Chapitre 2

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Je descendis les escaliers avec un peu d'appréhension. Les soirées de mon oncle et de ma tante étaient toujours réussies, sans doute parce qu'ils ne comptaient pas lorsqu'il s'agissait d'amuser et d'accueillir leurs invités, et à la qualité desdits invités. Hommes et femmes du beau monde, politiciens, chefs d'entreprise, mannequins, professeurs d'universités, médecins, toute la fine fleur de la région était conviée. Je ne me sentais toujours intimidée par toutes ces personnes, et je finissais souvent par écouter distraitement les conversations, souriant poliment, ou discutant avec le chat, une coupe de champagne à la main dans un coin de la maison. Cette fois-ci j'avais quelqu'un à éblouir, et j'avais enfilé, par-dessus un ensemble de lingerie provocant, mon unique tenue à même de faire sensation et qui ne me tiendrait pas trop chaud. Je savais qu'une robe rouge avec un décolleté plongeant et cintrée à la taille, mettant en valeur ma petite poitrine et ma chute de reins, faisait toujours son effet auprès de la gente masculine, et je pus le vérifier en allant me servir un verre au bar, installé quelques mètres à côté de la piscine.

Je fendis la foule, reconnus quelques têtes auxquelles j'adressai un sourire, et m'accoudai enfin au comptoir. Je commandai un Sex on the beach, et observai le monde. James et Félicité étaient en pleine discussion avec un couple d'un certain âge, et, me repérant, me firent signe de les rejoindre. Je soupirai, je n'avais toujours pas repéré Ben. Je m'approchai de mon oncle et de ma tante et saluai le couple d'invités.

« Gaëlle, voici M. et Mme de Monservet, présenta James. Ils habitent le petit château en haut de la colline, tu sais, là où on passe souvent pour aller à la gare.

– C'est un plaisir de vous rencontrer, mademoiselle, salua M. de Monservet avec une inclinaison de tête.

– C'est un plaisir pour moi, » répondis-je avec curiosité.

Ils m'expliquèrent être les derniers descendants d'une famille aristocratique de la région et avoir du mal à garder la demeure ancestrale en état. James, qui était promoteur immobilier, se proposait de leur acheter le château, de le rénover et d'en faire une résidence de loisirs pour l'élite. En effet, la bâtisse était enfouie dans un bois dense, encerclé de hauts murs de pierres. Parfaite pour en faire un lieu d'exception et de plaisirs. Les propriétaires semblaient acquiescer à la proposition de mon oncle, comme soulagés de ne plus avoir à s'occuper de tout cet héritage lourd à porter.

« Ça ne vous ennuierait pas d'abandonner un tel patrimoine ? demandai-je.

– On a beaucoup réfléchi, vous savez, répondit Mme de Monservet. Évidemment, cela vous fait de la peine, mais on ne peut plus s'en occuper, nous sommes trop âgés, désargentés, et ce qui reste de la famille est tellement dispersé aux quatre coins de la France que personne ne se soucie d'un petit château coincé au fin fond des bois. Il nous paraît plus sage de laisser quelqu'un d'autre prendre soin de la maison, et votre oncle nous paraît être l'homme providentiel. »

Je hochai la tête et laissai la conversation dériver. C'était du James tout craché : profiter de l'organisation d'une fête pour inviter non pas que des connaissances à se divertir, mais aussi de potentiels clients !

Le cocktail avait fait son œuvre et je me sentais doucement aller au rythme lancinant de la musique. On me tapota soudainement l'épaule et je me retournai en sursautant : je me retrouvai face à Ben, dont les yeux pétillaient.

« Je vous ai finalement retrouvée ! s'exclama-t-il.

– Ce n'est pas trop tôt, fis-je, feignant l'indignation.

– Je vous offre un verre ? »

Il m'entraîna vers le bar, et je commandai un deuxième Sex on the beach. Alors que je pensais pouvoir enfin me l'accaparer pleinement, une jeune femme d'une trentaine d'années s'approcha avec un air de chatte. Je me méfiais aussitôt.

Un délicieux étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant