Je me relevai subitement et me glaçai. Un homme me fixait intensément, un léger sourire sur ses lèvres.

« Bonjour, mademoiselle. Vous devez être Gaëlle, je suppose ? »

J'étais entièrement nue, et je venais de me masturber devant un inconnu. L'idée me confondit. Je laissai passer un blanc, gênée, et relevai la tête, plantant un regard que je voulus assuré dans les yeux de l'étranger.

« Oui c'est bien moi, répondis-je. Je ne m'attendais pas à de la visite.

– Je suis plutôt en avance, James m'a convié à venir prendre un verre avant la soirée. Je ne m'attendais pas à vous découvrir dans le jardin... »

En parlant, il laissait courir ses yeux d'un bleu perçant sur mes courbes, et chaque parcelle de mon corps visée par ses prunelles frémissait.

« Si vous me le permettez je vais me rhabiller, et je pourrai vous accueillir convenablement.

– Je n'aurais pu rêver accueil plus chaleureux, » murmura-t-il en souriant.

Je sentis mes joues rougir soudainement à ses paroles. Je ramassai ma robe près de la piscine, l'enfilai prestement et invitai l'ami de mon oncle à me suivre en bredouillant. On traversa le jardin en silence. Son visage se tournait régulièrement vers moi, alors que je faisais tout mon possible pour rester digne et ne pas le dévorer du regard. C'était un très bel homme d'une quarantaine d'années, assez grand et aux traits anguleux burinés par le soleil, témoins d'une vie passée sur un bateau, avec une tignasse de boucles brunes presque sans aucun cheveu blanc. Il était habillé simplement, d'un polo bleu clair et d'un pantalon camel, qui mettait en valeur ses longues jambes que je devinais musclées. On arrivait sur la terrasse, que dominait une pergola sur laquelle s'ébattait une lourde glycine, quand l'homme me frôla la main avec la sienne. Ce geste me surprit et je m'étonnai de lui répondre en pressant sa main. Ce contact nous électrisa. Il s'arrêta subitement et m'enlaça. Mon nez dans son cou, je respirai son odeur poivrée, m'enivrai des sensations procurées par ses bras autour de ma taille. Lorsqu'il joignit ses lèvres aux miennes, tout mon corps répondit à ce baiser en se tendant contre le sien. Sa langue douce et chaude m'emplissait de désir, et pour la deuxième fois de la journée, la chaleur que je ressentais ne venait pas du soleil. Sa main libre s'aventura sous ma robe, frôla mes cuisses – ce qui me fit tressaillir – et s'arrêta juste sous mes fesses. Je me rendis compte que je ne portais pas de culotte, et étouffai un gémissement quand ses doigts me caressèrent le sexe. Puis il arrêta son exploration et s'écarta de moi d'un coup. Interloquée, je ne réagis pas quand je vis mon oncle et ma tante au loin qui venaient vers nous. Ils devaient tout juste sortir de la maison car leur expression ne semblait pas montrer qu'ils nous avaient vus.

« Ben ! s'écria mon oncle, une fois face à nous. Ça fait plaisir de te voir ! »

Tous deux se firent une poignée de main chaleureuse, tandis que ma tante esquissait un sourire figé. Je compris alors qu'elle n'appréciait pas notre invité.

« Je suis venu un peu en avance, ça m'a laissé le temps de faire connaissance avec ta nièce.

– Parfait, répondit James. Gaëlle, veux-tu bien nous apporter des verres ainsi que le Porto, qui est au frais ? »

J'acquiesçai et les laissai s'installer sous la pergola, soulagée d'avoir échappé à une scène qui aurait été, sans aucun doute, la plus gênante de ma vie si on nous avait surpris, moi et Ben, en train de nous embrasser. Outre le fait d'avoir fait connaissance de cet homme lors d'une session masturbatoire... Rien que d'y penser mon sang pulsa plus sourdement à mes oreilles. Je ne tiendrai pas jusqu'au coucher sans me toucher s'il ne venait plus à me caresser de la soirée.

Un délicieux étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant